Retranchement de Guise

Ce quartier situé hors de la porte Moselle (près de l'église Sainte Ségolène) était autrefois un grand terrain situé au bord de la Seille, en partie marécageux et en partie jardin.

Quartier hors des murs peuplé de vignerons et de manœuvres, le grand mesoyage était composé de maisons groupées autour de la paroisse Saint Hilaire le grand, du couvent des frères Baudes et celui des religieuses de Sainte Colette.

Deux rues jointes par des ruelles formaient les axes de la circulation. L'une des deux rues était la continuation de la rue des Carmes (rue Marchant) qui aboutissait au pont Regmont pour passer la Seille.

La voie romaine conduisant à Trèves sortait de Metz par la porte Moselle, traversait ce quartier, en sortait par la porte Sainte Barbe et passait par le pont Rémond (différentes orthographes) sur la Seille.

Ce quartier étant hors de la première enceinte de la ville, vers 1225 avait été construite une deuxième enceinte avec des murs de trois mètres d'épaisseur garnie de tours, qui allait jusqu'à la Seille.

Cette enceinte comprenait les tours des différentes corporations de métiers. A partir des grilles du Rhimport, se succédaient les tours des tisserands, des chanviers et meuniers, des wercoliers (bourreliers) et cordiers, des couteliers et huiliers, la tour du diable au confluent de la Seille, des maréchaux, des chaudronniers, des potiers de cuivre, des massons, des tailleurs, des bourciers et corroyeurs, des tourneurs, la haute tour des esprits.

Porte Sainte Barbe et Pont Regmont

La porte Sainte Barbe se nommait anciennement porte du pont Regmont. Sur la façade de la porte se trouvait une inscription datant du XIVème siècle.

La rue des Carmes se prolongeait jusqu'à la porte flanquée de deux tours et continuait jusqu'au pont Remond.

Dans un acte de 1391 une maison était dite devant Saint Hilaire, au pont Remond dit Sainte Barbe, proche mais hors des portes de la cité.

Cette porte conduisait au calvaire établi en 1498 en haut de la côte de Désiremont. Par cette porte passaient de nombreux pèlerins se rendant au pèlerinage de Sainte Barbe.

Après la construction du retranchement de Guise une nouvelle porte militaire Sainte Barbe était située plus proche de la ville. L'ancienne porte avait été démolie en 1559.

Ce faubourg appelé en Ayest avec ses jardins s'était peuplé peu à peu. S'y trouvaient le couvent des Cordeliers et celui des sœurs Colette. L'église Saint Hilaire le Grand (Saint Hilaire le Petit se situait près du jardin Boufflers derrière le palais de justice) avait occupé un emplacement près du pont Regmont.

La rue en Aiest

Probablement une des plus anciennes rues de la ville longeant ce faubourg, orientée vers l'est d'où son nom. Elle semblait avoir commencé au haut de la rue Taison pour aboutir au grand Meize. Cette rue semble avoir été une voie de communication importante vu le nombre d'actes concernant les ventes de maisons. Au XIVème siècle une dizaine d'actes de transmission de maisons, autant au XVème siècle, seulement cinq actes au XVIème siècle, la rue n'étant plus citée après 1546. Les différents métiers cités dans ces actes étaient ceux de deux tonneliers, deux vignerons, un couvreur, un boucher, un boulanger et un docteur en médecine. Vers 1480 on vendait du vin à 10 deniers à l'hôtel de Jean Hondebrant situé en Ayest.

Église Saint Hilaire le Grand

Déjà en 1210 une maison située en ayest dépendait de la chapelle de Saint Hilaire le Grand.

Cette église avec son cimetière, au XIVème siècle se trouvait à l'intérieur des murs, près du pont Regmont entre les tours des maçons et des chaudronniers.

Le duc de guise en 1552 avait fait démolir l'église, dont le souvenir se retrouvait dans un acte de 1560 où une pièce de terre labourable était dite située derrière l'église Saint Hilaire qui avait été abattue.

Couvent des Carmes

Les grands Carmes arrivés à Metz au milieu du XIIIème siècle, après avoir habité rue Saulnerie, s'étaient installés dans un terrain de la rue d'Ayest.

Vers 1540 leur couvent situé derrière l'étuve des hommes dans la ruelle dite des Carmes, proche de leur église, après un incendie en 1547 avait été en partie démoli pour la construction du retranchement de Guise.

Un nouveau monastère avait été reconstruit à l'arrière de l'église qui avait été conservée, dans la rue des Grands Carmes.

Couvent des Cordeliers

Les Cordeliers Observantiers connus sous le nom de frères Baudes étaient arrivés à Metz en 1418. Installés dans le grand Meis, au bas de la rue en Ayest, ils prêchaient dans les églises et sur les places.

Vers le milieu du XVème siècle leur église avait été construite proche du pont Regmont sous le nom de Saint François de l'Observance. Les Carmes avaient été contre l'installation de ces religieux près de leur couvent.

Vers 1500 une maison avec jardin située au grand Meize derrière le mur du côté de la ruelle leur avait été léguée.

La maison conventuelle et l'église des frères Cordeliers de l'Observance avaient été détruites en 1552 lors de la construction du retranchement de Guise.

Les frères Baudes avaient été relogés à la commanderie Saint Antoine sur le quai Saint Pierre, jusqu'à leur conspiration qui les avait fait expulser.

Couvent des sœurs Colette

A proximité des frères Baudes, les sœurs de l'Avé Maria ou sœurs Colette s'étaient installées vers 1482 et une église avait été bâtie.

