Hôpital Royal de Sainte Madeleine

Abbaye Saint SymphorienLors de la création en 1563 de l’abbaye Saint Symphorien près de l’église Saint Martin, l’auberge de la Chèvre avait été démolie pour élargir la rue. L’abbaye communiquait avec l’église par une voûte passant au dessus de la rue.

En 1678 une partie des filles libertines était enfermée à la prison. Elles étaient atteintes de maladies et en infectaient les troupes stationnées à Metz. Etablir une renfermerie était le moyen de mettre fin à cette situation.

En 1719 un premier projet envisageait la construction de deux maisons au lieudit « les granges de l’hôpital Saint Nicolas » appartenant à l’abbaye Saint Symphorien.

La ruelle des prés ou ruelle Chaulurelle était une ruelle étroite et malpropre qui se terminait par un cul de sac à 50 mètres de la place Saint Martin. Saint Symphorien en était le seul riverain qui en 1738 occupait les deux côtés de la ruelle. L’ancien mur extérieur avait été démoli en 1744 pour l’élargissement de la rue.

En 1753 il avait été à nouveau envisagé d’enfermer les enfants trouvés [1] et les filles débauchées. Plusieurs bâtiments étaient disponibles : le couvent de Sainte Elisabeth [2], l’abbaye du petit Clairvaux [3] [4], également la caserne de haute Seille qui venait d’être achevée, à laquelle on pouvait ajouter des terrains entre le quai de la haute Seille et la rue d’Asfeld.

Enregistré au parlement de Metz le 23 février1769, un édit du Roi [5] avait ordonné qu’une maison de retraite forcée prenant le nom d’Hôpital Royal de Sainte Madeleine, soit construite dans les terrains et bâtiments du monastère Saint Symphorien, que les religieux de cette abbaye avaient échangés contre le collège des Jésuites, rue de la Chèvre, pour se charger de l’enseignement des jeunes gens. Ceux-ci s’étaient réservés l’usage du pressoir et des cuves pour le temps des vendanges et avaient continué à stocker les grains et vins qui leur appartenaient dans les greniers et les caves de Saint Symphorien.

La somme de 20.000 livres payée chaque année par les juifs de Metz avait servi à l’entretien de cet hôpital, ainsi que l’excédent des revenus du collège. Les biens de la Madeleine étaient administrés par le bureau de l’hôpital général. Un secrétaire, un receveur, un concierge avaient été nommés. Les médecins avaient été choisis mais ne commenceraient que lorsque l’hôpital serait établi.

L’établissement était destiné à renfermer les filles et femmes de mauvaise vie qui avaient été arrêtées par des officiers de police, mais aussi les hommes et femmes qui avaient été condamnés à y être enfermés, et ce jusqu’à un effectif de 200 filles et femmes mais seulement 50 hommes.

Un quartier séparé avait été établi pour servir de lieu de correction pour les jeunes gens prodigues dont la famille avait requis l’incarcération et pour lesquels elle avait à payer la pension.

Le concierge devait juste garder les lieux mais il avait aussi été chargé de la garde de deux prisonniers enfermés à l’hôpital de la Madeleine.

Travaux à prévoir en rougeVu l’exiguïté du terrain, un nouveau plan qui comprenait tout l’îlot compris entre les quatre rues, avait été accepté le 24 février 1770. Par manque d’argent seulement deux ailes seraient provisoirement exécutées.

Le rez-de-chaussée qui longeait trois rues entourait un grand jardin remplacé par la suite par trois cours spacieuses. L’église entourée d’un cloître voûté étant trop grande pour les renfermés, une chapelle à côté de l’église servait au culte. Il n’y avait pas de cachots souterrains mais un certains nombres d’autres cachots datant de la construction.

Le travail avait été instauré dès l’ouverture, on y filait du coton mais surtout de la toile dans trois ouvroirs, deux pour les femmes, un pour les hommes. Les paresseux étaient mis au pain et à l’eau et enfermés dans des loges.

A l’origine l’effectif qui pouvait être de 250, n’était que de 82 personnes. Tous les renfermés étaient vêtus de l’habit et de la coiffure de la maison sans pouvoir en porter d’autre. Le concierge logé à l’hôpital était chargé de blanchir le linge.

En 1772 un projet de transfert au couvent des Célestins, rue d’Asfeld, face au grand séminaire, auquel on aurait joint le couvent de Sainte Madeleine contiguë [6] n’avait pas abouti.

