Ile Chambière
19 juil. 2008 michele Autour du Pontiffroy 9
L’accès à l’île Chambière passait par une poterne vis-à-vis de la rue Chambière qui en 1740 avait été transformée en porte avec pont-levis.
En 1173 l’évêque avait donné un terrain situé dans l’île aux religieux de Buris ou Thuris. (la Maxe)
L’île Chambière située entre les deux bras de la Moselle et séparée de la ville par le fossé de la fortification, était un lieu autrefois habité par des jardiniers qui y cultivaient la terre. Les habitants de l’île formaient une communauté. En 1712 la ville y possédait des pièces de terre, une pâture, et la cour aux gélines. Des terrains de mesoyages, prés, jardins, appartenaient aussi à des particuliers.
Pendant la révolution la cour aux gélines avait été transformée en blanchisserie, avec le lavoir installé vis-à-vis l’embouchure de la Seille. Le lavoir de Chambière avait été supprimé vers 1907 pour agrandir l’abattoir et des indemnités versées au locataire. La ville n’avait fourni aucun nouvel emplacement pour le lavage du linge.
Les évêques bénéficiaient de la pêche dans la Moselle près des grilles basses. Ils avaient établi un bac pour communiquer avec le grand chemin de Saint Julien. En 1740 la ville avait fait construire un pont de bois avec un péage de 3 deniers par personne. Le pont de bois avait été détruit par les eaux en 1784 et remplacé par un bac. En 1835 une société avait obtenu la concession d’un pont suspendu à péage qui avait été remplacé vers 1885 par un pont métallique.
Suite à l’arrêté de janvier 1794 les cimetières avaient été établis suivant une proportion de un décès pour 19 habitants. Les cimetières des paroisses avaient été supprimés. Les nouveaux cimetières avaient été ouverts le 1er brumaire an 7.
Les israélites avaient anciennement leur cimetière à l’entrée de Chambière. En 1619 la ville avait loué à la communauté juive une pièce de terre derrière Chambière, près des grilles du Rhimport, au bord de la rivière pour agrandir le cimetière. En 1792 les tombes du cimetière israélites avaient été renversées, le cimetière supprimé et transféré dans le milieu de la plaine de Chambière. Des fouilles avait été faites en 1903 à l’emplacement de l’ancien cimetière israélite à droite en sortant de la porte Chambière, en raison du projet de construction d’un établissement frigorifique pour la garnison. La communauté israélite qui avait revendiqué la propriété du terrain sans succès, avait recueilli les tombes et les ossements assez nombreux trouvés dans le terrain.
Bon secours avait aussi son cimetière à l’entrée de Chambière. Après la suppression des cimetières à l’intérieur de la ville il avait été créé en Chambière un cimetière pour la paroisse Saint Vincent et Sainte Ségolène.
A la porte du cimetière de Chambière une inscription Terre paisible de la vie humaine. Les inhumations n’avaient lieu qu’au lever et au coucher du soleil.
Un parc avec école de tir avait été créé en 1721 en Chambière. Une ordonnance de 1765 avait créé dans l’île une école d’artillerie. Lors de la construction du parc d’artillerie, le curé de Saint Georges avait perdu le dernier petit terrain qui lui appartenait encore dans l’île. Devant des buttes se trouvaient des tonneaux sur lesquels tirer. Quand un artilleur abattait le tonneau il était ramené en triomphe à la caserne et recevait une prime. Pendant l’été aux heures de tirs pratiqués par l’école, l’accès aux vignes de Saint Julien était interdit.
Toutes les fêtes de la révolution avaient été célébrées dans la plaine Chambière qui avait pris pour nom Champs de Mars. C’est là qu’au nom de la patrie il avait été fait des discours enflammés aux vertus républicaines faisant appel à la fraternité.
A proximité du pont suspendu, existait un port où se produisait vers 1830 un grand mouvement de bateaux entre Metz et Trèves. On y recevait des céréales, de la houille et des ardoises. Après l’établissement du chemin de fer en 1852 le port avait été abandonné. La tuilerie située près la cour aux gélines avait été détruite par une inondation.
