La Villa

La maison de plaisance

13 rue du Général de GaulleMonsieur Artz avait fait construire l’hôtel de l’Europe n° 4 rue de Clercs à Metz (actuel hôtel des impots) dirigé en 1838 par monsieur Lejeune. A l’emplacement actuel du n° 13 rue du Général de Gaulle à Longeville,Ce monsieur Lejeune dont le père semble t-il habitait déjà à Longeville en 1808, y avait créé une maison de plaisance. Une ancienne maison située soit juste à côté, soit au même lieu aurait appartenu au début du 19ème siècle à un rentier monsieur Laussel, à qui appartenait également un réservoir situé à l’emplacement approximatif de l’ancienne poste. En 1839 reconstruction totale par monsieur Lejeune d’un bâtiment qui était devenu La Villa. Une serre et une pièce d’eau agrémentait le jardin.

Le mur du jardinDébut 1862 le passage entre l’abreuvoir et le préau de la commune, derrière le mur du jardin de la Villa, était devenu un lieu où l’on venait déposer des ordures. Pour éviter ces dépôts sauvages, le passage qui n’était ouvert que depuis quelques années sans que son utilité ait été reconnue, avait été fermé aux deux bouts par une palissade. Dans chaque palissade il y avait une porte qui n’était ouverte que dans certains cas avec l’autorisation du maire.

Le conseil municipal avait autorisé en mai 1883 le sieur Schaller moyennant un bail de dix ans (10 marks par an), à percer une porte dans le mur de son jardin donnant sur le pré du bras mort. La porte s’ouvrant intérieurement, devait être percée à la suite du jeu de quilles à l’angle rentrant du mur. Un chemin de deux mètres de large allant directement de la porte au bord du bras mort, devait être bien entretenu et sablé. Le projet loin de nuire aux intérêts de la commune les favorisait dans le sens que le terrain sur lequel aurait lieu la sortie du jardin n’était d’aucun rapport pour la commune. La porte de la veuve Schaller ayant été percée dès avant 1884, un contrat avait été rédigé moyennant une indemnité annuelle pour le passage sur le terrain communal. La veuve se basant sur ce fait que les autres habitants dont les propriétés aboutissaient également sur la place du petit Saulcy, n’avaient jamais payé aucune indemnité pour l’ouverture de portes, avait catégoriquement refusé de payer l’indemnité qui lui était réclamée. Le directeur par lettre du 18 novembre 1884 avait statué en dernier ressort, qu’aucune contrainte ne pouvait être exercée contre la veuve pour le payement de l’indemnité.

En 1892 Eugène Jacoby était devenu propriétaire de la maison.

Vue depuis le bras mort en 1992 Vue depuis le bras mort en 1994 Vue depuis le bras mort en 2009

Les bals et la fête patronale

Année 1840

La Villa était au départ destinée exclusivement à l’agrément des promenades. En février 1840 monsieur Lejeune, le propriétaire, avait prétendu qu’il était en droit de faire danser dans son établissement à sa volonté. Il soutenait que les adjudicateurs de la fête patronale ne pouvaient prétendre au monopole des bals.

Année 1844

Monsieur Seitz responsable de la Villa avait déclaré en mai 1844 que des bals avaient lieu dans son établissement. Vu les lois des années 1790, 1791, 1793 et l’arrêté de 1798, tous les bals publics étaient placés sous surveillance des autorités municipales. Aucun bal ne devait être organisé sans la permission du maire. Ces bals qui devaient fermer à 11 heures du soir, sauf autorisation spéciale du maire pour terminer plus tard dans la nuit, étaient sous la surveillance immédiate des officiers de police. Nul ne pouvait s’y rendre travesti, déguisé ou masqué, sauf pendant le carnaval. Aucuns bâton, canne, arme ou éperon n’y étaient autorisés. Ces bals ne pouvaient durer que jusqu’à une demi-heure avant la fermeture de la porte de France, par laquelle la rentrée à Metz pouvait se faire.

La loi de novembre 1796 avait établi une taxe sur les bals publics, du quart de la recette brute, redevable pour les indigents. Au terme d’une décision du ministre de l’intérieur de 1802, les commissaires de police devaient assister aux comptes pour constater l’exactitude des sommes reçues. Considérant que les bals qui avaient lieu à la Villa ne rapportaient à l’hôtelier que le profit sur les consommations, il avait été permis à monsieur Seitz de tenir bal dans son établissement pendant l’année 1844. Il était redevable au 11 novembre, d’une somme totale de 25 francs pour l’année en cours, payable au receveur du bureau de bienfaisance de la commune.

Année 1883

La porte nouvellement ouverte par le sieur Schaller pouvant nuire à la buvette sur la place du bal, il ne pouvait débiter de boissons dans son jardin les dimanche et lundi de la fête patronale, ni le dimanche du relève selle. Pour le cas où le sieur Schaller envisagerait cependant de vendre des boissons dans son jardin à l’occasion de la fête, l’autorisation de percement d’une porte ne lui serait accordée qu’après que la fête soit passée.

