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Les transformations aux alentours de la porte Saint Thiébault pendant l’annexion allemande d’après les chroniques d’Henri Jeandelize



L’ancien pont-levis aux portes extérieures de Saint Thiébault avait été remplacé en 1888 par un pont fixe et des portes en fer forgé finalement supprimées en octobre 1901. Le passage avait aussi été élargi en 1891.

Le chemin de ceinture autrefois interdit entre les portes Saint Thiébault et Mazelle avait été remis en état et rendu à la circulation.

Une nouvelle association venait de se créer en février 1897, sous influence allemande, pour faire de la propagande en vue de la création du chemin de fer de la Seille.

En 1900 le projet de construction d’une nouvelle gare proche de la porte Saint Thiébault et d’une gare de marchandises au-delà du Pâté, allait provoquer le déplacement vers la route de Queuleu et du cours de la Seille qui serait dirigée directement dans le fossé des écluses de la porte Mazelle.

Tous les terrains suivant une ligne droite depuis la fontaine brûlée -passage du Sablon- jusqu’à l’extrémité sud du Pâté et se prolongeant vers la Seille, comprenant les jardins, le Pâté, les pépinières Simon et le champ de la société de tir allaient être occupés par le chemin de fer.

Un premier plan prévoyait l’établissement de la gare de marchandises sur la gauche de la route de Magny à l’emplacement du Pâté. En août1900 le conseil municipal était contre cet emplacement. Il proposait de transférer cette gare dans la vallée de la Seille telle que prévue par un deuxième plan. Il demandait que le chemin de fer de ceinture longe la rue Paixhans et que la première station reliée à l’abattoir soit établie près de la porte Chambière.

La commission chargée d’examiner les réclamations s’était ralliée au projet modifié. Le point de départ des changements serait le triangle du Sablon pour aboutir à la porte Mazelle par les bords de la Seille. La route de Magny serait directe et les grands terrains avoisinants resteraient disponibles.

En décembre le projet prévoyait que la gare de marchandises serait disjointe de la gare des voyageurs et transférée dans la vallée de la Seille.

En mars 1901 était prévue la construction d’une ligne de raccordement entre la gare de marchandises et la gare de triage du Sablon.

D’après le plan définitif, en novembre, l’emplacement de la nouvelle gare de marchandises entre la route de Magny et la ville, parallèle à la Seille occuperait un terrain de 1.000 mètres de long sur 200 mètres de large et serait à distance de 100 mètres de la route de Magny, avec une surélévation importante pour éviter les chemins à niveau et les inondations. La pépinière -4 hectares 91- de la maison Simon signalée comme la plus importante pour la culture des arbres fruitiers et d’ornements, ainsi que la culture des fleurs pour semence, serait comprise dans l’emprise de la gare de marchandises.

Le 27 février 1902 le conseil municipal avait décidé la vente des arbres existant sur les terrains mais lors de l’adjudication, il avait été découvert que ces arbres avaient été en partie enlevés par des employés municipaux, affaire qu’on avait cherché à étouffer. La ville avait alors installé un bureau pour la surveillance des travaux dans le corps de garde de la porte Saint Thiébault.

Dans les fossés de la porte Saint Thiébault de nombreux murs de soutènement avaient été construits, marquant sur le terrain nivelé la direction des nouvelles rues et formant la charpente des constructions à faire dans l’alignement de ces rues. Il y avait environ 200 ouvriers occupés à ces travaux.

Une nouvelle rue passant devant la porte Saint Thiebault, -construite en 1740 et restaurée en 1844- cette dernière serait peut-être conservée.

Le Pâté qui d’après le plan précédent, aurait été occupé par les voies ferrées, pourrait éventuellement être dégagé et transformé en promenade. Mais l’autorité militaire en avait ordonné la démolition.

Suite de la découverte des vestiges de l’amphithéâtre les travaux de nivellement de la redoute du pâté avaient subi un temps d’arrêt. Le nivellement avait repris en juillet. Grâce à un don, la société d’archéologie avait fait des fouilles qui avaient mis à découvert les murs des arènes romaines et de l’aqueduc qui y amenait l’eau. On y avait trouvé un souterrain, des colonnes de pierre blanche encore alignées et des restes de construction. Les archéologues pensaient y avoir trouvé des restes de l’oratoire de Saint Clément. De nombreux ossements humains y avaient aussi été découverts. Malgré les réclamations pour la conservation des ruines mises à jour, la direction du chemin de fer avait déclaré ne pouvoir les conserver.

