Maisons de tolérance à Metz

D’après un règlement du 13 janvier 1829, les femmes livrées à la prostitution étaient soumises à une surveillance sanitaire dans l’intérêt de la santé des habitants et de la garnison. Elles étaient dans l’obligation de subir deux fois par mois une visite médicale dont elles devaient rendre compte à la police. Si le certificat médical n’était pas remis à la police, elles étaient mises d’office à l’infirmerie où elles étaient vues par un médecin. En cas d’atteinte d’une maladie vénérienne ou contagieuse, elles recevaient un traitement exigé par leur état de santé. Il était prévu d’organiser à l’infirmerie des ateliers de travail pour les femmes qui y séjournaient. Toute personne logeant des prostituées, était responsable des visites médicales régulières de ces femmes et devait s’en justifier par la présentation de leur carte. La police était chargée de l’exécution du présent arrêté, d’en constater les contraventions et d’en assurer la répression.

En 1917 suite aux plaintes du consistoire israélite, ainsi que les démarches faites par les ministres des trois cultes catholique, protestant, israélite, toutes les maisons de la rue de l’Arsenal avaient été fermées. Cependant celles du quai de l’Arsenal étaient restées ouvertes. Avant la guerre de 1914/18 la plupart des maisons de tolérance du quai de l’Arsenal appartenaient à des membres de la communauté israélite. En 1922 seuls deux tenanciers de maisons de tolérance étaient membres de la communauté israélite.

Huit maisons situées au Quai de l’arsenal, au n° 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25/27, 37/39, appartenant à des propriétaires de diverses origines ethniques, le maire n’avait en 1919 aucune objection contre la mise sous séquestre des maisons appartenant à des sujets allemands.

Le 3 octobre 1922 le consistoire israélite posait une réclamation contre l’ouverture d’une nouvelle maison, dont le propriétaire était membre de la communauté israélite, au n° 10 du quai de l’arsenal. En fait c’était le propriétaire de la maison de tolérance n° 7 qui avait loué l’immeuble n ° 10 contiguë à sa maison. Il avait simplement fait communiquer intérieurement les 2 immeubles pour en faire une seule maison. Cette façon de faire constituant une légère infraction aux règlements, il lui avait été notifié le 24 octobre 1922, l’obligation de supprimer l’expansion du n° 10.

Aucune nouvelle ouverture de maison de tolérance n’avait été autorisée depuis le départ des allemands. Le nombre de ces maisons avait diminué, de 13 avant la guerre à 10 après, et le personnel avait diminué de 50%.

Le 29 novembre 1928 demande d’ouverture d’une nouvelle maison de tolérance au n° 30 de la rue de l’Arsenal, ayant déjà été une ancienne maison de tolérance, cependant pas la plus ancienne de la ville. Elle était restée fermée jusqu’à septembre 1919. A cette date la réouverture de la maison avait été demandée et la tolérance promise sous réserve que la maison soit complètement réinstallée et appropriée. Un rapport du médecin d’arrondissement mentionnait que l’immeuble très vieux et mal construit en manque d’air et de lumière, était insalubre et son utilisation ne pouvait être autorisée qu’après travaux. Le 29 septembre 1919 après les travaux, la tolérance avait été accordée et la maison n° 30 exploitée jusqu’au 20 juin 1928. Il était inexact que la maison n° 30 ait été spécialement aménagée pour y recevoir des troupes indigènes qui s’y donnaient rendez-vous, car les militaires indigènes étaient reçus dans chacune des autres maisons closes. A cette date une demande de transfert du n° 30 de la rue de l’Arsenal au n° 23 du quai de l’Arsenal avait été accordée par le préfet. Cependant la tolérance du n° 30 avait été accordée au locataire et non au propriétaire de la maison, donc un malentendu dans cet accord. Le commandant de police, chef de la sûreté, avait alors donné un avis formel à la fermeture du n° 30 de la rue de l’Arsenal, aucune nécessité de réouverture n’étant nécessaire.

Les fêtes sportives des 19 et 20 mai 1929 allaient attirer à Metz de nombreux gymnastes. A l’occasion des fêtes de la Pentecôte il était interdit aux maisons de tolérance, sous peine de fermeture immédiate, de recevoir tout individu revêtu d’un uniforme de gymnaste, de musicien, ou de toute autre société venue à Metz pour les fêtes. Pendant ces jours de fêtes une surveillance particulière serait exercée et toute infraction constatée serait suivie immédiatement de sanctions administratives. Le 17 mai 1929 il était rappelé aux tenanciers de maison de tolérance de Metz qu’ils devaient se conformer strictement au règlement en vigueur les concernant. Les 19 et 20 mai les établissements ci-dessous visés devraient fermer à l’heure réglementaire c'est-à-dire 1 heure du matin. Maisons de tolérance aux n° 7, n° 11, n° 13, n° 21, n° 23, n° 25/27, n° 29, n° 37.

