La guillotine à Metz pendant la révolution

La guillotine avait été adoptée le 20 mars 1792.

Elle avait été employée pour la première fois à Paris, le 25 avril 1792 pour l’exécution de Pelletier. Le sieur Schmitt était chargé de fournir à tous les départements une guillotine au prix de 329 livres, y compris les accessoires.

La guillotine installée sur la place de la Comédie pendant l’année 1793, y était restée en permanence pendant 18 mois. Elle avait été retirée de la place de la comédie en janvier 1795.

Le bourreau était le sieur Barré, laboureur. A la demande de celui-ci la guillotine avait dû subir des transformations qui avaient coûtées une certaine somme.

Le tribunal criminel départemental créé par décret du 10 mars 1793, était composé de 5 juges et 12 jurés. Il se prononçait pour la peine de mort.

Le 6 avril 1793 par ordonnance, le tribunal criminel avait été transféré au chef lieu de chaque district pour juger les prévenus et faire exécuter la sentence dans les 24 heures, sans pourvoi possible.

Le tribunal criminel de Paris pouvait être chargé du jugement de tous les conspirateurs de province par le comité de salut public.

Le tribunal criminel de Metz avait commencé à fonctionner le 14 mai 1792.

Discours contre le terrorisme au théâtre de Metz, le 23 janvier 1795

Le 23 janvier 1795 les autorités et les citoyens réunis au théâtre, pour un discours prononcé contre le terrorisme, qui venait d’être frappé dans la personne de Robespierre. Ce discours disait que la commune de Metz n’offrait pas les scènes sanglantes dont plusieurs grandes villes avaient été le théâtre. Cependant l’instrument de la mort, la guillotine était restée longtemps en permanence sur une de nos places. Cet affreux spectacle était plus horrible que la certitude d’une mort assurée et prochaine. Sortis de ce temps de calamités, c’était une occasion de faire l’application des nouveaux principes.

La guillotine avait été retirée de la place de la Comédie.


Liste incomplète des condamnés

Pour la plupart, condamnés le matin, par le tribunal criminel de la Moselle, ils étaient exécutés le même jour dans l’après-midi.


Lieu des exécutions

Metz sans indication de lieu 42 exécutions
Place de l’égalité à Metz 11 exécutions lieu indiqué
Rempart Chambière 9 exécutions
Rempart Serpenoise fossé de la citadelle 2 fusillés
Longwy 3 exécutions
Thionville 2 exécutions
Sarrelibre 2 exécutions
Gorze 2 exécutions
Briey 1 exécution
Place du midi ? 1798 curé de Bettelainville

Exécutions pour les raisons suivantes

33 Emigrés / rentrés
15 Complots, tentative de rétablissement de la royauté
12 Emissions de faux assignats
8 Rassemblements et provocations
2 pour port de la cocarde blanche
1 favorisé les ennemis
1 porté les armes contre son pays
1 avoir abattu l’arbre de la liberté
1 Collignon imprimeur à Metz

Parmi ces condamnés, 8 femmes dont :

3 femmes ex nobles,
2 femmes pour faux assignats,
2 femmes domestiques d’émigrés,
1 femme émigrée n’ayant pas réclamé sa reddition dans les délais, condamnées par le tribunal de la Moselle.

- L’une de ces femmes, la veuve Commes née Marguerite Verling de Volmerange, condamnée le 16 floréal an II, pour avoir été à Luxembourg vers le 4 pluviôse près de son fils, déserteur des drapeaux de la liberté. Elle avait introduit en rentrant en France 3 faux assignats dont deux furent trouvés sur elle et l’autre mis en circulation. Par le fait coupable d’être en outre sortie de la république contrairement à la loi et d’avoir exporté du numéraire. Exécutée sur la place de l’égalité à Metz le 17 floréal an II.

Parmi ces femmes, 6 d’entre elles ont été condamnés et exécutées le même jour dans l’après midi. Précisions pour 2 de ces femmes le lieu de l’exécution était indiqué place de l’égalité à Metz, les 2 autres ont été exécutées le lendemain dont l’une fut exécutée à Thionville.

Condamnations des hommes

4 ex nobles

Pierre Brossat Bazinvol, Laurent Louis Philippe de Custine, Jean Baptiste Dampont marquis de Schwerdorf, Daniel Frédéric Zeller de Bitche.

