Hospice Israélite
06 déc. 2006 michele Les hôpitaux 0
Si bien avant le IV° siècle il y eut une communauté juive à Metz elle disparut au XIV° siècle. Des juifs venaient à Metz le matin et en ressortaient le soir. Mais à partir du 22 juillet 1565 :1 puis 3 puis 4 juifs purent s’installer en ville au prix de divers cadeaux, taxes et redevances : Parmi ces dernières ils devaient payer 200 francs messins par an à l’hôpital Saint-Nicolas.
Le 12 juillet 1595 c’est l’assemblée générale d’une vingtaine de familles juives pour recréer la communauté juive de Metz et surtout ses diverses institutions ( direction, culte,enseignement,justice,…) 1/5ème du budget de la Communauté étaient utilisés pour la bienfaisance. Les malades indigents de la Communauté étaient soignés par des médecins juifs nommés et payés par la communauté qui fournissait également les médicaments, les soins « infirmiers » et la nourriture prescrite aidée par des femmes charitables.
Par ailleurs fut fondé en 1619 dans un vieux bâtiment sur le quai des Juifs [1] l’hospice ou heqdech qui était destiné aux malades, femmes en couche et vagabonds du culte juif qui n’étaient pas acceptés dans les institutions chrétiennes de Metz. En fait les personnes accueillies ne sont que de passage pour quelques nuits et les installations sont des plus rudimentaires : souvent de simples lits dans une ou plusieurs pièces de ce bâtiment communautaire c’était « l’hôpital des passants » ou « des pauvres ».
En 1739 fut créé un second hôpital plus proche de notre conception moderne dit « des malades » également sur le quai des juifs. Celui-ci fonctionnait avec des gardes malades et la visite de médecins. Ne pouvant faire leurs études à l’université française ces médecins juifs étaient diplômés de celles d’Allemagne ou d’Italie. Engagés par la Communauté avec des contrats de six ans ils recevaient 400 livres par an pour les malades indigents, 120 livres pour le service à l’hôpital et pouvaient avoir une « clientèle privée » qui payait 20 sous pour la première visite et 10 pour les suivantes.
A la révolution comme tout les établissements de bienfaisance l’hospice disparut. Mais de riches donateurs le firent renaître après.
En 1832 le consistoire israélite avait demandé que l’hospice devienne apte à recevoir les legs et qu’il bénéficie d’une administration gratuite. L’administration des hospices civils considérait qu’il existait deux établissements destinés à recevoir les vieillards, les infirmes, les orphelins, les malades et que ces établissements étaient ouverts sans acceptation de classe et de communion [2]. L’hospice israélite ne pouvait être à la charge de la ville vu qu’il ne serait affecté qu’à un petit nombre d’habitants et n’était donc pas destiné à devenir un établissement public.
Cependant par Ordonnance Royal du 5 mai 1832 le Gouvernement l’a reconnu comme établissement public. Un règlement avait été établi. L’hospice était dirigé par cinq membres nommés par le préfet (de la Communauté juive : un vice Président, un secrétaire, un administrateur surveillant, un administrateur inspecteur, un administrateur ordonnateur des dépenses) et présidé par le maire. Un économe exerçait gratuitement et la gestion des comptes était confiée à un receveur. Le service maison était fait par un médecin,( Beer en 1845, May en 1850, ) un pharmacien , un infirmier, une infirmière, une cuisinière et un servant.
L’hospice entretenait constamment 12 vieillards invalides, 6 hommes et 6 femmes qui y restaient toute leur vie dans une salle pour chaque sexe. 12 autres lits étaient réservés pour y recevoir les malades. Les personnes atteintes de maladies incurables et contagieuses n’étaient pas admises. S’il y avait des lits vacants il pouvait être admis des pensionnaires payants. Il était interdit à l’infirmier ou au concierge d’admettre des visiteurs sauf les parents d’un malade munis d’une autorisation du médecin. Au premier janvier 1861 se trouvaient à l’hospice 4 malades et 15 vieillards. Pendant l’année étaient entrés 14 malades dont 3 étaient décédés et 4 vieillards dont 2 décès. Avaient été guéris 10 malades et 3 vieillards qui étaient sortis de l’hôpital. À la fin de l’année il restait 5 malades et 14 vieillards.
Devant la vétusté des bâtiments à partir de 1855 avec l’aide de l’Etat , de la Ville de Metz , un emprunt et une souscription fut décidé la reconstruction de l’hospice israélite rue de l’Arsenal actuellement 41 rue Elie Bloch (du nom du jeune rabbin de Metz chargé des juifs de Metz à Poitiers et déporté avec son épouse et Myriam sa petite fille de 4 ans ½) commencée en 1865 et terminée en 1866.
Ce bâtiment neuf construit à côté de la nouvelle synagogue contenait 34 lits répartis comme suit : 13 lits pour les hommes [3], 13 lits pour les femmes, 4 lits payants [4] et 4 lits pour le personnel. Un médecin et 4 servants étaient au service des malades.
En 1869 en début d’année 30 lits étaient occupés par 19 hommes dont 3 occupaient un lit payant et 11 femmes. Au cours de l’année avaient eu lieu 27 admissions, 23 sorties et 12 décès. Au 31 décembre il restait 22 personnes hospitalisées.
Durant la guerre 1914-1918 il fut converti provisoirement en hôpital militaire . En 1927 il compte 33 lits. Il est administré par un Conseil d’administration présidé par le Maire de Metz, sous le contrôle Préfectoral. Un Médecin de ville en assure la visite.Mais les nazis le transforment volontairement en maison close la guerre suivante.
À la libération il est totalement dévasté, tandis que le « chauffoir Halphen » était détruit. Le terrain de ce dernier en partie frappé d’alignement fut échangé par la ville contre un autre mitoyen de l’hospice permettant son agrandissement.
Rouvert en 1949 il devient en 1971 la Maison de Retraite Israélite.
Des travaux sont effectués en 1981. Puis en 1993 on transforme les dortoirs en chambres individuelles avec cabinets de toilette.
Le premier janvier 1994 il s’affranchit de sa tutelle municipale et même consistoriale pour devenir une association. Devenu maison de retraite médicalisée le « Home israélite » (Association) a une capacité de 62 lits dont 10 pour les personnes atteintes de la maladie de type Alzheimer et 2 lits d’hébergement temporaire.
Le 28/9/2005 il est devenu établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes : E.H.P. A.D
En près de 400 ans cette vénérable institution est passée d’un statut communautaire à un statut public pour finir à un statut privé et autonome.
Créé pour les pauvres (se rendre à l’hospice était un signe de disgrâce) ses patients actuels ne sont pas démunis de moyens financiers.
Il est tenu d’admettre des patients d’autres confessions (actuellement 1 patient sur 5) mais la nourriture est cascher , les fêtes juives sont respectées et les pensionnaires juifs sont des survivants de la shoah.
En ses murs se trouve la synagogue Adass Yeschouroun.
Avec la participation d'Olivier Cahen pour un complément d'informations (texte en gras)