Le conseil municipal par délibération du 30 mai 1930 avait demandé la fermeture des maisons de tolérance de Metz. Un programme d’assainissement de la ville prévoyait la démolition des immeubles où étaient installés les maisons de tolérance. Sur instructions du ministre de la santé publique en date du 1er août 1936, toutes les autorisations précédemment accordées pour l’exploitation des maisons de tolérance sur le territoire de la ville de Metz étaient annulées. Celles-ci exploitées au quai du Rimport autrefois quai de l’Arsenal, seraient définitivement fermées à l’expiration d’un délai de 15 jours suivant la notification présent arrêté.

Un arrêté préfectoral du 1er juin 1934 ordonnant la fermeture des maisons de tolérance à Metz, depuis cette époque la prostitution n’y était plus réglementée.

Aussitôt après sa démobilisation, l’autorisation d’ouverture du tenancier de la maison de tolérance du n° 25/27 quai de l’Arsenal à Metz, lui avait été retirée par arrêté préfectoral du 23 août 1936. Prévoyant la suppression des maisons 25/27quai de l’Arsenal par expropriation, l’autorisation d’acquisition de certains immeubles lui avait été donnée. L’emplacement avait été agréé en vue de la réinstallation des maisons dans le quartier Chèvremont. Ces immeubles avaient été achetés et payés intégralement, c’est alors que la suspension provisoire de l’autorisation avait été transformée en une décision de suppression définitive. N’étant plus d’aucune utilité, les immeubles achetés avaient été revendus avec une perte de 50 %. Sur sept tenanciers de maisons de tolérance, trois avaient déjà fait l’achat de ces nouveaux immeubles. Une nouvelle demande avait été faite au préfet pour lui proposer un nouvel emplacement situé en dehors de la ville, qui ne gênerait personne, pour l’installation d’une nouvelle maison de tolérance présentant toutes les garanties nécessaires et qui n’avait semble-t’il pas aboutie.

Finalement les projets envisagés avaient été abandonnés. -Rue aux Arènes - Rue des Thermes - Rue Chèvrement /Rue Boucherie Saint Georges - Ile Chambière - Fort Moselle

En janvier 1940 par la présence à Metz et dans les environs d’importantes formations militaires, le péril vénérien était grand, tant pour les soldats que pour la population civile. Ce péril ne saurait être écarté que par l’ouverture de nouvelles maisons de tolérance dont le fonctionnement ne serait autorisé que pendant la durée de la guerre. La création de nouvelles maisons de tolérance dans cette ville était devenue nécessaire, le conseil chargé des affaires d’Alsace et de Lorraine ayant donné son assentiment à la création de ces maisons. Les tolérances ne pouvaient être accordées, qu’après enquête effectuée par les services de l’inspection générale des services de police criminelle. Les ministres de l’intérieur et de la santé publique consultés ne s’opposaient pas à l’ouverture de ces maisons.

Le Syndicat des cafetiers hôteliers et restaurateurs de Metz et environs situé au 14 rue Pasteur était intervenu pour signaler que l’opinion générale de la corporation toute entière y était favorable. Au moment de la suppression des maisons de tolérance, leur intervention allait dans le même sens, afin d’éviter que leurs établissements ne servent de refuge et de lieu de racolage. C’est donc avec satisfaction, pour la bonne tenue de leurs établissements, qu’ils verraient la réouverture de ces maisons.

Le général d’armée, Commandant la 3ème armée, en février 1940 donnait un avis favorable par rapport aux avantages que l’armée pourrait en retirer au point de vue de la santé et de la discipline. Cet accord de principe posé, il désirerait que le régime de ces établissements soit défini en ce qui concernait les précautions sanitaires à observer et les conditions d’admission des militaires.

Concernant la réouverture des maisons de tolérance durant la durée des hostilités, le 9 mars 1940, le maire de Metz en accord avec son conseil municipal, n’avait pas d’opposition systématique au projet, tout en redoutant que cette réouverture ne fasse affluer dans la ville, certains éléments indésirables dont elle avait été heureusement purgée. La prostitution clandestine restant la plus importante et la plus dangereuse, le péril vénérien ne serait malheureusement pas conjuré par cette mesure. Mesure qui pourrait avoir un péril plus grand encore pour la jeunesse masculine civile de Metz et des environs. Tout à fait opposé à l’ouverture de ces maisons, si elles n’étaient pas réservées uniquement aux militaires.


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