Monsieur l'curé, monsieur l'curé, faites moi crédit, faites moi crédit...

La paroisse prenait soin de ses jeunes et des distractions étaient souvent organisées. Un jour, ce fut un voyage inoubliable à Sarrebourg. Je ne sais plus qui l'avait organisé, mais il y avait les enfants de choeur, les coeurs vaillants (toujours unis, toujours prêts) et la chorale Dominique Savio.

Je ne faisait pas partie de cette chorale, mais ma soeur Odile y était. Moi, je ne suis allé qu'aux éliminatoires. Le responsable, qui s'appelait Thomassin je crois, acceptait ma candidature... si je ne chantais pas.

Nous voilà donc un jeudi de bonne heure, devant l'église, avec nos sacs de toile bleue contenant le casse croute d'à midi. Pain au lait, barre de chocolat, oeuf dur, banane, tomate, vache qui rit, petit berlingot de lait concentré sucré. A côté de ça, une gourde remplie d'eau. (je n'était pas comme un certain enfant de choeur qui piquait le vin du père Chatam, moi.)

Le car Chausson loué aux TCRM arrive. Nous montons tout joyeux. Premiers incidents: 30 gamins voulant s'assoir près du chauffeur, ce n'est pas possible.

Puis le car parti, traversa le Sablon endormi pour prendre la route de Sarrebourg.

A l'intérieur, c'était les premiers crepage de chignon. Les accompagnateurs était des saints. Pour tenir en main des gosses, il faut les faire chanter. Alors tous en choeur: "Je cherche fortuuuuune, tout au long du chemin......." et le voyage se poursuivait. " Ma tante n'a plus qu'vingt neuf poulets, ma tante n'a plus qu'vingt neuf poulets, elle en avait trente, la poule à ma tante....".

Malheur à celui qui voulait lancer un tube de l'époque de Franck Alamo, Claude François ou Sheila. Les deux seuls permis c'était Adamo et Hugues Auffray. Mais faire chanter "la nuit" à ce troupeau de bourricauts, c'était un défi. Alors, régulièrement, nous revenions au répertoir de base: "Je cherche fortuuuune, tout au long du chemin........"

Enfin, nous arrivons à Sarrebourg. Première visite d'une laiterie fromagerie. Unimel. Nous étions content car on nous a donné des yahourts. Seulement, après deux heures de car, se promener au milieu des étuves avec une odeur écoeurant de lait caillet, c'était assez risqué.

Ils auraient dû y penser avant de nous faire remonter dans le car. Parce que les yahourts voulaient tous retourner à la crèmerie.

Bref, après quelques kilomètre ponctués d'une dizaine d'arrêts d'urgence, nous nous retrouvons dans Sarrebourg. Sensationnel comme ville Sarrebourg, merveilleux, formidable, on s'y amuse à Sarrebourg.

Le midi, pique nique. Les accompagnateurs était encore mis à contribution. Ouinnn, y s'est assis sur ma vache qui rit. Psieu, y m'a cassé l'oeuf dur sur mon crane. Psieu, y m'a piqué ma banane, Psieu, j'retrouve plus mon chocolat. Aujourd'hui, ces animateurs seraient de fidèles clients de Prozac, Xanax et Lexomil. Mais à l'époque, la dépression, on ne savait pas ce que c'était.

Et le soir, nous sommes rentrés au Sablon. Le car retentissait de nos chants joyeux: "Monsieur l'curé, monsieur l'curé, faites moi crédit, faites moi crédit....."

Je suis rentré chez moi et me suis couché, la tête pleine de souvenirs et de chants joyeux. A propos de cette chanson, elle a due me marquer car j'ai fait toute ma carrière dans la banque.

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alain streiff

Je l'avoue, c'est moi qui vidais la burette de vin de messe en passant derrière l'autel "d'avant Vatican 2". Mais il y a une petite erreur dans le texte! L'ensemble des prêtres ne prenait que la dose réglementaire. Ce qui me permettait d'écluser le restant. Par contre le curé Chatam (que je viens d'aller saluer après une visite à mes grands parents au cimetière du Sablon) faisait preuve d'une très grande dextérité pour limiter la quantité d'eau et vider la burette de vin dans le calice! Il utilisait pour cela ses pouces dans une parfaite discrétion.

alain streiff mercredi, 10 septembre 2014 - 10:42

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