Deux chemins bordés d’arbres conduisaient passé la porte, l’un au cimetière en longeant le polygone et l’autre au port en longeant des chantiers de bois. Au-delà du port tous les terrains étaient soit des pâturages, soit des marécages.
En 1858 la ville avait construit un abattoir entre le port, le lavoir et le chemin conduisant au cimetière. Une grande place y avait été établie pour les marchés. Cet établissement avait provoqué la fermeture des anciennes tueries de la place de la préfecture et du quartier de vignes Saint Avold et aussi la suppression du marché aux bestiaux de la place Mazelle. L’ancien bureau d’octroi qui se trouvait à l’entrée de la porte avait été remplacé par un bureau dans le pavillon gauche de l’abattoir.
Une installation pour la production de vaccin et la pasteurisation du lait distribué aux jeunes enfants avait été mise en place à l’abattoir en 1906.
L’abattoir avait été agrandi au début du 20ème siècle avec la vieille batterie contiguë et la suppression du lavoir de la ville. La ville avait acquis cette vieille fortification sans importance en cédant au fisc militaire le jardin de l’hôpital Bonsecours à l’entrée de Chambière.
En 1870 les allemands avaient occupé une ancienne redoute et les terrains en culture sur les glacis. Une nouvelle redoute près du fossé du quartier d’artillerie, avait remplacé l’ancienne.
Ils avaient construit de vastes baraquements pour les ambulances. C’est au cimetière Chambière qu’avaient été inhumés les militaires morts dans les ambulances. De vastes et profonds fours avaient été creusés pour recevoir les corps. Dans le sous-sol avaient été trouvés d’énormes arbres couchés et bien conservés. Le bois avait l’aspect et la dureté de l’ébène. En septembre 1873 la ville avait obtenu de l’autorité militaire une cession de terrain qui lui avait permis permet d’agrandir le cimetière de Chambière.
Vers 1905 le rempart de la porte Chambière avait été nivelé, la porte élargie et les fondations de l’ancienne poterne supprimée vers 1735, avaient été retrouvées. Un petit square dégageait la route conduisant en Chambière où de vastes baraquements d’isolement avaient été installés en cas d’épidémies
En janvier 1903 l’administration du chemin de fer avait mis en adjudication la construction d’un pont sur la Moselle.
Le fisc militaire avait installé en 1905 en Chambière, un vaste dépôt de combustible de la garnison, en remplacement du dépôt situé derrière la lunette d‘Arçon.
La halte de Chambière et les deux ponts sur la Moselle avaient été terminés fin 1905. Le pont sur le bras droit de la Moselle n’attendait plus que la pose des rails.
La voie ferrée traversait la plaine Chambière avec voie d’accès à l’abattoir et au magasin de combustible de la garnison près duquel se trouvait la halte de Chambière, et franchissait la Moselle sur un autre pont pour se diriger vers Woippy.
La construction en pierre rouge de la nouvelle gare de l’abattoir était commencée. Une petite voie ferrée de l’entrepôt militaire de charbon établi aux environs venait s’y raccorder.
Je ne sais pas ce qui vient parfois à l'esprit des enfants, mais, un jour, certains d'entre nous ont décidé de monter sur le pont de chemin de fer qui enjambe la petite Moselle. Et voilà qu'à la moitié du chemin nous avons vu arriver du côté de l'est ce monstre noir qui sifflait et rotait! Nous sommes à peine revenus en sécurité! Ah, superbe terrain de jeu que l'Ile Chambière!
Une fois, alors que la Moselle était basse, quelques copains et moi étaient en train de faire le tour de la rivière non loin du Pont des basses-grilles lorsque nous sommes tombés sur des restes de squelettes humains. Nous sommes partis de là et je ne sais si quelqu'un se souciait beaucoup de ce genre de choses. C'est le problème de vivre dans une région qui a des siècles de couches d' histoire. Qui peut bien connaître l'identité de tous restes humain? Mais, fortuitement, nous savons que Dieu connaît tous les gens à qui appartiennent tous les restes inconnus!
