La guerre de 1870 autour de Metz - Suite 9

La capitulation de Metz

Octobre 1870

Notes officielles

26 octobre

Rapport au médecin major sur l’infirmerie de la réserve d’artillerie.

L’infirmerie ayant été donné ce matin par nous au maréchal commandant en chef, les malades qui tous étaient en meilleur état ont été renvoyés à leur batterie.

Il y a eu en tout dans les 5 batteries, dix neuf hommes exemptés la plupart pour affection extrême.

Il n’a pas été relevé un seul billet à l’hôpital ce matin. Des hommes préfèrent rester à leur corps que venir aux hôpitaux de Metz.

Demain la visite sera passée aux camps à 8 heures.

27 octobre

Circulaire

Les commandants d’artillerie sont invités à se trouver aujourd’hui à midi et demi au bureau du général commandant l’artillerie et à donner des ordres pour que les officiers et la troupe ne s’absentent pas de leurs campements.

28 octobre

avis

Copie prise au quartier général de la ronde pour les réserves.

La capitulation a été conclue hier de manière à sauvegarder autant que possible les intérêts des officiers.

Demain 29 à midi la porte Mazelle et les forts seront remis au roi à 10 heures.

On fera l’inventaire du matériel dans les forts. Les armes seront versées aujourd’hui même dans les forts. L’artillerie de réserve versera à 3 heures ses armes, les officiers seront présents les munitions seront livrées également.

Demain 29 à midi les troupes du 6ème corps seront conduites par leurs officiers jusqu’à hauteur de Ladonchamps, et de là les officiers prussiens les conduisent à leur camps.

Les officiers français rentreront soit dans leur lignes, soit à Metz et ne pourront franchir les lignes sans autorisation, restant prisonniers de guerre sur parole.

On laissera aux officiers leurs armes, leurs chevaux et leurs ordonnances ainsi que leurs bagages.

Il y aura deux catégories d’officiers :

1er) ceux qui seront prisonniers en Allemagne

2ème) ceux qui resteront en France sous condition de ne pas servir pendant la campagne.

Les médecins ne sont pas prisonniers.

Circulaire explicative du protocole

D’après le protocole, les officiers qui opteront pour la captivité conserveront leur épée ou sabre, ainsi que tout ce qui leur appartient personnellement.

Il en résulte que toute autres armes que l’épée ou le sabre ne pourront être conservées. Elles devront être versées à l’arsenal de Metz, munies d’une étiquette.

Par ces mots ce qui lui appartient personnellement, il faut comprendre les bagages, les chevaux qui sont la propriété des officiers, en un mot tout ce qui n’appartient pas à l’état.

Les officiers pourront encore conserver leurs ordonnances réglementaires.

Les domestiques civils seront libres de rentrer dans leur foyer.

Quant à la troupe il est bien entendu que les soldats conserveront leur sacs, tentes, couvertures, marmites etc… c'est-à-dire tous leurs effets et objets de campement.

L’exécution des articles du protocole s’effectuera de la manière suivante.

La remise des armes aura lieu aujourd’hui et demain conformément aux prescriptions de la circulaire n° 3 déjà citée, qui est envoyée à chaque corps.

Les grands gardes resteront armés et à leurs postes jusqu’à demain midi, heure d’arrivée des troupes prussiennes.

Elles devront alors se replier, elles se conformeront à la circulaire n° 3 déjà citée.

Resteront également armées et à leur poste jusqu’à demain midi, une compagnie par fort, y comprit le fort Saint Privat et un régiment de la division Laveaucoupet dans la place de Metz.

Demain matin dès le réveil les barricades des routes seront enlevées et ces routes mises en état de viabilité.

Demain à 10 heures du matin, les grands gardes devront laisser passer les détachements prussiens d’artillerie et du génie, qui se présenteront pour aller dans les cinq forts recevoir livraison des magasins à poudre. Les commandants de ces magasins feront cette remise et conserveront avec leur compagnie la garde de l’ouvrage jusqu’à midi, comme il a été dit précédemment.

A midi les troupes prussiennes se présenteront pour occuper les 5 forts et la porte Mazelle en suivant les routes ci après :

devant le fort Saint Quentin par le chemin de Châtel à Lessy

devant le fort de Plappeville par la route d’Amanvillers à Plappeville

devant le fort Saint Julien par la route de Sainte Barbe à Saint Julien

devant Queuleu par la route de Grigy à Metz

devant Saint Privat par la route de Frescaty à Saint Privat

devant la porte Mazelle par la route de Grigy à Metz

Les grands gardes et les commandants des forts se conformeront à ce qui a été dit plus haut.