Année 1886

En 1885 la modification d’adjudication de la fête patronale avait autorisé tous les restaurateurs organisant habituellement des bals dans le courant de l’année, à organiser des bals publics dans leur locaux pendant les trois jours de la fête patronale et le dimanche du relève selle, à condition d’en faire la demande avant la mise en adjudication de la fête.

Le sieur Strasser aubergiste et adjudicataire en 1886 de la buvette sur la place du bal pendant la fête patronale, par l’intermédiaire d’un avoué avait fait poursuivre la commune en dommages et intérêts. La raison en était que par suite de l’établissement d’une porte donnant sur la place du bal avec l’autorisation de la commune, la veuve Schaller avait aussi été autorisée à vendre des boissons dans son jardin. Un dédommagement était demandé pour la perte subie par l’adjudicataire.

Le maire aurait autorisé (verbalement) la veuve à débiter dans son jardin à la condition qu’elle en ait obtenu l’autorisation des contributions et aussi qu’elle se soit entendue avec l’adjudicataire de la buvette.

Considérant que cette autorisation toute conditionnelle n’engageait en rien la commune, elle avait refusé de faire droit aux prétentions du sieur Strasser.

Le sieur Strasser dont le domicile était inconnu en 1888, avait été débouté, mais en raison de son insolvabilité au moment de son départ de Longeville, la commune avait été obligée de prendre à sa charge les frais du procès, notamment le solde des honoraires dus à l’avoué qui avait présenté la défense de la commune.

Année 1887

La veuve Schaller restauratrice et adjudicataire en 1887 tant de la fête patronale, que de la buvette à établir sur la place du bal pendant trois jours de fête et relève selle, avait fait une demande de poursuite contre la commune.

Elle réclamait 150 marks pour le motif que la veuve Thomas, également aubergiste à Longeville, aurait contrairement aux clauses d’adjudication, fait danser dans son établissement à l’occasion de la fête, soit une concurrence illégale.

L’adjudication prévoyait que les aubergistes et restaurateurs autorisés à organiser des réjouissances dans le courant de l’année pouvaient aussi organiser des bals lors de la fête à condition de verser une somme de 30marks. Seule la veuve Schaller s’était engagée à verser cette somme pour avoir le droit d’organiser un bal dans son établissement.

Aucune autre autorisation n’avait été accordée, la veuve Thomas avait fait danser dans son établissement sans demander une autorisation qui lui aurait été refusée. Ce n’est qu’après la fête que la commune avait appris cette infraction.

Le conseil municipal avait refusé d’accorder à la veuve Schaller le droit de plaider contre l’administration mais l’avait laissée libre d’intenter une action contre la veuve Thomas.

L’amidonnerie

Sur autorisation du préfet en date du 4 octobre 1847, le projet d’une amidonnerie créée par le fils Lévy dans les latrines de la Villa avait vu le jour.

Cet établissement devait se trouver entre l’abreuvoir et le lavoir communal, en partie sur le terrain du lavoir, où le projet prévoyait de faire passer les tuyaux des eaux de lavage pour les rejeter dans le bras mort.

Le conseil municipal avait élevé des protestations au motif que l’amidonnerie rentrait dans la catégorie des établissements insalubres de 1ère classe, ne pouvant plus être ouverts dans le voisinage des habitations particulières (loi du 15 octobre 1810). Elle aurait pour effet faire perdre de leur valeur aux maisons d’agrément où les propriétaires venaient pour la belle saison, souvent pour y rétablir leur santé.

L’abreuvoir communal servant non seulement aux bestiaux de la commune, mais encore à abreuver les chevaux de cultivateurs de passage, et qui n’en était qu’à quelques mètres risquait d’être infecté.

Le lavoir communal qui se trouvait à 50 ou 60 mètres serait également infecté, d’où un grand préjudice pour les 5 à 6 blanchisseuses qui exploitaient cette industrie pour les habitants de la commune, mais aussi pour ceux de la ville et notamment pour les militaires de la garnison.

Le conseil municipal avait protesté contre les exhalaisons fétides que créerait cette exploitation, mais aussi de la contamination des eaux suite aux rejets dans le bras mort, tant pour les infiltrations dans les puits, que pour l’abreuvage des bestiaux et que pour le lavage du linge.

Le canal pour conduire les eaux de lavage et les résidus de la fabrication, devant traverser le terrain de la commune dont le propriétaire de la Villa s’était emparé sans aucun droit, servait habituellement de passage aux habitants du bas du village pour communiquer avec le lavoir. Le conseil avait demandé au préfet la récupération dans le plus bref délai possible, du terrain occupé sans aucun droit par le propriétaire de la Villa.