En mai 1776 le Roi avait pris la décision de supprimer le dépôt, les filles attaquées par la maladie vénérienne ne devant plus y être traitées. Les mendiants avaient été évacués. Une exception avait été demandée pour le dépôt de Metz car il était utile pour les troupes en guérissant les filles infectées. [7] Le Roi avait finalement pris la décision de le garder sous le titre de Renfermerie de la ville de Metz. Une infirmerie avait été créée, un chirurgien et un médecin étaient chargés du soin des malades.

Le parlement de Metz en date du 25 novembre 1778 avait ordonné que les prisonniers qui s’étaient échappés de l’hôpital de la Madeleine y soient retenus durant le double de temps qu’ils avaient passé à l’extérieur. A l’avenir il en serait de même à l’égard de ceux qui viendraient à s’évader. Toute personne qui faciliterait leur évasion serait également poursuivie. En 1780 le bâtiment étant en très mauvais état, il aurait fallu l’agrandir en raison du nombre croissant de condamnés. Pour cette raison l’infirmerie des prisonniers et les filles libertines avaient été transférées au dépôt de mendicité de Saint Vincent.

Au cours de la décennie suivante des loges, cachots, salles avaient été construits, des barreaux mis aux fenêtres, des séparations faites entre les sexes et la façade reconstruite en la mettant à l’alignement.

Pendant la révolution la Madeleine était occupée par les criminels et les fous. Les renfermés valides des deux sexes étaient occupés à travailler à la filature de la laine sous les ordres d’un régisseur.

A cette période les renfermés portaient des chemises de toile d’emballage, des habits et culottes de futaine. Les stocks épuisés les renfermés étaient presque nus.

Les bénédictins étant restés propriétaire des bâtiments et du mobilier, avaient fait un inventaire de leurs biens le 17 août 1789. Dans la sacristie se trouvaient les objets du culte, à l’hôpital un stock de coton, de la laine et de la toile fruit du travail des renfermés, environ 70 paillasses avec draps et couvertures, des vêtements pour hommes et femmes [8], dans l’infirmerie 8 lits, quelques meubles et du matériel de soins.

En décembre 1789, sur ordre de Paris, seulement un chirurgien avec son élève s’occupant de la pharmacie restaient en place alors qu’un médecin et un apothicaire étaient supprimés. Il restait le concierge et le portier dont le salaire était réduit, le second porte-clé étant supprimé.

De juillet à décembre 1789, il y avait eu cent trois prisonniers dont vingt trois femmes. Fin décembre, il en restait sept, tous les autres ayant été libérés.

Après la révolution en 1790 la police réprimait avec une grande sévérité les écarts des filles de mauvaise vie et expulsait les étrangères à la ville. Le ministre autorisait un emprisonnement d’une année. Les filles traitées à l’hospice recevaient à leur sortie une feuille de route et suivaient un itinéraire sous la surveillance de la police.

Au début de la révolution les femmes et filles libertines condamnées à la réclusion avaient été enfermées à la renfermerie de Saint Vincent [9]. Au même endroit une infirmerie avait de nouveau été destinée aux sans asile, aux femmes et filles publiques atteintes de maladies vénériennes, aux filles enceintes. La Madeleine était devenue maison de détention assimilée aux prisons ordinaires.

Il y avait eu précédemment un atelier de filature et de draperie. Les détenus étaient habillés avec le produit de la vente. Après la révolution seules quelques détenues filaient encore de la laine pour le compte de deux drapiers. Pour faire fonctionner l’atelier un certain nombre de femmes de la maison de détention y avait été transféré. Le 25 août 1797 à 6 heures du matin une tentative d’évasion avait eu lieu. Les prisonniers avaient désarmé le concierge et les gardiens mais n’avaient pu s’échapper car la garde alertée par les cris de la femme du concierge était intervenue.

En 1811 l’église de Saint Symphorien qui occupait à peu près un tiers de la rue avait été démolie [10] pour agrandir la Madeleine. [11] La petite ruelle Saint Symphorien [12] avait été élargie et le transept de l’église Saint Martin avait été amoindri. Le mur de façade de la Madeleine avait été reculé et une entrée avait été créée pour la maison de correction. La nouvelle rue avait pris le nom de Lassale.