Un chef de bataillon du régiment désigné pour la garde de la place de Metz sera chargé de la remise de la porte Mazelle.

Demain à 1 heure le départ des troupes françaises aura lieu conformément à l’article VIII dans les directions ci après :

Le 6 ème corps et la division de cavalerie de Forton suivront la route de Thionville jusqu’à Ladonchamps

Le 4ème corps sortant entre les forts de Saint Quentin et de Plappeville par la route d’Amanvillers sera conduit jusqu’aux lignes prussiennes

La garde, la réserve générale d’artillerie, la compagnie du génie et le train des équipages du grand quartier général passant le chemin de fer prendront la route de Nancy jusqu’à Tournebride

Le 2ème corps avec la division Laveaucoupet et la brigade Lapasset qui en font partie sortira par la route qui conduit à Magny sur Seille et s’arrêtera à la ferme de Saint Thiebault

La garde nationale mobile de Metz et toutes les autres troupes de la garnison, autre que la division Laveaucoupet sortiront par la route de Strasbourg jusqu’à Grigy

Enfin le 3ème corps sortira par la route de Sarrebruck jusqu’à la ferme de Bellecroix

Les officiers désignés dans la circulaire n° 4 pour la conduite des troupes se conformeront aux prescriptions de ladite circulaire. Dès qu’ils auront remis à l’officier prussien les états indiqués, les officiers remettront la conduite de leurs troupes aux sous-officiers et rentreront dans le camp retranché ou dans la place de Metz, conformément à l’article 3 du protocole. Ils y attendront des ordres ultérieurs et pourront adresser toutes les demandes qui leur conviendraient au commandant de la place qui est chargé d’y faire droit et d’apporter dans leur solution toutes les facilités possibles.

Conformément aux conventions établies, les troupes après avoir été remises par leurs officiers aux autorités prussiennes, seront conduites par leurs sous-officiers sur des emplacements où elles camperont avec leurs petites tentes et où elles trouveront réunis des vivres et du bois de chauffage.

Il sera immédiatement donné connaissance de la présente circulaire aux troupes de chaque camps et chaque commandant de corps d’armée sera chargé en ce qui le concerne, de l’exécution des dispositions qu’elle contient et préservera sans en référer au commandant en chef, les mesures de détails qui auront pu être omises.

Des ordres seront donnés ce soir pour la remise dans la journée de demain des chevaux et du matériel de l’état.

PS Comme le maréchal commandant le 6ème corps l’a dit ce matin aux généraux de division, tous les généraux et officiers ainsi que les employés militaires ayant rang d’officiers, qui engageront leur parole d’honneur par écrit de ne pas porter les armes contre l’Allemagne et de n’agir d’aucune autre manière contre ses intérêts jusqu’à la fin de la guerre actuelle, ne seront pas fait prisonniers de guerre. Les officiers et employés qui accepteront cette condition conserveront leurs armes et les objets qui leur appartiennent personnellement.

Les médecins militaires sans exception resteront en arrière pour prendre soins des blessés, il en sera de même du personnel des hôpitaux.
Signé Henry


Protocole entre les soussignés le chef d’état major général de l’armée française sous Metz et le chef de l’état major de l’armée prussienne devant Metz, tous deux munis des pleins pouvoirs de son excellence le maréchal Bazaine commandant en chef et au général en chef son Altesse Royale le Prince Frédéric Charles de Prusse.

La convention suivante a été conclue

Article 1 L’armée française placée sous les ordres du maréchal Bazaine est prisonnière de guerre.

Article 2 La forteresse et la ville de Metz avec tous les forts, le matériel de guerre, les approvisionnements de toutes espaces et tout ce qui est propriété de l’état seront rendus à l’armée prussienne dans l’état où tout cela se trouve au moment de la signature de cette convention.

Samedi 29 octobre à midi les forts de Saint Quentin, Plappeville, Saint Julien, Queuleu et Saint Privat, ainsi que la porte Mazelle (route de Strasbourg) seront remis aux troupes prussiennes à 10 heures du matin de ce même jour.

Des officiers d’artillerie et du génie avec quelques sous officiers seront admis dans les dits forts pour occuper les magasins à poudre et pour éventer les mines.