Le chemin de fer avait fait procéder en août 1902 à des sondages sur les glacis entre les porte Mazelle et Saint Thiébault pour reconnaître la nature du sous sol en vue des futures constructions.

La démolition des remparts entre ces portes avançait rapidement. Les travaux avaient été commencés sur plusieurs points à la fois et les mètres cubes s’entassaient dans les fossés. Le nivellement devait être terminé pour le 1er avril 1903.

Près de la porte Saint Thiébault les travaux de nivellement avaient presque atteint la porte en octobre 1902 et de l’autre côté de la Seille on avait commencé la démolition des remparts extérieurs. Les petits ponts coquets des promenades avaient disparus et les baraques militaires en tôle ondulée ne tarderaient pas à disparaître à leur tour.

On reparlait aussi de démolir la porte Saint Thiébault. Si certains tenaient aux armes de Metz et à l’aigle qui figuraient sur la porte ils pourraient être conservés au musée.

Le 11 décembre les arbres abattus sur les remparts et les glacis entre la porte Saint Thiébault et la porte Mazelle avaient été vendus.

Les travaux dans les environs de la porte Saint Thiébault n’avançaient plus que lentement. La pluie, puis le froid intense empêchaient les travaux de maçonnerie. On ne pouvait travailler qu’au nivellement des remparts. La pompe à vapeur placée en dehors de la porte sous une baraque en planche continuait à fonctionner. On démolissait à l’aide de mine l’abri à l’intérieur de la porte. Tous les jours sur le coup de midi un service d’ordre était établi pour éviter les accidents pendant l’explosion des mines.

Un peu plus loin un hangar de débarras avait disparu. Devant la porte Mazelle une petite voie ferrée avait été installée en vue de travaux pour le déplacement du lit de la Seille.

La construction de la voie destinée à relier la future gare des marchandises aux lignes aboutissant à Metz avait été commencée ainsi que les abords de la porte Saint Thiébault.

En juin 1903 le hangar d’exercice construit à la porte des allemands avait été démoli pour livrer passage au chemin de fer.

En raison de la transformation des voies ferrées et de l’établissement de la gare de marchandises dans la vallée de la Seille, le lit de cette rivière devait être partiellement déplacé et régularisé, entre le pont à pilotis -Lothaire- et la porte des Allemands pour être dirigée directement vers le fossé de la porte Mazelle. L’écluse des fortifications de la haute Seille, qui jusqu’à présent régularisait l’écoulement de l’eau par le canal, dit de la Seille, allait être supprimée.

Le 8 juillet suivant avait eu lieu l’adjudication des travaux comprenant le déplacement de la Seille, la démolition de l’écluse Mazelle, l’établissement d’un pont et d’une digue avec deux passages de 120 mètres de long. Les travaux devaient être achevés pour le 1er octobre 1904.

Plusieurs propriétaires des environs de la place Mazelle avaient exprimé le vœu que les passages souterrains conduisant à la nouvelle gare aboutissent place Mazelle. Le chemin de fer avait repoussé cette demande.

Entre la porte Serpenoise et la porte Saint Thiébault des ouvriers avaient abattu les derniers arbres qui se trouvaient sur l’ancien glacis et les travaux de nivellement continuaient. Des wagonnets transportaient la terre destinée à combler les vides. En dehors de la porte Mazelle avait été établi un système de voies étroites pour le transport de la terre qui deviendrait disponible au fur et à mesure que se creuserait le nouveau lit de la Seille. A la porte Mazelle le nouveau lit de la Seille était à peu près creusé en dehors de la porte. Il avait été nécessaire de construire un nouveau pont.

A partir du mois d’août les travaux du chemin de fer avaient pris un grand développement depuis la porte Saint Thiébault jusqu’en Chambière. Les dragues de la Seille fonctionnaient aussi activement. Partout se trouvaient de nombreuses équipes d’ouvriers italiens venus participer aux travaux.

A proximité de la porte des Allemands avaient commencé des travaux pour les modifications du déplacement de la gare. Des ponts provisoires avaient été construits en plusieurs endroits sur la Seille, des rails et des voitures avaient été amenés pour le transport de la terre.

