Sablon plage...

Delanoë n'a rien inventé avec le concept de Paris plage. Il y a plus de 40 ans, nous avons eu Sablon plage. C'était une des destinations favorites de tous les garnements du quartier. Nous prenions, dans une boite à sucre, notre pique nique; Biscuits, chocolat de cuisine, quelques morceaux de sucre, une pomme. Puis nous nous équipions de nos canne à peche; Un baton au bout duquel était accroché un fil de couture. Au bout, une épingle tordu. Nous prenions également un bocal vide pour ranger nos prises, et en route.

Nous prenions la rue Lothaire, passions la route de Magny à hauteur du café Bellevue, et prenions la direction du Stade pour aller vers le pont qui enjambait la Seille. Nous descendions en dessous du parapet en nous écorchant dans les ronces et arrivions sous le pont le long de la Seille.

C'était plein de cailloux, et de pierre.

Aujourd'hui on peut le voir comme un ruisseau, mais à l'époque, c'était tantôt l'Amazone, tantôt le Mississippi, tantôt le Yang tsé Kiang, comme dans le film que l'on avait vu au Lux avec Joss Randall.

Après avoir écrasé les ronces pour se faire une place, nous nous installions. D'abord, les plus courageux creusaient la terre pour retrouver des vers de terre, et nous, nous poursuivions plutot les sauterelles pour servir d'appât aux Pirhanas qui grouillaient dans le fleuve.

On installait nos gaules pour une pêche miraculeuse. En attendant, quand il faisait chaud, on enlevait nos chemises et nos sandales en plastiques achetées au bazar de la rue St Pierre. Il ne devait y avoir qu'un seul modèle et qu'une seule teinte puisque nous avions tous les mêmes.

Et puis, séance de baignade dans les eaux tumultueuses. Ces baignades étaient très saines. En effet, en amont se trouvait le choutte de Magny. C'est là que les camions des boueux déversaient quotidiennement les ordures de la région. Les eaux de pluies ruissellaient parmi les immondices pour se déverser dans l'onde pure.

Lors de ces baignades, nos petits corps fragiles ont certainement attrappés tous les microbes connus et inconnus que le bon dieu avait créé, rien que pour embêter les humains.

Notre corps a constitué ainsi une formidable base de données pour produire les anticorps nécessaires. Nous étions ainsi immunisés de toutes les maladies: Peste, choléra, variole, lèpre, fièvre jaune, malaria, etc.

Et après une après midi à Sablon plage, nous revenions joyeux vers nos maisons, nos têtes pleines de rêves.

Quand aux prises, de toute mon enfance, je n'ai jamais pris le moindre poisson, ni personne d'autre d'ailleurs.

C'était ça, Sablon plage. Il y avait aussi la fête de la musique avant l'heure. Mais j'hésite à parler de la philarmonie du Sablon, de peur de me faire censurer et exclure définitivement.

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Gérard

Effectivement tu as raison, mais notre équipement de pêcheur était loin d'être performant. Les seuls poissons que l'on pouvait attraper, c'est ceux qui étaient mort de rire en nous voyant.

Gérard vendredi, 8 juillet 2005 - 10:14
stratus

Tu te trompes en affirmant que personne ne pêchait de poissons!

En fait, il existait un endroit secret où la pêche était miraculeuse:

Après 40 ans, je peux le révéler. Il s'agissait de l'énorme buse de 1 mètre de diamètre qui déversait les égouts directement dans la Seille.

Ma mère a toujours pensé que je n'aimais pas le poisson, car je ne touchais jamais mes prises.

stratus vendredi, 8 juillet 2005 - 09:56

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