Notre ciné…

Rue St Livier, se trouvait le Lux. C’était une étape dans notre formation cinématographique. On commençait par voir le cinéma de l’Abbé, dans le sous-sol de la sacristie puis on fréquentait le Lux. Après, c’était le Pax, puis le Royal, avant de finir à l’Eden, au Palace et au Rex.

Le programme était toujours annoncé dans le républicain lorrain, un petit encadré en page 2.

Il y avait toujours du monde au cinéma, pour la séance du dimanche après midi. D’abord, on faisait la queue, qui était une joyeuse bousculade, avec quelquefois des gnons échangés. Le billet des parterres coûtait 30 francs et les balcons 55 francs. (Ce sont des anciens francs bien entendu.). Nous passions le premier contrôle, puis l’on pouvait dépenser ses quelques sous de rab au marchand de bonbon. Les carambar coûtait 10 francs, et 5 francs le demi carambar.

Dernier contrôle et l’on se retrouvait dans la salle. C’était la cavalcade pour occuper le premier rang. Les strapontins était en bois brut. Pas de garniture en tissus, pas de rembourrage en mousse. C’est vrai qu’à notre âge, nous n’avions pas encore de problèmes avec les hémorroïdes.

Avant le film, quand les lumières étaient allumées, il y avait un bruit pas possible. On s’interpellait joyeusement entre nous. Puis la lumière baissait progressivement, saluée par un aaaaah ! sorti spontanément de nos gorges déployées.

Le rideau rouge s’ouvrait et l’on percevait le bruit mécanique caractéristique du projecteur.

On n’avait d’abord droit à un documentaire. C’est la que j’ai apprécié le charme des vieilles ruines en basse Normandie, pris conscience des problèmes de l’alimentation bovine au Danemark ou encore appris les différentes phases de fabrication des roues de bicyclette.

Après cette séquence culturelle, il y avait les actualités. Evidemment, très peu de foyers avait la télévision, alors le cinéma apportait sa contribution à notre information. Le générique du Pathé journal était connu par cœur. Un coq fier, monté sur ses ergots lançait son cri stridents, puis une succession rapide de bouts de films. Le dernier, je me rappelle, était un train arrivant sur nous à pleine vitesse. La musique était triomphale, et tout de suite, les reportages noir et blanc s’enchaînaient avec un commentateur dont la voix péremptoire inimitable, apportait les éléments de compréhension. Je l’ai encore dans l’oreille, et, dimanche après dimanche, nous étions imbattable sur les questions d’actualité. « L’américain John Glenn a fait trois orbite autour de la terre…..Patrice Lumumba a été assassiné au Zaïre….. Le général De Gaulle achève sa visite en Bretagne…..Le film roumain Codine, a remporté le festival de Cannes…..Incidents avec la police lors d’une manifestation au métro Charonne….Michel Jazy améliore encore son temps…..Jean Cocteau est mort, et Edith Piaf aussi d’ailleurs….L’étrangleur a reconnu les faits…..Graham Hill est le nouveau champion du monde de formule 1…..etc, etc, etc. »

Et après ces informations, c’était les extraits des prochains films diffusés au Lux. D’abord un film Allemand, diffusé le mardi je crois, puis le film diffusé le dimanche suivant. Cela nous mettait en appétit pour la semaine suivante.

La lumière revenait après ces présentations, puis de nouveau le noir. C’était le moment tant attendu des réclames. D’abord la présentation de Jean Mineur avec le rappel du correspondant local ; agence Havas, 6 rue François de Curel, Metz. Je me souviens de l’homme de glace. Un lanceur de couteau lançait ses projectiles sur son assistant plaqué contre une planche. Chaque fois qu’une lame se plantait à un centimètre de son visage, il nous regardait en disant « Oh, j’ai chaud ! ». Puis le lanceur se trompa et lui envoya un bâtonnet glacé. Celui-ci se planta dans sa bouche. Alors, il le prit, radieux, et, en rime avec Oh, j’ai chaud, c’était, Oh, Miko.

Bon d’accord, on a fait mieux depuis, mais nous étions quand même au début des années 60.

Bon, je fatigue là, je vous raconterais la suite mardi, parce que demain lundi, je vais me baigner en Normandie…. A plus.

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