Schouchipiat !!!
25 juin 2005 Gérard Mémoire et point de rencontre 7
C'était ma période enfant de choeur, en 61 ou 62. A cette époque, le curé tournait le dos aux fidèles pour servir la messe. Et de chaque côté se tenait les deux enfants de choeurs. Nous étions très fiers de porter notre soutane rouge et notre chasuble en dentelle blanc. C'était une position sociale enviable.
Bien sûr, la messe était en latin et nous apprenions par choeur les confiteor et autre salve regina. Un matin, je servais en solo et c'était le vieux curé Chattam qui pilotait l'appareil céleste. Arrive le moment où il fallait dire le "Schouchipiat" L'orthographe est surement mauvaise, mais c'est en phonétique. Dieu me pardonne.
Et là, le trou de mémoire. L'horrible trou de mémoire. Je commençait comme dans l'histoire de Jacques Baudoin sur la table de multiplication. L'air mais pas les paroles.
Je commençait: "Schouchipiat" et trois tons plus bas "beleu beleu beleu beleu..."
Il était peut être un peu sourd notre vieux curé, mais en matière de prière dans SA messe, c'était un sonar. Je le vois encore légèrement se retourner en me foudroyant du regard, les yeux exorbités en me fixant, c'était Jean Gabin dans "Le Président."
"Schouchipiat !" me chuchotait il très fort.
J'avais bien compris, mais dans mon cerveau, c'était le bug. Alors, je recommençait: "Schouchipiat, beleu beleu beleu beleu..."
Le curé était alors très en colère. Il se retourna de nouveau, en chuchotant tellement fort que le fond de l'église a dû l'entendre: "SCHOUCHIPIAT !!!"
Mais quand ça veut pas, ça veut pas. Alors, le vieux curé, rouge de colère, renonça et le dit lui même.
Et puis, je ne sais toujours pas ce que ça veut dire Schouchipiat.
n'y a-t-il personne née dans les années 30 /31/32 -qui pratique l'ordi ?
Je me souviens des processions, pour la fête Dieu ! on avait des panier ,tenus par un ruban,autour du cou -rempli de petales de roses, que nous jetions, au passage de la procession.
Je n'ai fait à Metz sablon que ma communion privée, car pour la communion solennelle j'etais à Lyon, en Juin 1943.
Les année 39/40/41/42 ,avons connu :le tir du canon, les bombardements successifs, par les uns et les autres, suivant le besoin -et pendant ce temps, nous vivions la nuit dans les caves !des sacs de sable, devant les ouvertures de cave.Je me souviens aussi, alors que nous jouions dans la rue Lothaire, des avions,Messerschmit je crois, faisaient des piqués pour mitrailler.........les enfants ,on courrait en riant pour se sauver, quel inconscience, que la jeunesse !
Il me reste aussi le souvenir à l'ecole St Bernard, les cours etaient donnés par les religieuses du couvent et du jour au lendemain, le passage à l'annexion avec des instit allemands et le changement de régime : ecole très tot le matin, jusqu'à 13 h.et l'après midi que du sport -on nous emmenait sur des stades.
J'ai dû aussi, avec l'ecole , en rang, accompagnés par les maitres, aller agiter des petits drapeaux, pour acceuillir à la porte des allemands, le gauleiter, et d'autres militaires connus, je crois Goebbels parmi eux !
Les enfants, on ne comprenait pas - mais je me souviens qu'après cette ceremonie, on nous a laché à la porte des allemands, sans aucune aide,pour rentrer chez nous au sablon(moi qui ne sortait jamais de mon quartier, j'etais perdue à 8 ans ! ) Heureusement mon cousin m'a retrouvé pour rentrer à la maison.
Mes souvenirs s'arretent à la gare de Metz, quand je quitte définitivement la Lorraine.
Avoir quitté sa région natale , sans accumuler ,souvenirs, objets, etc..........dans les greniers, être en somme déracinés, vous donnent l'impression de n'appartenir nulle part !
