Rue des Roches


Primitivement la rue avait pour dénomination rue des Chauriers en raison des étuvistes qui l'habitaient. Plus tard elle prit le nom de rue des Roches parce que construite sur les anciens murs des fortifications.

La première étuve citée dite l'étuve aux hommes, se trouvait en 1206 à la porte aux Chevaux.

Au cours du XIIIème siècle étaient également citées d'autres étuves (bains) avec leur four.

A partir de 1300 le nom de certains étuvistes apparait , la stuve (étuve) Herbel, la stuve Henri, la stuve aux roches tenue par Jehan Patier dit Morville en 1315. Herbel le stuveur cède en 1335 la stuve des hommes et partage la stuve des femmes à la porte aux Chevaux.

En 1365 la justice des Treize se prononce pour un acensement (bail) au profit de Catherine la femme de Jehan de la porte à Chivalz, contre l'écrivain pour une maison située aux Roiches à coté le wey (gué) des Chivalz.

L'étuve de la porte aux chevalz est toujours citée au XVème siècle, puis vendue en 1466.

Le 13 novembre 1493 vente d'une maison située aux Roches en la rue des Cherriers entre Mathieu le cherrier et la ruelle Quelporte qui conduisait sur les moulins de souveraine terre. La rue s'appellait toujours rue des Cherriers mais était dite aux Roches.

Au début du XVIème siècle une maison située près de la porte aux Chevaux avait son issue ruelle du Vivier.

En 1530 Jehan Naimur était estouveur dans une maison aux Roches.

Dans l'acte de renouvellement en 1585 d'un censier de l'abbaye Saint Clément daté du 20 juin 1484, il était mentionné une maison située en la rue des Chauriers aux Roches à droite de la poterne du côté de l'hôpital.

D'après les actes anciens la rue des Roches s'appelait rue des Chauriers ou des Cherriers aux Roches. Ces actes pour la plupart concernent des étuves qui y existaient primitivement. Ces étuves devaient se trouver à l'emplacement des grands bains près de la petite place des Roches.

La rue avait gardé le nom de rue des Chauriers jusque vers 1585. Sur l'ancien quai des Roches face au petit Saulcy (place de la Comédie), était déposé le bois arrivant par la Moselle qui était vendu aux commerçants et aux particuliers. Les maisons bordant la rivière n'allaient pas au delà de la ruelle communiquant avec la place de Chambre. Des maisons avaient par la suite été construites à l'emplacement du quai. Les maisons de la rue des Roches et de la rue des Piques se rejoignaient à hauteur de la rue de Glatigny.

Un acte du 19 décembre 1570 semblait indiquer la présence d'une tannerie aux Roches. Lors de travaux ultérieurs aux deux maisons n° 5 et 7, en creusant le sol des caves il avait été trouvé de fosses qui auraient servi à décaper les peaux.

La muraille d'enceinte en ruine qui servait de fondations à la plupart des maisons des Roches, avait été démolie vers 1620.

Vers 1730 le sol de la rue avait été surélevé pour le mettre en rapport avec la place de Chambre.

Pour supprimer l'angle obtus à l'entrée du pont des portières et lui donner un alignement droit sur toute la longueur, une visite en avait été faite le 14 mai 1730. Des jalons avaient été plantés à l'angle de deux maisons, un autre jalon sur le toit des Portières et un dernier vis à vis de la croix du Saulcy. Le rapport demandait la démolition et la reconstruction de la façade des deux maisons avec un recul de 2 pieds 7 pouces. Le mur des Portières serait réédifié dans l'alignement face à la croix du Saulcy. Ce rapport avait été envoyé au bureaux des finances le 27 mai 1735.

La décision prise prévoyait l'élargissement du pont et la décharge des eaux du moulin des trois tournants qui se jetaient immédiatement au dessous des Portières.

Le 27 mars 1736 visite du pont des Portières (pont de la Préfecture) après son élargissement, pour évaluer l'état des pavés du pont, de ceux de la rue des Roches et de la porte aux chevaux depuis la Fleur de Lys jusqu'à l'abreuvoir.

Au printemps 1739 suite à une plainte, la police après avoir entendu plusieurs personnes, avait effectué des perquisitions dans le quartier. Cette plainte concernait des faits de débauche et de prostitution près de la porte aux Chevaux à l'auberge du Fort Mortier, que tenait le nommé Camusat et sa femme.

Le 27 mai déposition presque identique des quatorze voisins :