Après agrandissement la Madeleine était un long bâtiment rectangulaire divisé en deux corps de logis que séparait une vaste cour. Dans le bâtiment inférieur un dispensaire faisait face à Saint Nicolas. La prison départementale était installée dans la partie donnant sur la rue des prisons militaires. [13] Le bâtiment pouvait contenir de 250 à 300 personnes. [14] Elle avait pris la dénomination de prison de la Madeleine mais on y avait laissé l’asile pour filles et mendiants. La renfermerie était hôpital et prison.

Suite à l’incendie de l’abbatiale Saint Vincent le 14 février 1811, les filles malades avaient été transférées et soignées à la Madeleine, où un quartier était réservé aux filles atteintes de maladies vénériennes.

A la Madeleine l’infirmerie n’avait que huit lits à rideaux. Elle était devenue trop petite après avoir récupéré les malades de Saint Vincent. Une infirmière était aussi devenue nécessaire en raison du grand nombre de malades à soigner.

L’année 1812, une maladie contagieuse avait tuée 32 personnes en 6 mois.

Les filles publiques avaient été vues par un médecin en 1815 et celles reconnues malades avaient été envoyées à la maison de correction.

L’année 1816/1817 l’effectif des renfermés était monté jusqu’à 400 et un certain nombre de condamnés couchaient à 4 dans le même lit. L’association des dames de la ville de Metz, dite des bonnes œuvres pour l’éducation chrétienne des jeunes filles, étaient chargées de visiter les recluses de la Madeleine

En 1829 on avait décompté 95 malades, 25 à la maison de correction, 20 à la maison d’arrêt, 26 femmes vénériennes ou enceintes, 24 filles publiques.

Au cours des années 1830/1840 des transformations avaient été faites.

Un bâtiment pour les femmes avait été construit dans la cour et l’ancien quartier des femmes était devenu infirmerie. Les ateliers, dortoirs, infirmerie, avait été transformés en logements pour les surveillants. La maison d’asile avait été établie dans une dépendance de la maison de correction. Entre 1853 et 1856 avec environ une centaine de lits, elle avait reçu 676 hommes dont 45 étaient décédés, 1950 femmes dont 28 décédées, 75 garçons dont 14 décédés, 61 filles dont 16 décédées. Suppression en 1856 de la maison d’asile [15] qui avait été réunie à la prison. Seuls les filles mères et les syphilitiques étaient restés dans le bâtiment sous la dénomination de dispensaire départemental ouvert le 1 avril 1857.

Une salle gratuite avait été établie pour les femmes qui n’étaient pas reçues à la charité maternelle et pour les filles indigentes. Elles n’étaient admises que dans le 9ème mois de grossesse sauf si elles étaient en péril d’accouchement et devaient justifier de leur résidence dans le département et de leur indigence. Elles étaient tenues d’allaiter les enfants et de les emporter à leur sortie.

La Madeleine avait subsisté comme maison de correction jusqu’en 1895 où l’effectif masculin avait été déménagé suite au délabrement, vers la prison.

En 1904 la ville avait agrandi et transformé le dispensaire avec l’achat d’une partie de l’ancienne prison de la Madeleine. La gestion ne dépendait plus des sœurs qui ne s'occupaient plus que de la cuisine et de l'ouvroir. Un médecin avait pris la direction de l'établissement. Les vénériens venaient s'y faire soigner en raison du confort qu'ils y trouvaient.

Le reste des bâtiments avaient été acheté par la ville et avait servi de garage à partir de 1924. Le local du dispensaire était devenu grenier à grains en 1925.

Notes

[1] plus de 400 à Saint Nicolas en 1753

[2] emplacement de la maternité

[3] qui avait été supprimé et ses biens réunis à ceux de l’hospice Saint Nicolas

[4] maison Moitrier rue Chaplerue

[5] 13 octobre 1768

[6] Sainte Blandine

[7] Les soldats infectés de 1773 à 1776 se chiffraient entre 50 et 250 par mois suivant les périodes. Des précautions étaient à prendre pour empêcher que la maladie vénérienne ne fasse des ravages.

[8] principalement des chemises et tabliers

[9] le 4 février 1791 il y avait 300 renfermées à Saint Vincent

[10] construite en 1717 et bénie en 1720

[11] Il n’y avait qu’un mur mitoyen qui séparait la renfermerie de l’église Saint Martin

[12] de la place Saint Martin à la place Saint Nicolas

[13] rue Maurice Barrès

[14] 56 chambres avant l’agrandissement

[15] environ 130 personnes dont 70 vieillards infirmes

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