Encore un autre récit d'une aventure au cimetère de Chambière. J'étais seul à faire des bêtises quelque part au nord du cimetière. Comme il faisait tard, j'ai décidé de prendre un raccourci par le cimetière. Le temps d'arriver à l'autre bout, la porte était fermée. Dans ma panique j'ai trébuché sur des restes qui venaient d'être enlevés et je suis tombé dans la tombe ouverte. D'une manière ou d'autre, j'ai pu passer par-dessus le mur quelque part. Mes pieds n'ont pas touché le sol en courant jusqu'à la maison!
Ainsi, cet ogre fumant, effrayant et menaçant, ou bien un de ses semblable, je crois, a fini par se reposer sur le côté dans la petite branche de la Moselle lorsque les Allemands ont fait sauter tous les ponts de Metz! Ah, quel soulagement j'ai ressenti à ce moment là! J'en avais fini avec ce cauchemare vivant de ma petite enfance!
Ah, comme je garde toujours de bons souvenirs de la gare Chambière! J'y allais souvent à la rencontre de mon père descendant du train de Rombas! Et le fronton au bétail sculpté dessus! Et en attendant de prendre le train, l'horreur éprouvé de voir le monstre noir fumant et rotant à l'approche de la gare! Et les retours à la maison sous cette rangée magnifique de marronniers! A présent, je vois que cet arrêt des trains est toujours là, je souhaite qu'il pourra être conservé en tant que patrimoine du passé.
Voici une autre anecdote personnelle qui touche l'Ile Chambière. Celle-ci concerne le cimetière de Chambière. Pendant que ma mère et moi visitions des tombes, le guardien du cimetière est venu nous montrer avec beaucoup d'enthousiamet quelque chose dans le petit bâtiment tout proche. Il s'assigissait des restes carbonisés de deux aviateurs aviateurs allemands dont l'odeur était très perceptiblel Cet edifice ressemblait à celui que l'on voit sur les photos récentes. Est-ce l'originel?
Encore, qui d'entre vous se souvient-il de ce char abandonné près de l'Avenue de Bliida à mi-chemin entre la gare Chambière et le cimetière? Vous vous souvenez avoir rampé dessus en jouant à la guerre, comme si vous n'en aviez pas assez d'avoir vécu une vraie guerre! Ah, oui! C'était vraiment un sacré terrain de jeu! Aujourd'hui. je crois qu'on les appelle <aires de jeux>.
J'hésite à vous raconter cette histoire de pêche, car elle est peut-être un peu dégoutante. Comme toute l'Ile Chambière était mon terrain de jeux, j'en ai exploré tous les aspects. Dans les années 1940, l'abbatoir permettait à ses déchets de se verser dans la Moselle. J'ai utilisé des asticots de quelques restes de bétail près de l'exutoire pour attraper tellement de poissons que je pouvais à peine les ramener chez moi! Pour ne pas me blesser, ma mère les a mis en conserve dans des bocaux. Je ne savais pas cela à l'époque, mais je pense que c'était un grand <non, non>! D'ailleurs, je ne me rappelle pas avoir vu ces bocaux le lendemain. Quelqu'un se souvient-il de ce <lieu de pêche>?
Bonjour! Il y avait un passage allant de la rue Chambière qui a été utilisé pendant des siècles comme moyen de faire descendre les gros animaux à la Moselle pour les abreuver. Cette ruelle était très proche de l'endroit où commençait la rue St Médard. De temps en temps, une bande de la rive gauche descendait dans la petite Moselle pour engager un combat de pierres avec des adversaires de la rive droite. (Il paraît qu'on était de fiers partisans de notre chère Ile Chambière!) Mes lancers atteignaient à peine l'autre côté, mais certains pouvaient lancer loin. Il y avait des blessures à la tête! J'imagine que ces petits gars sont rentrés chez eux en chantent pour eux-mêmes: <Ah, maman, que te dirai-je…?>.