Article 3 Les armes ainsi que tout le matériel de l’armée consistant en drapeaux, canons, mitrailleuses, chevaux, caisse de guerre, équipages de l’armée, munitions, seront laissés à Metz, dans les forts, à des commissions militaires institués par monsieur le maréchal Bazaine, pour être remis immédiatement à des commissaires prussiens.

Les troupes sans armes seront conduites rangées d’après leur régiment ou corps et en ordre militaire aux lieux qui seront indiqués pour chaque corps. Les officiers rentreront alors librement dans l’intérieur du camp retranché ou à Metz, sous la condition de s’engager sur l’honneur à ne pas quitter la place, sans l’ordre du commandant prussien.

Les troupes seront alors conduites par leurs sous-officiers aux emplacements de bivouacs. Les soldats conserveront leurs sacs, leurs effets et les objets de campement (tentes couvertures..).

Article 4Tous les généraux et officiers, ainsi que les employés militaires ayant rang d’officiers, qui engageront la parole d’honneur par écrit, de ne pas porter les armes contre l’Allemagne et de n’agir d’aucune autre manière contre ses intérêts, jusqu’à la fin de la guerre actuelle, ne seront pas fait prisonniers de guerre. Les officiers et employés qui accepteront cette condition conserveront leurs armes et les objets qui leur appartiennent personnellement.

Pour reconnaître le courage dont ont fait preuve, pendant la durée de la campagne, les troupes de l’armée et de la garnison, il est en outre permis aux officiers qui opteront pour la captivité, d’emporter avec eux leurs épées ou sabres ainsi que tout ce qui leur appartient personnellement.

Article 5 Les médecins militaires sans exception resteront en arrière pour prendre soins des blessés. Ils seront traités d’après la convention de Genève, il en sera de même du personnel des hôpitaux.

Article 6Des questions de détail concernant principalement les intérêts de la ville seront traitées dans un appendice, ci-annexé qui aura la même valeur que le présent protocole.

Article 7Tout article qui pourra présenter des doutes, sera toujours interprété en faveur de l’armée française.

Fait au château de Frescaty le 27 octobre 1870

Signé JarrasStichle

Appendice à la convention militaire en ce qui concerne la ville et les habitants

Article premier Les employés et les fonctionnaires civils attachés à l’armée ou à la place de Metz pourront se retirer où ils voudront en emportant avec eux tout ce qui leur appartient.

Article 2 Personne, soit de la garde nationale, soit parmi les habitants de la ville ou réfugié dans la ville, ne sera inquiété à raison de ses idées politiques ou religieuses, de la part qu’il aura prise à la défense ou des secours qu’il aura fournis à l’armée ou à la garnison.

Art 3Les malades et les blessés laissés dans la place recevront tous les soins que leur état comporte.

Art 4Les familles que les membres de la garnison laissent à Metz ne seront pas inquiétées et pourront également se retirer librement avec tout ce qui leur appartient, comme les employés civils.

Les meubles et les effets que les membres de la garnison sont obligés de laisser à Metz ne seront ni pillés, ni confisqués, mais resteront leur propriété. Ils pourront les faire enlever dans un délai de 6 mois à partir du rétablissement de la paix ou de leur mise en liberté.

Art 5 Le commandant de l’armée prussienne prend l’engagement d’empêcher que les habitants soient maltraités dans leur personnes ou dans leurs biens.

On respectera également les biens de toutes nature du département, des communes, des sociétés de commerce ou autres, des corporations civiles ou religieuses, des hospices et des établissements de charité.

Il ne sera apporté aucun changement aux droits que les corporations ou sociétés, ainsi que les particuliers, ont à exercer contre les autres en vertu des lois françaises au jour de la capitulation.

Art 6 A cet effet il est spécifié en particulier que toutes les administrations locales et les sociétés ou corporations mentionnées ci-dessus, conserveront les archives, livres et papiers, collection et documents quelconques, qui sont en leur possession. Les notaires, avoués et autres agents ministériels conserveront aussi leurs archives et leurs minutes ou dépôts.

Art 7 Les archives, livres et papiers appartenant à l’état resteront en général dans la place et au rétablissement de la paix, tous ceux de ces documents concernant les portions du territoire, restitués à la France feront aussi retour à la France.

Les comptes en cours de règlement nécessaires à la justification des comptables ou pouvant donner lieu à des litiges, à des revendications de la part de tiers, resteront entre les mains des fonctionnaires ou agents qui en ont actuellement la garde, par exception aux dispositions du paragraphe précédent.