Une ligne contournait la ville du côté est pour fournir un millier et demi de m3 destinés à l’énorme remblai sur lequel serait établi la gare de marchandises. Comme il n’y avait pas suffisamment de matériaux dans les environs l’entrepreneur avait fait l’acquisition d’un terrain de 30 hectares situé près de la ferme de la Maxe. Le terrain creusé avait ensuite été transformé en étang malgré les réclamations des riverains.

C’est de là que partait cette voie auxiliaire qui longeait la route de Metz à Thionville pour se joindre ensuite à la voie de Metz à Thionville. Près de la fabrique Haberer la voie traversait la route départementale à l’endroit où serait établie la future station de Devant les Ponts. Ensuite elle franchissait la Moselle sur un pont en bois à côté du nouveau pont du chemin de fer en construction, traversait l’île Chambière, passait le canal de la Moselle à côté du pont de l’abattoir et s’engageait dans les terrains des fortifications. Devant la porte Sainte Barbe elle passait sur un viaduc en bois. Près de la porte des Allemands il avait fallu établir une profonde tranchée. Le passage en dessous de la route de Borny n’était pas encore fait.

On abattait les arbres du glacis sur l’emplacement du tracé. La voie traverserait alors les remparts et les fossés. Devant la porte Mazelle on construisait un viaduc en bois de quelques centaines de mètres. La voie rejoindrait celle qui existait déjà après avoir franchi la Seille sur un pont de bois. Le tracé de cette voie provisoire était le même que celui de la voie définitive.

Il y avait aussi des travaux depuis Magny jusqu’au Sablon. C’était un dédale de terrassements, de ponts, de ligne.

Les bureaux de l’octroi de la porte Saint Thiébault devaient être démolis par suite des nouvelles constructions du chemin de fer. Ils seraient provisoirement remplacés par des baraques en tôle ondulées. En septembre le chemin de fer n’était plus redevable à la ville, des droits d’octroi sur les matériaux de construction employés pour les travaux.

En novembre 1903 les travaux nécessités par le déplacement du lit de la Seille consistaient en un creusement du nouveau lit près de la porte Mazelle et l’approfondissement de l’ancien fossé des remparts jusqu’à la porte des Allemands.

Le cours de la rivière subirait encore une transformation près du pont de guerre -Lothaire-. Sur une largeur de 70 mètres la rive ouest serait élargie de plusieurs mètres. Les masses de terre provenant de ce creusement étaient transportées au moyen de wagonnets sur l’emplacement de la future gare de marchandises où elles étaient employées à l’exhaussement. Durant ces travaux l’usage du pont de guerre était interdit aux convois et corps de troupes. Les piétons ne pouvaient se servir que du passage formé par des poutrelles étroites.

Les travaux pour le déplacement du lit de la Seille avaient atteint la route de Plantières-Queuleu et devaient être terminés pour le 1er décembre 1903, mais suite à des difficultés matérielles imprévues un nouveau délai avait été nécessaire.

Les terrains de la nouvelle gare de marchandises avaient emprunté à la société de tir de Metz une partie -64 ares 68- de son stand situé le long de la Redoute du Pâté sur la rive gauche de la Seille.

Les fondations du pont de la Seille en janvier 1904 étaient avancées au point que sous peu pourraient commencer la construction des aqueducs.

Le canal de la Seille -rues Haute Seille et des Tanneurs- devait être vidé pour le 6 avril suivant. Les travaux aux portes de Allemands, Mazelle et Saint Thiébault étaient en pleine activité. On ne voyait partout que tranchées, talus et wagons chargés de terre.

A la porte Saint Thiébault les travaux avançaient, une rue était déjà entièrement pavée et partait du bureau d’octroi par les anciennes promenades pour aboutir à la place Saint Thiébault, près du bâtiment de la direction d’arrondissement.

La terre du rempart Mazelle avait servi au chemin de fer pour les remblais du Sablon. La poudrière de la porte saint Thiébault allait être démolie.

Le nivellement en juin, du rempart près de la porte Mazelle avait mis à découvert la voûte de l’ancienne porte Mazelle qui était orientée comme la porte des Allemands et occupait le terre-plein à l’extrémité de la rue Mazelle. On retrouvait le cintre de la porte faite de vieilles maçonneries supportées par des corbeaux. De chaque côté et à 10 mètres on trouvait une vieille muraille perpendiculaire à la porte de 9 m d’épaisseur et qui marquait l’enceinte de l’ancien château.

