Le sa(b)lon de l’auto….
13 juil. 2005 Gérard Mémoire et point de rencontre 1
Aujourd’hui, je suppose qu’au Sablon, c’est comme partout : plus une place pour se garer, des aubergines en chaleur recherchant leurs proies, des feux rouges, des priorités, des passages pour piétons protégés, des contredanses, des retraits de points.
Des voitures transformées en caisson de survie, s’accrochant à la route, quelque soit le temps, un freinage muni de l’Abbé Hesse, guidé par une myriade de satellite, une voix de synthèse vous informant du meilleur trajet pour rejoindre la place de la République, ou de l’état du stock de pain dans chaque boulangerie.
Le conducteur est protégé, non seulement par de multiples assurances, mais aussi par des air bag, frontaux, latéraux, dans l’dos, rideaux. Ils vous protègent le thorax, et le ventre, et les jambes, et les mains, et les bras, et la tête, et le bec, alouette, aaaaaaaaaaaaaa………
De l’air, de l’air, fermons les yeux et prenons notre machine à remonter le temps. Retrouvons le Sablon quarante ans plus tôt.
Dans les rues, quelques voiture, rue St Livier, 6 voitures garées, rue Paul Diacre, 8, rue St Pierre, 12, rue St Bernard, 4. Et pas plus. La circulation était du même ordre.
Pas de problème de pollution, même si les voitures émettaient la même fumée qu’un B52 au décollage. A l’intérieur, pas d’air bag, ni même de ceinture. La seule protection était une médaille de St Christophe montée sur un aimant et placée sur le tableau de bord. « Regarde St Christophe et vas t en rassuré ». Je ne le quittais jamais des yeux.
Pas de diesel, l’essence n’était pas cher, heureusement, car les berlines avaient une consommation de formule 1. Elles marquaient leur passage par une tache d’huile au sol. Les pneus étaient souvent lisses comme mes genoux.
L’entretien coûtait cher et les garagistes souvent des margoulins. Alors, elles n’étaient pas révisées. Les freins étaient souvent usés jusqu’aux rivets, mais de toute façon, même neuve, elle ne freinaient pas. Non seulement elles ne tenaient pas la route, mais elles ne demandaient qu’à la quitter.
A l’époque, il y avait des passages cloutés. Pas avec des bandes blanches, mais avec deux rangées de clous plantés de chaque côté pour le délimiter. D’où une expression que l’on utilise toujours ; traverser dans les clous. Il est vrai que les conducteurs ne s’en souciaient guère.
Les modèles de voitures étaient souvent noires. Des tractions, quelques DS, des arondes et P60, des Versailles, des 203 et 403, des Panhard PL17, des Ford vedettes et Opel Rekord , des coccinelles, des 4CV, des 2CV, et j’en passe. Mon père avait une Frégate noire. Il louait un garage chez madame Firsion, rue des Jardiniers je crois.
Il y avait même une René Bonnet, l’ancêtre des Matra, avec un immense pare brise arrière.
En 57 ou 58, je me rappelle avoir pris une Aronde… dans la tronche. Je sortais du Sanal, rue Lothaire. J’ai traversé, peinard comme Baptiste. Puis, un coup de freins. Je me suis retrouvé sous la caisse. On m’a transporté à l’hôpital Legouest où je suis resté quelques jours. Je n’avais rien de cassé, sinon quelques neurones de grillés. Je me souviens de la visite du conducteur, les bras chargés de cadeaux et de jouets. Finalement, c’est chouette de se faire renverser par une voiture.
Je me souviens aussi des départs en vacances dans notre immeuble. Les voitures surchargées par les familles et leurs bagages qui s’apprêtaient à traverser la France.
Tout ça paraît surréaliste aujourd’hui, mais c’était comme ça, on a survécu.
C'est très bien vu tout ça. Moi, je me souviens des grandes vacances, quand on partait de Metz dans les Hautes-Pyrénnées...en 4CV ! A quatre ? Facile t'en mets deux devant et deux derrière. Je faisais partie des deux de derrière, jusqu'à ce que je vomisse et alors j'avais le droit de passer devant. Mais bon, deux jours pour descendre jusqu'à Cauterets...Finalement, le progrès, c'est beau et pourtant devant chez moi j'ai la 4L de mes parents! Comme neuve, 40000km et j'aime bien la sortir de temps en temps pour faire comme avant.