Hôpital de la Charité Saint Georges

Monsieur d’Aubusson de la Feuillade, Evêque de Metz avait fondé cet hôpital en 1682 sous l’invocation de Saint Georges son patron. Cette fondation avait été confirmée par lettres patentes du Roi datées à Versailles du mois de juillet 1685, puis enregistrée au parlement de Metz le 12 décembre de la même année.

Après la première pierre posée le 4 février 1686 derrière l’abbaye Saint Vincent, le long de la Moselle, l’ouverture avait eu lieu le 19 novembre 1686. L’administration en avait été confiée aux frères de la charité instituée par Saint Jean de Dieu.

Monsieur d’Aubusson y avait établi à ses frais 31 lits surmontés de son blason destinés aux hommes malades ou blessés auxquels vinrent s’ajouter 11 autres lits fondés par de charitables bourgeois. Après son décès en 1697 Monsieur d’Aubusson avait été inhumé dans la chapelle. Son cœur mis dans un gros cœur d’argent avait été placé dans la chapelle de l’hôpital.

Plan de l'hôpitalVers 1695 des lits avaient été fondés par des personnalités dont certaines n’en versaient plus les rentes, aussi le nombre de lits en service étaient de 32 lits. Sur les dix lits supplémentaires, sept étaient occupés par les religieux et les trois autres en étaient séparés par une cloison. L'hôpital était destiné aux pauvres de la ville et de la campagne attaqués de maladies ordinaires et guérissables ou blessures causées par accident.

L’hôpital était complété par une basse cour et des écuries ainsi qu’une terrasse sur la Moselle. Les religieux étaient enterrés dans la chapelle de l’hôpital et les pauvres dans le terrain environnant où un cimetière avait été créé.

En 1704 une seconde chapelle avait été fondée à l’extrémité de la première, pour la commodité des malades qui en étaient les plus proches. Une messe avait lieu dans chaque chapelle.

En 1720 par manque d’argent le nombre de lits avait été réduit à 21. Puis de nouveaux lits s’étaient ouverts, en 1731 ils étaient au nombre de 31 pour passer à 47 en 1765.

Vu la situation financière difficile, des malades pensionnaires avaient été acceptés. Le prix des comestibles avait plus que doublé depuis 1720. Un terrain appartenant à Saint Georges avait été transformé en potager. Situé de l’autre côté de la Moselle, les religieux y étaient conduits par bateau.

Vers 1740 la terrasse qui longeait la salle des malades avait été prolongée pour y créer un promenoir. En 1775 une plantation de charmille y avait été faite pour masquer l’hôpital. Un grand mur avait été construit pour cacher le cimetière. Les voisins se plaignant en 1758, de la chaux était répandue sur les corps pour éviter l’odeur.

Les malades se réunissant auparavant dans la chaufferie, en 1742 la construction de deux poêles dans l’infirmerie avait créé une salle des malades carrelée et chauffée.

Avant de quitter l’hôpital les pauvres étaient tenus de réciter dans la chapelle avant leur sortie un pater et un avé à genoux.

Les religieux ne refusaient pas de malades et n’en renvoyaient jamais. L’hôpital était destiné pour les pauvres hommes malades à l’exception des lépreux, des maladies contagieuses, des incurables, des maladies vénériennes, des enfants en dessous de 8 ans, des enfants trouvés non malades et des femmes.

Jusqu’en 1760 les soins étaient fait par les religieux qui soignaient à l’intérieur de l’établissement mais également au dehors. Les religieux faisaient avec succès certaines opérations, l’extraction de la pierre par exemple.

A partir de 1761 des chirurgiens avaient été attachés à l’hôpital pour y soigner les malades. Tous les malades qui étaient incurables et jugés tels par le chirurgien de l’hôpital, ainsi que les vieillards étaient envoyés à l’hôpital Saint Nicolas.

Le 4 février 1774 en raison de l’incendie de l’hôpital militaire des malades avaient été transférés à Saint Georges.

Le 12 décembre 1776 le Passetemps connu sous le nom d’hôtel de Morbach avait été acheté par l’hôpital dont il était contigu. 80 toises carrées d’une partie du terrain avaient été revendues en 1780 aux Ursulines pour agrandir leur établissement. [1]

Au printemps 1777 un projet de reconstruction de trois bâtiments avait été soumis à l’autorité municipale. Dans le courant de l’année précédente une cinquantaine de malades avaient été soignés à Saint Georges.

En 1778 au lieu des 62 lits prévus, il n’y en avait effectivement que 42, une vingtaine ayant été supprimée vers 1750, dont 4 étaient occupés par les domestiques et 8 dans une salle séparée n’étant d’aucun usage. Les religieux qui devaient être dix n’étaient plus que de six.