Le mur de soutènement en petite pierre bleue le long de la rue du Rempart des Allemands était formé de plusieurs maçonneries ajoutées à des âges différents. La partie de l’enceinte postérieure à 1735 était pourvue de contreforts qui n’existaient pas dans la muraille plus ancienne.

Découverte en novembre à la porte Mazelle, enfermée dans le rempart, d'une vieille muraille renfermant trois enfoncements en forme d’ogives.

La communication avec le Sablon passait par une rue située dans le prolongement de la rue des Augustins, en passant sous le tunnel du chemin de fer, pour s’embrancher avec la route de Magny et de Marly. Cette voie qui avait une circulation très importante aboutissait à la gare nouvelle de marchandises.

Une autre communication avec le Sablon, passant sous la voie ferrée, était en cours d’achèvement près de l’ancienne gare de marchandises et communiquait avec le chemin de l’église du Sablon -rue Saint Pierre-.

C’est le premier mai 1905 que la nouvelle gare de marchandises avait été ouverte. Ses onze quais de chargements serviraient si besoin aux militaires, ce qui permettrait d’avoir onze trains à disposition à la fois.

La nouvelle gare de voyageurs sortait de terre et les talus de la voie ferrée se devinaient partout.

Les portes Saint Thiébault, Mazelle et les abords de la porte des Allemands étaient complètement transformés par les travaux du chemin de fer.

La prochaine visite prévue du souverain avait fait s'activer les travaux aux abords de Saint Thiébault.

Les deux ponts du chemin de fer de Chambière avaient été achevés en mai 1906. En juin le restant de la terre du rempart des Allemands servait pour les talus du sablon. L’octroi de la porte Mazelle avait été démoli en juillet.

Des drapeaux flottants à l’échafaudage en juillet 1905, annonçaient que le tunnel sous les voies ferrées où passait la route de Magny, était terminé. D’une longueur de 120 m il était composé de six arceaux complètement indépendants l’un de l’autre. La première pierre avait été posée environ deux ans plus tôt quand l’administration des chemins de fer avait fait savoir de façon définitive qu’elle ne pouvait modifier ses plans pour laisser au jour les vestiges de l’amphithéâtre.

En septembre on embellissait le passage sous la nouvelle voie de chemin de fer. Les piles à l’entrée du passage avant d’arriver sous le tunnel allaient être recouvertes d’un carrelage vert foncé en forme de tuile. Du côté de la ville au dessus de l’entrée, serait installé l’aigle impérial avec sa couronne et quelques motifs de décoration ancienne.

Les travaux de la nouvelle gare étaient bien avancés en mars 1906. La nouvelle voie ferrée allant de la gare à la porte Mazelle et à la porte des Allemands était arrivée à bonne hauteur. Les talus de la voie ferrée depuis le Sablon jusqu’en Chambière avaient été établis avec les terres venant de la Maxe.

Le magasin à poudre de la porte Saint Thiébault avait été démoli à la dynamite et l’on avait enlevé un volume de pierres et de matériaux considérable.

Le passage voûté sous le chemin de fer permettant de communiquer avec le chemin conduisant au Sablon, près de l’ancienne gare de marchandises avait été livré au public en octobre 1906 -passage du Sablon-.

Les travaux terminés les italiens recommençaient à retourner dans leur pays et encombraient les gares et les trains.

La route de Magny allait être élargie et bordée de chantiers et établissements industriels au-delà du pont Lothaire. Le chemin de fer avait installé un grand réservoir d’eau à l’entrée du tunnel conduisant à la gare de marchandises.

L’inauguration de la nouvelle gare avait eu lieu le 17 août 1908 en présence du Ministre et des autorités. La cérémonie s’était terminée par un banquet et des discours de circonstance.

L’ancienne gare avait été fermée à 6 heures du soir et la gare nouvelle ouverte à la même heure au public qui pouvait constater les vastes dispositions des bâtiments construits avec tout le confort moderne.

La nouvelle voie ferrée du Sablon à Woippy passant par Chambière avec les deux gares de l’abattoir et de Metz Nord avaient nécessité 3.200.000 m3 de matériaux pour 9 kilomètres de voie nouvelle, 10.000.000 de kilos de fer pour la construction, 3054 pilots de béton armé de 17 mètres de longueur.

On avait démoli en janvier 1909 la vieille porte Saint Thiébault que la ville aurait voulu garder en souvenir de l’enceinte créée par Cormontaigne, mais la germanisation n’avait pas été de cet avis.

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