+ 1 liste

Liste Jeanne Thérèse de Haussonville veuve du marquis Charles Antoine de Lemoncourt, de Bouquenom, Jean Baptiste Knobb de Rodemack serrurier, Friedrich de Zeller de Bitche, ex capitaine, Veuve de Marolte de Montigny née Wilhelmine de Zeller de Bitche, ex noble, Jean Daniel Frédéric Zeller de Bitche, ex noble,capitaine, tous émigrés rentrés, tribunal de la Moselle 3 fructidor an II, exécutés le même jour à 6h du soir sur la place de l’égalité à Metz.

- Dont Pierre Brossat Bazinvol, originaire de la Meuse, condamné par le tribunal de l’armée révolutionnaire à Bitche, pour avoir abattu l’arbre de la liberté au lieu d’Ocher, commune d’Autreville, vomi des injures grossières contre la révolution, avoir souvent quitté son domicile pour aller manger avec les chefs des ennemis et entretenu des correspondances avec eux. Comme la guillotine n’était pas arrivée, il sera fusillé dans les 24 heures.

- Dont Laurent Louis Philippe François de Custine, fils né à Paris, y demeurant rue de Lille, 25 ans ½, ci devant capitaine au régiment de cavalerie de la Reine, puis chargé par le ministre de Lessart d’affaires de France à Berlin, ensuite nommé par Dumouriez ministre plénipotentiaire du tyran à Berlin. Depuis son retour en France nommé par le ministre Duportail aide de camp du général Luckner à l’armée du Rhin, d’où il a passé au grade d’adjudant général de la même armée, auquel il a été nommé aussi ministre. Convaincu d’être l’un des auteurs ou complices des manœuvres et intelligences avec les ennemis intérieurs et extérieurs de l’état, tendant à favoriser par tous les moyens possibles leur entrée et les progrès de leurs armes sur le territoire français, et de conspiration contre l’unité et l’indivisibilité de la république. (Relations coupables avec la cour de Berlin, complicité dans les trames de son père). 14 nivôse an II tribunal révolutionnaire de Paris.

9 Prêtres

Pierre Gilbert des Vosges, professeur de philosophie à Toul, François Fauconnet de Saint Mihiel, Jean François Claude Legivre de Thionville desservant de la chapelle Saint Pierre aux Images de Metz, François Fanard né à Pont à Mousson ex administrateur des cures de Marspich et Tressange, Jean Raymond Lauvray de Verny prêtre de Trèves, Jean Antoine Knepfler ex curé de Rothe, Antoine Nicolas de Vatimont ex curé de Saint Baudier (La Maxe), Jean Maucolin de Rettel ex curé de Bettelainville, Jean Nicolas Fendt né à Entrange en 1742, prêtre chantre à Thionville.

- Dont François Fanard né à Pont à Mousson, ex religieux cordelier à Briey, ex administrateur des cures de Maspich, Tressange, contre révolutionnaire, pour avoir en 1791 provoqué la représentation nationale en disant que l’assemblée nationale n’était composée que de gueux, de scélérats et de voleurs. Avoir traité l’évêque de la Moselle d’intrus, monstre et chien, pour avoir à l’époque de ventôse pratiqué dans la commune de Norroy le Sec, des manœuvres tendant à y allumer la guerre civile, en provoquant plusieurs habitants de cette commune à la désobéissance, à l’arrêté du représentant Faure, et en leur offrant en cas de retraite du curé alors en exercice, de leur dire des messes et de célébrer les actes religieux proscrits par cet arrêté. Avoir dit qu’il se foutait de la convention. Condamnation par le tribunal de la Moselle séant à Briey le 19 floréal an II, exécuté dans les 24 h sur la place de la Loi à Briey.

20 Militaires, gendarmes

- Dont Pierre Laissement, menuisier de profession, natif de Saint germain en Laye, lieutenant de grenadiers au 1er bataillon de la république, jugement du 22 nivôse an II, tribunal criminel de la Moselle séant à Sarrelibre. Pour avoir dans un cabaret de Nehling où il s’était enivré, chanté devant ses camarades la chanson : adieux à tous les français avec le refrain « vive le Roy, au feu la république » avec d’autres propos insultants aux défenseurs de la république. Condamné le 22 nivôse exécuté à Sarrelibre.

- Dont François Louis Balthazar de Hayange,officier, trouvé porteur d’un portrait de Louis XVI et d’une lettre de lui à la convention s’exprimant avec douleur sur la mort du dernier de nos tyrans, et de son amour pour lui, voulant devenir le martyr de son amour pour son malheureux roi.