Fait au château de Frescaty le 27 octobre 1870.

signé Jarras Stichle.

Mon cher colonel j’ai l’honneur de vous envoyer ci-dessous copie d’une dépêche de son excellence le commandant en chef.

Monsieur le Maréchal,

Je vous prie de faire établir sur le champ dans votre corps d’armée les états ci-après :

1er État nominatif des officiers de tous grades avec l’indication en regard d’eux, le nombre de chevaux qu’ils possèdent en propriété dans les limites réglementaires et le nom de leur ordonnance (ceux qu’ils comptent emmener).

Il y aura un état pour l’état-major du corps d’armée, un par état-major divisionnaire, un par chaque régiment et bataillon de chasseurs, des états pour l’artillerie (batterie de la réserve, batterie divisionnaire et parc), des états pour le génie (compagnie de la réserve et compagnies divisionnaires) et des états pour le train des équipages.

2ème l’état numérique des hommes de troupe savoir :

un pour l’état-major du corps d’armée, indiquant les hommes de troupe qui peuvent n’être pas compris dans les corps.

un pour chaque état-major

un pour chaque régiment et bataillon de chasseurs

un par batterie d’artillerie

un par compagnie du génie

un par compagnie du train des équipages

3ème L’état nominatif des personnes civiles et des domestiques civils. En regard de chaque personne civile, on portera le nombre de chevaux qui lui appartiennent en propriété et le nom des ses ordonnances. Ceux-ci pourront être concernés jusqu’au départ mais seront prisonniers de guerre.

Les payeurs et interprètes non liés au service militaire seront compris dans les personnes civiles.

Cet état sera établi pour tout le corps d’armée.

Les états n° 1 et 3 seront apportés demain, à midi au commandant de place prussiens à Metz par :

Un officier de l’état-major du corps d’armée

Un officier de chaque état-major divisionnaire

Un officier de chaque régiment ou bataillon de chasseurs

Le commandant de l’artillerie

Le commandant du génie

Le commandant du train des équipages militaires

Les états n° 2 seront remis à l’officier prussien qui recevra les troupes aux avant-postes par :

Un officier de l’état-major général

Un officier de chaque état-major divisionnaire

Le commandant de chaque régiment ou bataillon de chasseurs

Le commandant de chaque batterie d’artillerie ou compagnie du train

Le commandant de chaque compagnie du génie

Le commandant de chaque compagnie du train des équipages%%

Signé Bazaine

L’état des personnes civiles et domestiques civils, de payeurs et des interprètes non liées au service militaire, sera envoyé ce soir même à l’état major général du 6ème corps qui centralisera le travail qui les concerne.

En conséquence les états n° 1 et 3 (même néant) seront envoyés demain matin à 8 heures chez le général commandant l’artillerie du 6ème corps. Il n’y aura qu’un seul état n° 1 pour chaque division, réserve ou pas, cet état sera établi par l’état major batteries et réserve divisionnaire.

Pour les états n° 2 ne seront pas compris les ordonnances que les officiers comptent emmener avec eux.

Quant à la troupe il est bien entendu que les soldats conservent leurs tentes, couvertures, marmite.., c'est-à-dire tous leurs effets et objets de campement.

Demain à 1 heure, le départ des troupes françaises aura lieu pour le 6ème corps et la division de cavalerie Forton par la route de Thionville jusqu’à Ladonchamps.

Les troupes après avoir été remises par leurs officiers aux autorités prussiennes, seront conduites par leurs sous-officiers sur des emplacements désignés, où elles camperont avec leurs petites tentes et où elles trouveront réunis des vivres et du bois de chauffage.

Des ordres seront donnés ce soir pour la remise dans la journée de demain des chevaux et du matériel de l’état.

28 octobre

ordre

Demain 29 octobre les chevaux propriété de l’état (officiers et troupe) les mulets, les chariots de batterie et les charrettes à bagages seront remis à 1 heure de l’après midi entre les mains de l’autorité prussienne.

A cet effet les chevaux, mulets et voitures devront être conduits par un sous-officier au Ban Saint Martin à 10 heures du matin, pour être livrés à une commission chargée de les recevoir et de les remettre aux autorités prussiennes.

Les militaires en nombre aussi restreint que possible, qui seront employés à la conduite de ces chevaux, mulets et voitures resteront au Ban Saint Martin jusqu’à la remise et seront ensuite dirigés sur le camp de la réserve d’artillerie, où un officier sera commandé pour les conduire en ordre aux avant postes afin d’être remis aux officiers prussiens.

