La guerre de 1870 autour de Metz - suite 4

Du 10 septembre au 20 septembre

Signé par le général Henry

13 septembre à dater du 14 septembre le taux de la ration de fourrage distribuée sera réduit ainsi : avoine 2 kg, de foin 1 kg, de son 0,5kg: soit un total de 3 kg pour les chevaux d’artillerie, les officiers et la troupe.

Le blé sera employé à la nourriture des chevaux, en le mélangeant tant que ce sera possible, soit avec le seigle, soit avec de l’avoine, ou à défaut de seigle et d’avoine, en distribuant du son en substitution du blé, à poids égal et dans la proportion maximum de 1/10e.

A partir du 15 courant, la ration journalière de pain sera réduite à 300 grammes, et par compensation celle de la viande sera portée à 400 grammes, tout en maintenant la ration de vin.

14 septembre des ballons porteurs de dépêches partiront de Metz à partir du 15 septembre au matin.

Afin de permettre l’envoi d’un plus grand nombre de lettres, elles devront être écrites sur papier mince de 0.10 cm sur 0.05. Elles seront envoyées ouvertes et sans enveloppes au quartier général de monsieur le général commandant supérieur de la place de Metz, pour être expédiées au fur et à mesure de la construction des ballons.

Signé par le général de Berckheim

15 septembre J’approuve l’ordre permanent que vous avez donné dans les batteries de la réserve, au sujet des reconnaissances à faire par les officiers d’artillerie, des travaux exécutés par l’ennemi en avant de nos lignes.

Le général Henry commande à l’instant 100 travailleurs d’infanterie qui devront se rendre immédiatement à votre batterie pour les travaux à exécuter ce matin.

19 septembre Le maréchal commandant en chef, en présence des inconvénients graves qui peuvent résulter de l’entrée de la ville de Metz en état de siège.

Des soldats isolés qui recevant dans leur camp les vivres, viande et pain, vont en trop grande quantité puiser aux ressources de la population.

Il a été décidé que nul militaire appartenant à l’armée (hommes de troupes) ne pourra pénétrer en ville isolement à partir d’aujourd’hui.

Des corvées commandées régulièrement et portant une permission authentique du général commandant la division, seront seules admises à pénétrer dans la place.

Le chef de la corvée quel que soit son grade, sera responsable de la tenue de cette corvée, son nom sera inscrit en tête de la permission accordée.

Je vous renouvelle à cette occasion la recommandation que je vous ai faite hier, pour messieurs les officiers, de n’aller en ville que le moins possible et de n’y faire, surtout en comestible, que les achats qui vous seront rigoureusement nécessaire. Je n’ai pas besoin de vous prier de vous rappeler la convenance de l’exécution des ordres que je vous donne.

Du 10 septembre au 20 septembre

Récit par le médecin militaire


11 septembre visite au fort de Queuleu, mon cheval enfonce dans la boue. Visite des batteries, on voit les avant-postes ennemis. Les canons se chargent par la culasse et ont un facile avantage, le temps de la charge étant peu de chose comparé à celui du pointage.

Pièces de 24 dans tout le fort. On ne se sert plus de boulets pleins. Les prussiens emploient les obus pénétrants et nous les obus à fusée.

Les nôtres sont préférables, ils sont tout en fonte avec des ailettes de plomb. Ils détonnent en l’air et forment un feu fauchant en éclatant.

Ceux des prussiens éclatent en terre et souvent ne font pas de mal, à moins de tomber fort près, mais ils ont l’avantage de bien indiquer la portée des tirs, parce que l’on juge l’endroit précis du sol où ils éclatent.

Nos pièces de 24 reculent de 1 mètre et quelques fois de 2, quand le sol de planches est rendu glissant par la pluie.

Le 17 août les prussiens avaient établi une batterie d’une cinquantaine de canons, qui pendant 2 heures avaient lancé sur le fort une quantité considérable d’obus.

Un gendarme me demande ma carte que je lui présente.

Au dîner incident entre Roussel et Lefort, concernant la conduite de Lefort avec ses conseils sur nos services, nous les repoussons vivement.

Le matin au niveau de la plaie de l’amputé de cuisse, j’ai fait deux ligatures.

12 septembre visite du fort de Plappeville. Martin et moi escortons la voiture de monsieur Cahen accompagné de Lagrane et Lafitte.


Vue superbe, fort inachevé mais armé. Nous y trouvons Mr et Mme de Gargan.

Vue sur le camp prussien de Malroy. On voit les prussiens construire des batteries et des tranchées dans la plaine entre Malroy et le fort.

On aperçoit très bien d’autres batteries près du bois de Chatel et une pièce contre une batterie située au dessus de Saulny.

Les avant-postes français et prussiens se touchent presque.

Les mauvaises nouvelles se précisent et prennent de la consistance. Défaite à Sedan, l’armée coupée en trois corps ?

Ces nouvelles rapportées suivant les uns, par les journaux prussiens, suivant les autres, par les journaux français. Que faut il croire ?