En décembre 1847 le conseil municipal avait pris connaissance d’un rapport du conseil de salubrité donnant son avis sur l’opposition faite à l’installation d’une amidonnerie.Le conseil municipal avait été fort surpris d’apprendre que les membres d’une commission chargée de la salubrité publique, s’étaient contentés des explications de seulement le sieur Lévy personnellement impliqué dans cette création. Aucun des nombreux opposants du village, ni même le maire gardien des intérêts de la commune, n’avaient été entendus. Le conseil avait été encore plus surpris par l’incroyable légèreté de la description du procédé de fabrication que le sieur Lévy se proposait d’employer dans son amidonnerie, en passant sous silence les inconvénients qui y étaient attachés.

Plusieurs membres du conseil municipal avaient vu en activité à Metz, au n° 95 rue Saulnerie, une ancienne amidonnerie transformée d’après un nouveau système qu’envisageait d’employer le sieur Lévy. Le conseil municipal avait donné la description exacte du procédé fort simple, mais qui ne différait en rien de l’ancien quant aux inconvénients.

Le blé était mis dans des cuves qu’on remplissait d’eau chaude pour le ramollir et où il restait six jours au lieu des quinze qui étaient nécessaires par l’ancien procédé. Dès que le blé était en contact avec l’eau, il entrait en fermentation et quelques heures après cette eau était si fétide que la main qu’on y plongeait, en conservait une odeur nauséabonde qu’on ne pouvait faire disparaître qu’après plusieurs lavages des mains à l’eau et au savon.

En sortant des cuves le blé était mis sous des meules de pierre verticales et subissait un lavage à l’eau chaude, suivi d’un lavage à l’eau froide qui séparaient l’amidon du gluten, faisant passer l’amidon par des trous percés dans une plaque en tôle, d’où il tombait dans un réservoir. Cette opération ne donnait pas d’odeur qui puisse incommoder le voisinage.

L’amidon séparé du gluten se composait de deux qualités. Pour les séparer le tout était mis dans des cuves remplies d’eau. L’amidon blanc, dit de première qualité, se déposait au fond du vase et celui de deuxième qualité restait à la surface. L’amidon de moindre qualité était grillé, pour servir à la fabrication des étoffes en remplacement de la gomme destinée à fixer les couleurs. Le grillage de cette mauvaise qualité d’amidon était identique à la torréfaction du café, mais contrairement à l’odeur agréable du café, il répandait une odeur forte et pénétrante, tout aussi insupportable que celle de la fermentation du blé.

Le conseil de salubrité dans son rapport n’avait fait aucune mention de cet inconvénient. Ce rapport s’étendait longuement sur les propriétés du gluten qui ne répandait aucune mauvaise odeur puisque immédiatement livré aux bestiaux.

Le conseil municipal avait fait remarquer que là n’était pas le problème, mais qu’il s’agissait de la fermentation du blé et des eaux provenant de la fermentation.

L’exploitation d’une amidonnerie nécessitait que les meules verticales destinées à séparer l’amidon du gluten soient toujours en mouvement, qu’il y ait donc toujours des cuves en fermentation. Suite à la visite par plusieurs membres du conseil dans un établissement identique, il y avait environ 25 à 30 cuves de 20 hectolitres chacune, en fonctionnement. C’était donc environ 100 hectolitres d’eau fétide à jeter chaque jour. Celles provenant du lavage du gluten avaient moins d’inconvénients, mais venaient s’ajouter aux cent hectolitres produits par l’amidon, augmentant la masse des eaux fétides à éliminer.

Le bras mort de la Moselle étant partout de niveau puisqu’il n’y avait pas de courant, le sol de la Villa étant peu élevé au dessus du niveau ordinaire, il n’y avait pas assez de pente pour porter ces eaux dans le courant de la Moselle à plus de 250 mètres. Si l’évacuation des eaux se faisait par des conduits souterrains, ils risquaient à la longue d’être corrodés et des fuites d’eau pourraient s’infiltrer dans les terres jusqu’aux eaux de l’abreuvoir. De plus ces conduits seraient placés dans un terrain appartenant en partie à la commune qui s’opposait formellement à cette servitude. L’éventualité de faire transporter à bras cette masse d’eau fétide était inadmissible.

Le conseil municipal persistant dans son opposition, avait exprimé le vœu que le préfet veuille bien nommer des experts autres que les membres du conseil de salubrité, pour aller visiter l’amidonnerie de la rue Saulnerie et lui faire un rapport impartial sur le nouveau procédé de fabrication de l’amidon et sur les inconvénients qui en résulteraient pour la salubrité publique.

Après avoir délibéré le conseil municipal avait conclu d’une voix unanime que les droits de la commune étaient incontestables et qu’il persistait dans la résolution prise en octobre par le conseil municipal précèdent, de réclamer la propriété du terrain usurpé par le sieur Lejeune.

L’amidonnerie a probablement été construite, mais a t-elle réellement fonctionnée, le cadastre nous apprend simplement qu’elle a été détruite en 1857.

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