Signé de Berkheim

28 octobre

ordre

Monsieur le général de division Lafont de Villers est désigné pour présider demain 29 à la remise de nos troupes aux autorités militaires prussiennes. Tous les officiers de batterie ou de compagnie conduisant leurs troupes.

Le mouvement commencera par l’infanterie à midi ½.

L’artillerie divisionnaire suivra la division à laquelle elle est attachée.

La cavalerie suivra le mouvement de l’infanterie et la réserve d’artillerie le mouvement de la cavalerie.

Le parc marchera à la suite de la réserve.

Signé de Berkheim
%

Ordre général à l’armée du Rhin

Vaincus par la famine nous sommes contraints de subir les lois de la guerre et nous constituons prisonniers.

A diverses époques de notre histoire militaire de braves troupes commandés par Masséna, Kléber, Gouvion, Saint Cyr ont éprouvé le nom qui n’entache en rien l’honneur militaire, quand comme vous on a aussi glorieusement accompli son devoir jusqu’à l’extrême limite humaine.

Tout ce qu’il était loyalement possible de faire pour éviter cette fin a été tenté et n’a pu aboutir.

Quant à renouveler un effort suprême pour briser les lignes fortifiées de l’ennemi, malgré votre vaillance et le sacrifice de milliers d’existence, qui peuvent encore être utiles à la patrie, il eut été infructueux par suite de l’armement et des forces écrasantes qui gardent et appuient ces lignes, un désastre en eut été la conséquence.

Soyons dignes dans l’adversité, respectons les conventions honorables qui ont été stipulées, si nous voulons être respectés comme nous le méritons, évitons surtout pour la réputation de cette armée, les actes d’indiscipline comme la destruction d’armes et de matériel, puisque d’après les usages militaires, plans et armements devraient faire retour à la France lorsque la paix sera signée.

En quittant le commandement je tiens à exprimer aux généraux, officiers et soldats toute ma reconnaissance pour le loyal concours, la brillante valeur dans les combats, la résignation dans les privations et c’est le cœur brisé que je me sépare de vous.

Au grand quartier général du Ban Saint Martin le 28 octobre 1870

Signé Bazaine

28 octobre

Proclamation du général Coffinnières

Habitants de Metz

Il est de mon devoir de vous faire connaître loyalement notre situation, bien persuadé que vos âmes viriles et courageuses seront à la hauteur de ces graves circonstances.

Autour de nous est une armée qui n’a jamais été vaincue et qui s’est montrée aussi ferme devant le feu de l’ennemi que devant les plus rudes épreuves.

Cette armée interposée entre la ville et l’assiégeant, nous a donné le temps de mettre nos forts en état de défense et de monter sur nos remparts plus de 600 pièces de canons. Enfin elle a tenu en échec plus de 200.000 hommes.

Dans la place nous avons une population pleine d’énergie et de patriotisme, bien décidée à se défendre jusqu’à la dernière extrémité.

J’ai déjà fait connaître au conseil municipal que malgré la réduction des rations, malgré les perquisitions faites par les autorités civiles et militaires, nous n’avions de vivres assurés que jusqu’au 28 octobre.

De plus notre brave armée déjà si éprouvée par le feu de l’ennemi, puisque 42.000 hommes en ont subi les atteintes, souffre horriblement de l’inclémence exceptionnelle de la saison et des privations de toutes sortes.

Le conseil de guerre a constaté ces faits et monsieur le maréchal commandant en chef a donné l’ordre formel, comme il en a le droit, de verser une partie de nos ressources à l’armée.

Cependant grâce à nos économies, nous pouvons résister encore jusqu’au 30 courant et notre situation ne se trouve pas sensiblement modifiée.

Jamais dans les fastes militaires une place de guerre n’a résisté jusqu’à un épuisement aussi complet de ses ressources et n’a été aussi encombré de blessés et de malades.

Nous sommes donc condamnés à succomber, mais ce sera avec honneur et nous ne serons vaincus que par la faim.

L’ennemi qui nous investit péniblement depuis plus de 90 jours, sait qu’il est près d’atteindre le but de ses efforts. Il demande la place et l’armée, et n’admet pas la séparation de ces deux intérêts.

Quatre ou cinq jours de résistance désespérée n’auraient d’autres résultats que d’aggraver la situation des habitants. Tous peuvent d’ailleurs être bien convaincus que leurs intérêts privés seront défendus avec la plus vive sollicitude.