Un règlement plutôt strict réglait la vie de l’hôpital

Il était défendu de laisser pénétrer des femmes dans les locaux. Les religieux ne pouvaient boire ou manger hors de la maison et même hors du réfectoire. Ils ne devaient pas se chauffer à la cuisine, ils étaient tenus de laver eux mêmes les pieds de tous les malades entrant à l’hôpital en récitant le psaume miserere. Ils devaient laver eux-mêmes le linge sale des malades. Ils ne devaient pas stationner dans les rues, ni devant la porte, ni jouer aux cartes. Les malades devaient être traités avec grand soin et grande douceur et défense de les tutoyer. Un religieux devait toujours rester de garde dans la salle des malades. L’entrée ne devait pas être refusée à un pauvre s’il y avait de la place disponible. Les voyageurs pouvaient y rester quelques jours, aucun malade ne pouvait être renvoyé avant sa guérison. Le bouillon, le pain, le vin était de belle qualité. Pain blanc de pas plus de trois jours. Le bouillon gras et maigre de la veille était interdit. Défense de mettre dans la soupe du chou, des pois, des fèves, mais seulement de l’oseille, de la laitue ou de la chicorée. Trois fois par semaine de la viande rôtie à la broche et une fois de la volaille. Aucun religieux ne pouvait manger de volailles si les malades n’en avaient pas. Les religieux ne pouvaient faire d’opération et soigner les malades qu’à défaut de médecin. Visite du malade le matin à 8 heures et les religieux préparaient les médicaments chaque jour. Pendant trois heures les malades et blessés du dehors venaient se faire soigner à l’hôpital. Les jeunes gens voulant apprendre la chirurgie et la pharmacie étaient admis à Saint Georges.

En 1789 l’hôpital était desservi par 9 religieux qui s’appliquaient à la médecine, la chirurgie et la pharmacie et ce jusqu’à la révolution. En 1792 il restait encore 4 frères, 1 chapelain, 1 médecin pour 30 malades. Quatre sœurs quittant l’établissement des Bouillons avaient été employées à Saint Georges. En décembre, les religieux avaient été remplacés par des sœurs de Saint Vincent de Paul laïcisées.

Vers 1791 l’administration avait été remise au bureau de la municipalité de Metz.

Un inventaire avait été établi. L’hôpital situé entre cour et jardin le long de la rivière et de la rue Saint Georges comprenait un bâtiment avec une salle des malades de 43 lits, une chapelle et les objets du culte, une pharmacie et au dessus les chambres des religieux soit 5 chambres pour les religieux, une chambre pour l’élève en chirurgie. Dans un second bâtiment se trouvait la cuisine avec ses ustensiles, le réfectoire, la chambre de dépense avec 18 couverts, 4 cuillères à ragoût, un huilier en argent, 30 nappes, 87 serviettes, 56 draps et la salle de réception et l’infirmerie des religieux avec la chambre du père provincial, la vieille infirmerie avec deux lits. Un troisième bâtiment était réservé aux écuries, au bûcher, à une remise, un pressoir et à la salle de chirurgie. Un garde meuble, un grenier et un séchoir dans lequel se trouvait 76 draps et 99 chemises ainsi q’un jardin complétait le tout. La superficie totale était de 3570 m2.

Liste des Chirurgiens ayant exercés à Saint Georges [2] Dejarny 1761-1784, Midard 1761-1784, Lepage 1765, Marchant 1783, Jean Louis Marechal 1784-1787, Fristo Claude Christophe 1784, Barbier 1787, Levert vers 1790, Arnould médecin 1793-1800, Lallement Louis 1793, François le Lorrain 1793, Desoudin an 5.

Il y avait nécessité de réduire le nombre des pauvres qui était de l’ordre de 1025. A cette date quatre hôpitaux existaient encore à Metz : Saint Nicolas, Bon Secours, Saint Georges, la Charité des Bouillons.

En 1796 la direction par les Pères de Saint Jean de Dieu ayant été supprimée, la décision avait été prise de réunir l’hôpital Saint Georges à celui de Bon Secours dans les bâtiments de ce dernier, pour ne plus former qu’un seul hôpital pour les deux sexes. Les revenus et les biens étaient confondus avec ceux de l’hospice Saint Nicolas pour constituer l’administration des hospices civils de Metz.

En 1800 une lettre du préfet précisait que la réunion de ces hospices serait opérée aussitôt que la situation de leur caisse permettrait d’y faire face.

Pendant cette période de transition l’hôpital Saint Georges avait continué à recevoir les malades. Au 1er vendémiaire an 5 [3] il y avait 24 malades dans l’hôpital. 268 entrées avaient eu lieu dans l’année. L’an 8 [4] avec 43 lits pour 216 malades dont 19 étaient décédés, les ressources étaient devenues insuffisantes. En 1801 les hospices rétablissaient la chapelle de Saint Georges. Il y restait 5 sœurs ainsi qu’un chapelain.