Il vous manque toujours quelquechose .
amicalement à tous
Non, Loulette, ce n'était pas "Bitte für uns" mais "Bete für uns", ce qui nous rapproche de bête féroce, qui n'était pas mal trouvé.
en 38/39, nous n'avions pas encore l'obligation de ne pretiquer que l'allemand, à l'ecole, -c'etait difficile pour toutes les matières, surtout pour ceux qui n'avaient pas trop l'habitude ! et pourtant mon grand-père allemand d'Osnabrück, lui ne parlait que sa langue, et moi, je lui parlais en français .Plutot amusant comme conversation ! Heureusement, nous n'étions pas très bavards !
J'ai été heureuse de revoir Metz, ces dernières années -c'est devenue une ville magnifique. Ma petite amie de l'époque s'appelait Rosette Bindel, c'etait la petite épicerie au coin de la rue St Livier et rue St Pierre.Mes copains André J.André F. un Roland, une Georgette, mon cousin Richard F.Nous en faisions des sottises !
je me souviens pendant l'office religieux dans les années 38/39 -mais pourquoi en allemand , je ne me souviens plus, nous disions des prières - et nous devions répéter après le curé : Bitte fûr uns " et les enfants en riant sous cape nous disions "bête féroce"!
C'est super sympa, déj deux anciens émigrés du Sablon qui se retrouvent sur le site. L'évocation de leurs souvenirs d'enfance, vie bien différente de celle d'aujourd'hui, nous ramène quelques décennies en arrière.
Pour les plus jeunes c'est la découverte d'une jeunesse que les adultes voulaient obéissante, mais qui savait contourner les interdits.
Leurs souvenirs nous font souvent sourire avec parfois aussi de la nostalgie.
Nous attendons d'autres rencontres, d'autres histoires, de la même époque ou d'une autre période plus ancienne ou plus récente.
Effectivement, on se connait, et je pense qu'on a été un moment en classe ensemble. En tout cas, je me rappelle de toi comme enfant de choeur.
Pour la distribution de chocolat, ma mémoire me joue quelques tours. Ce n'était pas les femmes de services qui le distribuaient, mais bien les bagnards corvéable merci que nous étions. Je me rappelle des petites tasses, des cylindres métalliques avec une petite anse recouverte d'un épais caoutchouc noir. Celui ci nous évitait de nous brûler les doigts. Et après, ce furent les petites bouteilles. Le choco était froid et il n'y avait plus l'odeur si caractéristique.
Mais c'est si loin tout ça, ce sont des souvenirs d'avant guerre (du Viet Nam)
Satané mémoire. Moi qui croyais en être bien pourvue.
Je nage dans les copies papier de vos, de tes mails depuis ce matin armé d'un stabilo et je tente de regrouper désespérement mes souvenirs de cette époque.
Une précision sur notre curé Chattam. Très expert de ses mains, il arrivait toujours dans une totale discrétion rejeter la burette d'eau d'une pichenette d'un pouce tout en appuyant de l'autre sur la burette de vin pour en remplir son calice. Il restait malheureusement très peu de ce précieux liquide après ses messes et il disparaissait dans nos gosiers lors du passage derrière l'autel pendant le rangement.
Nous passions de longues heures sous le presbytère apprendre par coeur la messe en latin sans en comprendre le moindre mot. Gare au trou de mémoire en pleine cérémonie, une rétrogadation immédiate vers les "petits offices" était ordonnée. Adieu la messe de 11 h, bonjour la messe du soir et du matin.
Je suis le seul avoir réussi l'exploit d'accrocher une chaise avec ma manche de chasuble au début d'une messe de minuit, précipitant le bazar au bas des marches devant une église archi-comble partagée entre les regards de reproche et la franche rigolade. Rétrogadation immédiate aux enterrements et pour longtemps.
Heureusement qu'entre 8 et 12 ans, durée de mon "engagement", on a une puissante conviction d'immortalité, car c'est très pénible.
J'ai maintenant 53 ans et il est clair que nous nous connaissons.
Je retourne mes copies papier.