Sachons supporter stoïquement cette grande infortune et conservons le ferme espoir que Metz cette grande et patriotique cité restera à la France.

Metz le 27 octobre 1870

signé Coffinières


28 octobre


Proclamation du maire et des membres du conseil municipal à leurs concitoyens.

Chers concitoyens,

Le véritable courage consiste à supporter un malheur sans les agitations qui ne peuvent que l’aggraver.

Celui dont nous sommes tous frappés aujourd’hui, nous atteint sans qu’aucun de nous puisse se reprocher d’avoir un seul jour failli à son devoir.

Ne donnons pas le désolant spectacle de troubles intérieurs et ne fournissons aucun prétexte à des violences ou à des malheurs nouveaux et plus complets encore.

La pensée que cette épreuve ne sera que passagère et que nous messins n’avons assumé dans les faits accomplis, aucune part de responsabilité devant le pays et devant l’histoire, doit être en ce moment notre consolation.

Nous confions la sécurité commune à la sagesse de la population.

F. Maréchal, maire : Boulangé, Bastien, Noblot, Géhin, de Bouteiller, Blondin, Bezanson, Gougeon, Blutingaire, Moisson, Simon-Favier, Marly, Sturel, Géisler, Prost, Worms, Collignon, Rémond, Puyperoux, général Didion,Salmon, Bouchotte, Schneider.

31 octobre

Proclamation du général Von Kummer aux habitants de Metz

La forteresse de Metz a été occupée par les troupes prussiennes et le soussigné est provisoirement commandant de la forteresse.

Je saurai maintenir entre les troupes la discipline prussienne éprouvée; la liberté des personnes et la propriété sont garanties. Les charges qui incomberont ces jours-ci aux habitants avant que les affaires ne soient tout à fait réglées, doivent être respectées. Je reconnaîtrai de la désobéissance ou de la résistance, j’agirai avec toute la sévérité et d’après les lois de la guerre.

Celui qui mettra en danger les troupes allemandes ou leur portera préjudice par des actions perfides, sera traduit devant le conseil de guerre, celui qui servira d’espions aux troupes françaises , ou logera des espions français ou leur prêtera assistance, qui montrera volontairement les chemins aux troupes françaises, qui tuera, blessera ou volera les troupes allemandes ou les personnes appartenant à leur suite, qui détruira les canaux , chemin de fer ou lignes telegraphiques, qui rendra les chemins impraticables, qui mettra le feu aux munitions ou provisions de guerre, enfin qui prendra les armes envers les troupes allemandes sera puni de la peine de mort.

Arrêté

1er les maisons dans lesquelles ou hors desquelles on commettra des actes d’hostilité envers les troupes allemandes serviront de casernes.

2eme plus de 10 personnes ne pourront se rassembler dans les rues ou sur les places publiques.

toutes les armes qui se trouveront entre les mains des habitants doivent être livrées jusqu’à lundi 31 octobre, 14 heures de l’après midi, au palais de la division rue de la Princerie.

toutes les fenêtres doivent être éclairées en cas d’alarme pendant la nuit.

Metz le 30 octobre 1870

Signé Von Kummer

31 octobre

Affiche

Le 31 courant à 10 heures 30 minutes du matin partira de la gare de Metz, un convoi de Metz à Mayenne par Nancy pour les généraux et les officiers d’état-major.

La mise en wagons des chevaux aura lieu à 7 heures du matin.

Messieurs les généraux et les officiers d’état-major sont priés de se trouver à la gare une heure avant le départ du convoi.

Signé Von Kummer

31 octobre

Affiche

Messieurs les officiers subalternes français seront dirigés en Allemagne de la manière suivante :

Mardi 1er novembre

1er train 9 heures 30 minutes, la garnison de Metz

2eme train la garde impériale, la division de cavalerie, la cavalerie de réserve, le génie

3eme train 1er corps et division Forton

4eme train 2eme corps, brigade Lapasset

5eme train 3eme corps

6eme train 4eme corps

La direction n’ayant pas assez de wagons de voyageurs, se trouve dans la fâcheuse nécessité de devoir faire usage d’autres wagons mais couverts. Ces messieurs sont priés de prendre les mesures nécessaires afin de pouvoir s’asseoir en route, le maire de la ville ayant déclaré ne pouvoir fournir de sièges.

Metz le 31 octobre 1870 le général de division commandant Von Kummer

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