La réunion des deux hôpitaux avait nécessité la construction d’un escalier dans la grande cour de Bon Secours pour faciliter l’accès de deux salles du premier étage destinées aux hommes de Saint Georges. Le rez de chaussée avait été réservé aux femmes malades.

Le 5 prairial an 12, [5] 17 malades de Saint Georges avaient été transférés à Bon Secours dans une salle du premier étage. L’hôpital Saint Georges était définitivement supprimé.

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L’administration avait envisagé de créer sur l’emplacement de Saint Georges et de l’abbaye Saint Vincent un hôpital général. L’administration militaire avait cédé aux hospices les bâtiments de Saint Vincent à l’exception de l’église pour y recevoir les vieillards et les enfants de Saint Nicolas. Faute d’argent le projet avait échoué et l’abbaye abandonnée pour y créer un lycée.

Le 12 mai 1808 suite à la délibération prise le 22 avril précédent par l’administration des hospices civils de Metz, les maisons de Saint Georges et de Morbach avaient servi à l’agrandissement du lycée.

La rue Saint Georges avait été fermée à ses deux extrémités. La chapelle de l’hôpital Saint Georges était devenue la chapelle du lycée.

Un procès verbal d’estimations des maisons dites de Morbach et hospice Saint Georges avait été dressé.

Le 12 thermidor an 12 [6] estimation de la valeur des deux maisons qui devaient être remise au lycée pour compléter cet établissement.

La maison dite de Morbach était composée de 4 corps de logis séparés et de deux cours. L’étendue totale de cette maison était de 1388 m2. Le corps de logis à droite de la porte d’entrée était composé de deux caves voûtées, au rez de chaussée de 4 chambres dont 3 avec cheminée, à l’étage de 3 chambres et un cabinet, par-dessus un faux grenier sous un comble en tuile creuse le tout d’une construction très ancienne et généralement en mauvais état. Le corps de logis à gauche de la porte d’entrée comprenait au rez de chaussée une cage d’escalier, une chambre à four, deux cabinets, et une remise ; à l’étage 4 chambres et par-dessus un grand grenier sous un comble en tuiles creuses. Ce bâtiment était d’une construction aussi ancienne que la précédente il présentait partout le même état de vétusté et de délabrement.

Le pavillon dans le fond de la cour réunissait une cave voûtée, une chambre à four et deux décharges avec deux tourettes servant de cage d’escalier, à l’étage 4 chambres et un cabinet, au second étage une chambre avec de faux greniers. Ce bâtiment paraissait un peu plus solide que les deux précédents, cependant les couvertures en ardoises, les planchers et les croisées étaient en mauvais état.

Le corps du bâtiment du côté de l’hospice Saint Georges était un grand grenier sous un comble de tuiles creuses. Ce bâtiment était susceptible de plusieurs grosses réparations, les tirends des fermes étaient en parties pourris et le plancher du grenier était en mauvais état. Un lavoir était attenant au bâtiment. Vu l’état de vétusté de tous les bâtiments ou les réparations considérables qui étaient à y faire l’estimation de l’ensemble était de 6.850 francs.

Hospice Saint Georges Cette maison était composée de deux cours, de deux jardins et de trois bâtiments qui contenaient une superficie de 3.570 m2.

Le premier corps de logis donnant sur la rue Saint Georges était composé de deux caves voûtées en arêtes au rez de chaussée, d’un salon, d’une cuisine, d’une dépense, d’une salle à manger, d’un corridor et de trois pièces servant de décharge. A l’étage 5 chambres avec cheminée, plafond et lambris, de deux cabinets, deux galetas et d’un corridor. Au second étage d’un grenier sous un comble en mansarde, d’un faux grenier sous un comble en tuiles. Ce corps de logis était en assez bon état.

Le corps de logis du coté de la rivière comprenait au rez de chaussée une chapelle, deux grandes salles et une pharmacie, à l’étage un grand corridor, 8 cellules et un appartement de trois pièces. Au second étage un vaste grenier sous un comble en ardoises dont le lattis et l’ardoise étaient à remanier entièrement. Ce corps de logis avec les deux jardins, la terrasse, la gloriette et la serre. En égard aux grosses réparations qui étaient à faire aux combles en ardoises et en tuiles, ainsi qu’aux croisées, planchers et portes, l’estimation était de 25.000 francs.

Notes

[1] Le Passetemps avait été construit en 1486 par Pierre Baudoche. En 1706 il était devenu la propriété de Philippe Eberhard de Bavière, prieur de Morbach qui l’avait acheté à François Aubert, avocat au parlement. Le Passetemps avait alors prit le nom d’hôtel de Morbach. En 1728 le jardin avait été converti en écurie.

[2] jusque 1761 service fait par les religieux, à partir de 1761 obligation de chirurgien

[3] 22/9/1796

[4] 1798/1799

[5] 25/5/1804

[6] 31 juillet 1804

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