  • des filles précédaient des soldats pour entrer dans l'auberge de jour comme de nuit. Ces soldats la nuit devant les maisons voisines empêchaient les voisins d'aller aux commodités sur la rivière, en raison de la gêne à passer devant eux.
  • Parfois la femme de Camusat sortait pour aller chercher du poisson.
  • De simples soldats mais aussi des officiers, même des bourgeois fréquentaient l'auberge.
  • Tous les témoins étaient d'accord pour dire que c'était un bordel public avec des putains et une maquerelle.
  • Il s'y passait des bacchanales, des bagarres et du bruit.
  • Il y avait un grenier appelé le colombier qui était toujours rempli de filles.
  • Les enfants disaient en passant devant la maison voila le bordel Fort Mortier et les putains sont au grenier
  • Un soldat avait mis un écriteau au dessus de la porte de la cave avec l'inscription bordel public dont le grenier sert de colombier pour les putains.
  • Les filles venaient de tous côté, deux venant même de Thionville. Il y avait une fille d'environ 20 ans, souvent présente, qui était assez jolie et il était bien dommage que cette fille fréquente cette maison.
  • Les soldats voulaient souvent se battre pour une fille et pour commencer le premier.
  • Un petit garçon de Camusat disait que l'un des grenadiers avait donné un soufflet à une fille et il avait déclaré avoir aussi vu devant lui des soldats faire l'action avec les filles.
  • Un témoin étant sur sa porte vers minuit avait vu une fille qui venait chez Camusat. Il l'avait interrogée pour savoir où elle demeurait, elle avait répondu en Chambière. Lui disant qu'ils étaient plusieurs à vouloir se divertir, elle lui avait proposé d'amener deux filles avec elle et qu'il y avait une chambre chez Camusat pour s'y divertir comme il le voudrait. Ce témoin Lapierre, qui était chirurgien à l'hôpital royal traitait des soldats de la vérole. Il avait appris à la fille que la vérole venait du Fort Mortier dans un des trois lits du grenier. Le soldat qu'il avait soigné avait dit que c'était sur le lit où il y avait des rideaux qu'il avait gagné son mal.
  • Un dimanche vers 3 heures de l'après-midi il était arrivé 4 officiers dragons qui étaient restés jusqu'à l'heure de la retraite avec les filles au grenier. Entre temps 4 dragons avaient voulu entrer pour retrouver les filles au colombier mais la femme Camusat n'avait pas voulu les laisser monter parce que les officiers y étaient avec les filles. L'un des dragons avait alors cassé les vitres avec son épée en traitant la femme Camusat de putain et de maquerelle et l'avait frappée à coup de pieds.
  • Quatre garçons bourgeois étant allés au Fort Mortier l'un d'eux s'était plaint qu'une fille lui avait volé de l'argent dans son gousset.
  • Une fille était sortie de la maison mais n'ayant pas fait 20 pas que l'aide major l'avait trouvée et fait mener en prison.

D'autres témoins habitants du Pontiffroy avaient également témoigné que le sieur Camusat avant d'être aux Roches, était domicilié dans leur quartier.

  • Un boulanger du Pontiffroy racontait que lorsque Camusat était dans leur quartier, il recevait plusieurs filles avec des officiers, des soldats et des bourgeois de jour et de nuit. Il les installait dans une chambre de derrière et dans une autre chambre haute qui donnait sur une cour.
  • Quand Camusat était au Pontiffroy il y tenait un bordel public et recevait toutes sortes de femmes et même des filles de la tour du Pontiffroy qui avaient eues des enfants. Il gardait des filles chez lui pendant plus d'un mois et beaucoup d'officiers, de soldats les y rencontraient. Une des filles restait parfois pendant trois jours, sa mère étant obligé de venir la chercher réprimandait Camusat.
  • Un témoin demeurant rue Fleurette expliquait qu'il demeurait dans une chambre près de chez Camusat. Celui-ci recevait toutes sortes de filles qu'il mettait dans une chambre à l'arrière et que les filles étaient visibles depuis ses fenêtres avec beaucoup d'officiers, soldats et même des bourgeois. Ce même témoin avait averti les femmes dont le mari faisait un mauvais commerce avec ces filles.

Le public protestait beaucoup de la conduite de Camusat qui avait été obligé de quitter leur quartier.

Lors de la procédure criminelle, le 17 juin 1739 Claude Camusat avait été condamné aux galères perpétuelles et sa femme Marie Poncelet condamnée au fouet, à la marque et à un bannissement à vie.

La sentence avait été confirmée le 20 juin 1739 par arrêt de la cour. Le receveur des domaines avait fait vendre tous les biens des accusés. Les officiers qui avaient procédés à l'instruction avaient été payés 30 livres et le commissaire de police avait reçu 6 livres pour avoir rédigé le procès-verbal, somme récupérée sur le prix de la vente.

En 1783 la ville avait fait construire des bains publics pour les femmes sur la Moselle entre le quai Sainte Marie et le jardin des amours. A l'extrémité de la rue des Roches se trouvait la place des Roches près du pont des Roches.

Un grand caveau sous le quai Sainte Marie avait son entrée sous le pont des Roches avec un escalier pour communiquer du pont avec la place des Roches.

L'entrée des bains se faisait par la grille sous la voute de ce quai. On y arrivait par la rue et la place des Roches.

Dans un avis du 3 juillet 1783 le maire avait fixé le prix des bains à six sous par place pendant le jour et à huit sous pendant la nuit. La préposée à la garde des bains, n'avait aucune autre rétribution. L'entrée était interdite aux chiens.

Dans un avis ultérieur non daté, le maire avait décidé que les bains seraient ouverts de 4 heures du matin à 6 heures 1/2 du soir pour les femmes et de 7 heures du soir à 11 heures pour les hommes.

A partir du XIXème siècle deux maisons de bains avaient été construites par des particuliers près de la place des Roches.

Rares commerces en 1936

N°2 voiturier, n°3 Café des Roches, n° 11 marchand de poissons, n° 19 marchand de poissons, n° 27 bains.

Vers 1930 Collection AMB
Collection D. Mahut Collection D. Mahut

Vers 1960 toutes les maisons donnant sur la Moselle, devenues insalubres, sauf celle des grands bains sur la place des Roches, avaient été démolies. La reconstruction avait suivie dans un style presque identique.

Collection D. Mahut vers 1960 Collection D. Mahut vers 1960



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