Contestations concernant l’alignement d’une rue en 1889

Un plan général d’alignement avait été dressé pour déterminer les futures limites de la route n° 41 (rue du 20ème corps actuelle) dans la traversée du Sablon à consulter à la mairie du 21 février au 21 mars 1889. Il ne serait ensuite plus possible de faire des réparations, des reconstructions, ni des constructions nouvelles en saillie sur les futures limites de la route.

Description de la cour des deux maisons avec la ligne d’alignement (en rouge)

Auguste Barthelemy était intervenu pour contester l’alignement qui lui supprimait environ la moitié de l’usoir devant sa maison n° 191 (maison située à l’angle des rues du 20ème corps et Mangin direction Sablon).

Il expliquait qu’étant exploitant de grande culture et celle dite de mésoyage, il ne pourrait plus approcher des ouvertures du premier étage de sa maison avec des voitures de foin, de paille, de blé, d’avoine ou d’orge.

Ses caves ne seraient plus accessibles pour y déposer des pommes de terre et autres denrées.

Aucun véhicule ne pourrait plus stationner sur cet usoir réduit, pour la simple raison qu’on ne pourrait plus accéder près de la maison avec une voiture attelée de deux chevaux l’un devant l’autre, ni même avec un tombereau attelé avec un seul cheval.

Le tracé de l’élargissement de la route d’Augny indique une ligne qui passe devant l’usoir de la maison en le coupant par le milieu et le rend impropre dans sa profondeur à l’usage auquel il était destiné.

Avec cette suppression son habitation ne pourrait plus être utilisée pour la culture, ni être convertie en grange, le battoir dont l’ouverture donnant sur la route n’étant ni assez haut, ni assez large, pour livrer passage à une voiture de foin, de paille ou de blé. Pour compléter l’ensemble il serait nécessaire de joindre une écurie faisant suite au battoir.

Ces changements nécessiteraient l’agrandissement de la porte cochère du battoir, en hauteur et en largeur, le déplacement du plancher au dessus, la démolition d’un mur qui sépare le battoir de l’écurie des chevaux, ainsi que le percement de nouvelles ouvertures pour faire passer les récoltes.

Là ne se borneraient pas les frais qui lui seraient imposés, car son écurie de chevaux convertie en grange, il faudrait une nouvelle écurie bâtie sur un autre terrain avec un nouveau passage.

Ces observations faites à l’administration des ponts et chaussées qui ont la réputation méritée d’être très impartiale, je suis persuadé qu’elle comprendra qu’en prenant la moitié de mon usoir elle me causerait un préjudice considérable.

Signé Barthelemy

Son voisin monsieur Sauvage confirmait le 11mars 1889 l’explication d’Auguste Barthelemy et ajoutait quelques renseignements complémentaires concernant sa propre maison.

Le tracé pour l’élargissement de la route d’Augny indique une ligne traversant la cour empiétant de 5 mètres à l’angle nord et de 4 mètres à l’angle sud sur la profondeur de cette cour. Le rétrécissement de cette cour sur une telle profondeur causera un préjudice à la valeur de cet immeuble, par l’impossibilité d’entrer dans cette cour avec une voiture chargée de houille, de bois, de denrées agricoles ou autres chargements lourds et encombrants. Ces chargements ne pourront plus être déposés que sur la voie publique, ce qui nécessiterait une augmentation de temps et de frais de main d’œuvre, pour transporter ces chargements de la voie publique à leur lieu de destination.

Par sa solide clôture de mur et de grilles, cette cour servait de dépôt avec une entière sécurité, et par sa profondeur elle avait le mérite d’éloigner les indiscrets des abords trop immédiats de la maison.

Un dommage plus important encore, est celui qui serait causé par la suppression du cabinet d’aisances, construit en maçonnerie avec fosse cimentée dans l’angle nord de la cour. L’emplacement avait été calculé de manière à ne rien gêner dans la cour et d’être commode car à proximité et de posséder de bonnes conditions l’hygiène. Cet emplacement exceptionnel ne pourra plus être retrouvé en reconstruisant ces lieux d’aisances dans n’importe quel point de la propriété.

La ligne du tracé détermine aussi une amputation à faire dans la vigne située au sud de la cour ainsi que la suppression de la palissade qui borde la route. La destruction sera de 300 à 350 des plus beaux ceps de vigne, sans compter les cordons verticaux des murs, ni les arbres et les arbustes de la cour.

En présence de ces observations l’administration ne pourra méconnaître que la propriété sise route d’augny n°189 ne subira pas une dépréciation importante sur sa valeur et comprendra q’un dédommagement même considérable ne pourra atténuer la peine causée par cette amputation imprévue, au propriétaire et à sa famille possédant cette demeure où ils ont leurs habitudes depuis de longues années.

Signé Sauvage

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