Parole d’un officier à Plappeville : il y a dans ce moment un conseil de guerre tenu par les chefs de corps d’armée, une grande décision sera prise probablement. Vous n’entendez plus le bruit du canon tant pis et tant mieux.

Nous retournons tristement à Metz. Musique militaire dans la vallée avec un effet indicible.



13 septembre on annonce que l’affaire de Sedan aurait été un désastre, 40.000 prisonniers, l’empereur obligé de remettre lui-même son épée à Guillaume après s’être rendu dans Sedan avec ses 40.000 hommes

Mac Mahon mort de ses blessures, ''Strasbourg bombardé.

Proclamation de Coffinières, annonçant le désastre et le changement de gouvernement et disant que malgré le manque de renseignements, on ne peut pas non plus les démentir.

14 septembre les prussiens auraient permis d’envoyer à Paris, un officier pour s’assurer de l’état des choses.

On accuse Lefort d’être fort bien avec les prussiens, d’aller souvent dans leurs lignes et de pratiquer l’espionnage.

15 septembre on annonce que le blocus sera levé dans trois jours. Les prussiens auraient permis à un parlementant d’aller jusqu’à Paris. Ce parlementant n’aurait pas pu aller plus loin que le camp prussien d’Ars où il aurait déjeuné, puis retour à Metz.

On parle d’une attaque pour cette nuit.

16 septembre ce matin les nouvelles changent. Un sergent de zouave raconte que le général Picard, de la garde, aurait dit hier en passant devant son régiment : Zouaves, réjouissez vous l’empereur sera ici demain avec 500.000 hommes.

Rencontre ce matin à l’hôtel de l’Europe d’un général disant je vais aujourd’hui vous en apprendre une qui vous fera plaisir. Le maréchal Bazaine vient de recevoir des nouvelles de l’empereur qui lui envoie une poignée de main et lui annonce qu’il sera ici après demain avec 500.000 hommes.

L’attaque annoncée la veille n’a pas eu lieu.


Le soir changement complet, les journaux publient des extraits d’un journal « le volontaire » dont une proclamation du gouvernement de la défense nationale. On y parle d’une proclamation signée Jules Favre qui sera bientôt publiée.


17 septembre Lefort m’annonce qu’il me propose à Bazaine pour la croix ainsi que Liegeois.

Les journaux publient des extraits d’un journal de Paris « le volontaire » daté du 9__ septembre__.

Proclamation de Jules Favre. Les idées de médiation paraissent faire des progrès, on nous entretient toujours d’idées de bombardement.

L’argent commence à nous manquer. Coffignières et le payeur de l’armée refusent de nous en donner, la société n’offrant pas assez de garanties.

Exécution à Saint Julien d’un sergent qui a tué son sergent major qui lui avait donné une punition de trois jours. Les troupes défilent musique en tête devant le condamné.

18 septembre le pain devient rare. La ration fixée d’abord à 500gr par jour est réduite à 400 gr. On assiège les portes des boulangeries, il faut y mettre des factionnaires.


Déjeuner avec Liegeois et d’autres personnes à l’hôtel des pélicans d’or.

Le bruit se répand que le prince Frédéric Charles a envoyé un parlementaire à Bazaine pour lui demander un entretien. Bazaine s’y serait rendu à midi.

On entoure la ville de travaux considérables, tranchées, batteries de 24, mitrailleuses. On débarrasse le marché couvert pour en faire une ambulance en prévision de l’évacuation des ambulances sub-urbaines ou dans le cas d’une attaque en prévision de nouveaux blessés à soigner. Il est dit qu’il y en aurait déjà 17.000 dans la ville.

Lefort va à l’état-major général pour rencontrer le maréchal Bazaine et lui parler des récompenses. Le maréchal lui demande un rapport que Lefort rapporte chez Bazaine. Il y voit Cuvellier médecin en chef de l’armée étant à Longeville et Scy.

Je l’accompagne à cheval à l’esplanade de Scy près de l’église avec une vue superbe. Nous y voyons les prussiens faire des manœuvres.




Le village de Scy est bien fortifié avec barricades et tranchées dans toutes les rues. Deux avant-postes sont à Moulins et à Sainte Ruffine.

Le 57ème de ligne garde Scy. Un lieutenant qui a fait toute la campagne, nous rapporte que sur les officiers qui se trouvaient au régiment au début de la campagne, il n’en reste plus que 21 sur 2.500 hommes. Il a perdu 1.100 soldats.

Il nous confirme ce qui a toujours été la supériorité des prussiens, comme nombre et artillerie, ainsi que sur leur capacité individuelle en cavalerie et infanterie.

A Saint Privat le 18 août, les soldats entre Saint Privat et Amanvillers étaient restés 7 heures sous le feu de l’ennemi, sans bouger, attendant la mort sans pouvoir marcher à l’ennemi. A 3 heures de l’après midi l’artillerie française n’avait plus de munitions et se retirait, abandonnant la troupe, les laissant pendant 3 heures dans cette plaine.

à suivre

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