Avec une règle de vie très sévère, ces sœurs marchaient pieds nus.

En 1552 leur bâtiment et leur église détruits, elles avaient été transférées dans la maison des Trinitaires près de l'esplanade, pour revenir s'installer dans la rue Saint Ferroy lors de la construction de la citadelle.

Le retranchement de Guise

En 1551 le duc de Guise avait transformé en camp retranché ce quartier se trouvant au bas de la côte de Saint Ferroy, pour le mettre à l'abri d'une attaque. La rue d'ayest n'ayant plus d'issue avait été supprimée, les maisons ainsi que l'église Saint Hilaire, les couvents et les hôtels qui existaient avaient été démolis.

A partir de 1552 le terrain du grand Meis était devenu terrain militaire.

Les défenses de la ville étant en mauvais état avaient été rasées depuis le quartier du Rimport jusqu'à la basse Seille, pour les remplacer par une courtine avec deux bastions. Ceux-ci avaient été construits en premier. La courtine avait été commencée en 1570. En face de la rue des Carmes un pont franchissait le fossé devant un petit bâtiment comportant deux tours.

Les Protestants

En 1561 les protestants avaient été autorisés à construire un temple et un cimetière à l'emplacement de l'église Saint Hilaire, près de l'ancienne porte Sainte Barbe, au retranchement de Guise.

En 1569 la fermeture de ce temple avait été ordonné. En 1574 le temple qui ressemblait à une grange avec un toit à deux pans avait été loué.

Le temple avait été démoli en 1685 à la révocation de l'édit de Nantes. Le pasteur Paul Ferry avait été inhumé dans le cimetière proche.

Le corps d'artillerie

Vers 1725 avaient été construits de vastes bâtiments abritant d'importants dépôts d'armes, des hangars, des ateliers occupant de nombreux ouvriers militaires et civils.

En 1742 avaient été remis en état les anciens murs du retranchement près la porte Sainte Barbe.

Construction d'un nouveau bâtiment en 1763 comprenant une salle de mathématique, une salle de dessin et le logement du concierge pour l'école d'artillerie.

En 1770 la citadelle étant insuffisante, le retranchement avait reçu un dépôt de matériel de guerre. La porte Sainte Barbe avait été interdite au public, remplacée par un pont de bois à péage sur la Moselle en Chambiere qui avait été démoli par les glaces en 1784.

Une petite place avait été créée en 1832 devant la porte de l'arsenal en démolissant les maisons situées à l'entrée de la rue de l'arsenal, qui gênaient la circulation.

Jusqu'en 1865 l'arsenal avait possédé un célèbre canon pris par les français à Coblentz en l'an huit. Pour le transporter à Paris avait été fabriqué un chariot spécial tiré par 18 chevaux. Le canon aurait servi pour édifier la statue de l'Empereur de la place Vendôme.

En 1870 l'arsenal avait été occupé par les militaires convalescents installés sous des tentes.

Deux ans plus tard les ateliers de l'arsenal employaient 500 ouvriers civils et 250 militaires. 50.000 fusils, 8.000 pistolets et un grand nombre de sabres, de lances, etc... se trouvaient dans la grande salle d'armes.

L'évolution au XXème siècle

Début 1900 la ville avait été autorisée à acquérir et démolir le moulin de la basse Seille dans les six mois. Ce vieux moulin autrefois propriété de la cathédrale était dit moulin saint Paul. Lors de la démolition avait été trouvée la muraille de l’ancienne enceinte.

Le canal et les vannes du moulin avaient été nivelés et le terrain affecté à une promenade pour la population du quartier. La vieille tour et le mur d’enceinte avaient été conservés. Près de la tour un passage voûté avait été découvert.

Près de l'ancienne église des Carmes lors de la démolition du rempart des ossements avaient été découverts provenant probablement du monastère.

La porte de Sainte Barbe avait été démolie avec une partie du mur d'enceinte.

Deux rues se trouvent actuellement dans l'ancien retranchement de Guise, la rue des Remparts où se trouve la direction départementale de la protection des populations et la rue du général Fournier où est situé le collège Metz Arsenal.

Quelques vestiges du passé







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Michèle

J'ai découvert dans des documents d'archives ce canon transporté à Paris où il aurait été fondu pour en faire une statue. J'ai aimé le chariot fabriqué à Metz pour le transport.
Je n'ai pas suivi la suite qui n'est donc pas la statue prévue puisque le canon existe toujours
Votre version complète le devenir du canon que je n'avais pas.
Merci pour votre précision très intéressante concernant ce canon.

Michèle mercredi, 26 février 2020 - 15:41
alain FAIVRE

Bonjour,
Je remarque que vous indiquez que le célèbre canon pris par les français à Koblenz en l'an huit a été fondu pour édifier la statue de l'Empereur de la place Vendôme. J'ai une version différente:
En 1866, le Griffon est déménagé à Paris au musée d'histoire "Musée de l'Armée" à l'Hôtel des Invalides
En 1940, après la conquête de la France par le Reich allemand pendant la seconde guerre mondiale, le canon revient en Allemagne.
Les français ramènent le canon en Allemagne en 1946, puis le Président François MITTERRAND au cours de la réconciliation franco-allemande signe avec le chancelier Helmut KOHL un prêt permanent du canon à la forteresse d'Ehrenbreitstein
Le directeur français du "Musée de l'Armée" a démissionné pour protester contre cette opération
Le canon est devenu à ce jour l'un des objets exposés les plus célèbres du Musée de Coblence.
Bien cordialement
Alain FAIVRE

alain FAIVRE mardi, 25 février 2020 - 15:56

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