Diverses condamnations avec indications des faits reprochés

- Nicolas Weber pour avoir à la tête d’un rassemblement contre révolutionnaire, chanté pendant le carême 1792, des chansons inciviques et proféré des injures atroces contre la nation. Qui dans un cabaret d’Oeutrange, amena un jeune homme Jean Schneider à abjurer la cause de la liberté sur une image aristocratique, puis avoir continué après avoir baisé cette image. Avoir lors de l’invasion de l’ennemi été à leur campement, leur avoir fourni des vivres et servi les émigrés, n’avoir cessé depuis la retraite de l’ennemi, d’intimider les bons citoyens en leur annonçant le retour avec des forces propres à détruire la révolution. Exécuté sur la place à Thionville le 19 septembre 93 à 4h52 du soir.

- Jean Baptiste Collignon, imprimeur à Metz, 61 ans, renvoyé par le tribunal criminel de la Moselle, le 16 pluviose an II, devant le tribunal révolutionnaire de Paris. Jugé par celui-ci le 9 germinal an II, pour avoir imprimé des ouvrages contre révolutionnaire qui respiraient l’aristocratie la plus dégoûtante et avoir envoyé de l’argent au dehors.

- Michel et Nicolas Louis de Faulquemont, jugement du 17 germinal an II, provocateur d’une émeute contre révolutionnaire.

1) Michel Louis, pour avoir déclaré avant l’attroupement, qu’il se foutait de la nation, que s’il était obligé de servir il servirait plutôt chez les Autrichiens, et pour avoir tiré son couteau afin d’en éventrer le citoyen Richard, officier municipal revêtu de son écharpe. Condamné par contumace le 15 germinal an II par le tribunal criminel de la Moselle.

2) Nicolas Louis, tailleur d’habits, tous deux de Faulquemont, pour avoir le 30 août 1793 excité à Faulquemont une révolte et une émeute contre révolutionnaire à propos du recrutement. Nicolas Louis en outre, pour avoir porté avec violence un coup sur la tête dudit Richard alors dans l’exercice de ses fonctions. Condamné le 15 germinal an II. A été exécuté le même jour à 5 H.

Jean Louis, Claude Louis, et Anne Marie Weber veuve de Clément Louis, maître tisserant de Faulquemont, leur mère aussi accusée, mais n’ayant pas été les chefs et provocateurs de l’émeute resteront en prison jusqu’à ce qu’on en ait référé à la convention. Condamnés le 15 germinal an II.

- Pierre Bleu, cultivateur domicilié à Redange, condamné le16 messidor an 2, tribunal criminel de la Moselle, exécuté le même jour à 7h50, à Metz place de l’égalité. Le 19 germinal an II, étant descendu à Metz, à l’hôtel d’Angleterre, il fut dénoncé au comité de surveillance, pour avoir dit qu’il avait des chevaux à vendre, mais qu’il ne voulait que du numéraire en payement, que de plus il avait 200.000 en assignats à négocier. Une perquisition amena la découverte de faux assignats (40 de 50, 17 de 25, 8 de 10) qu’il avait jeté dans une caisse à chiffons. Auparavant il avait mis en circulation dans la ville 26 assignats de 25 et 31 de 10 également faux. On supposait qu’il avait reçu ces assignats de l’étranger avec lequel il faisait depuis la révolution un commerce considérable.

- Le 19 messidor an II le tribunal criminel de Moselle renvoie au tribunal révolutionnaire à Paris, Nicolas Noirel, 42 ans, cultivateur à Bazoncourt. Il était d’abord prévenu d’émigration, mais pour ce fait le tribunal criminel de la Moselle ne pouvait que le condamner à la déportation, vu qu’il était déjà détenu au moment de la loi du 26 novembre1792 et n’avait pu par conséquent quitter la France, comme cette loi le voulait. Mais on le renvoie au tribunal révolutionnaire parce qu’il était en outre accusé d’avoir marqué du mépris pour la convention nationale, d’avoir arboré la cocarde blanche, annoncé qu’il se réunirait aux ennemis de la république, entretenu des intelligences avec eux, fait passer des louis aux émigrés et tenu d’autres propos contre révolutionnaire. Il fut sans doute acquitté car on ne trouve pas son nom dans la liste des condamnés du tribunal révolutionnaire de Paris.

- Moise David, juif négociant d’Uckange, jugement du 18 fructidor an II tribunal criminel de la Moselle pour émission de faux assignats. Le 27 messidor le comité de surveillance de Briey ayant ordonné une perquisition chez tous les juifs pour voir s’ils n’avaient pas d’assignats faux, Moise David qui se trouvait chez le citoyen Simon, invité à se rendre à la maison commune, s’approcha du feu comme pour mettre ses jarretières et y jeta des papiers qui n’étaient autres que de faux assignats 3 de 25, 1 de 10 et 1 de5. Exécuté sur la place de l’égalité à Metz.

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