Autour des Arènes de Metz Sablon - La guerre de 1870Ce site propose une promenade temporelle autour des arènes de Metz-Sablon (France-Lorraine-Moselle). Le voyage commence a la période des Romains pour arriver à la période actuelle. Depuis Metz et sa grande région, vivez des rencontres avec l’histoire des lieux et des personnes illustres ou inconnues. Le passé récent est évoqué à travers la mémoire des Messins et des Sablonnais. Chaque lecteur de ce site peut y laisser son empreinte en relatant le souvenir d’évènements de la région, tombés dans l’oubli.2024-03-18T19:11:03+01:00promenade.temporelleurn:md5:8050c7a38e0be38e7ae93aa0585f1134DotclearLa guerre de 1870 autour de Metz - Suite et fin 10urn:md5:2fb80b56c83937dd9a8b1e430d714f272020-04-29T14:45:00+02:002020-04-29T14:45:00+02:00micheleLa guerre de 1870Guerre de 1870metznovembre 1870StrasbourgXIXe siècle <p><strong><span class="text-blue">Après la capitulation</span></strong><br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Par le médecin militaire</span></strong><br />
<br /></p>
<p><strong>2 novembre</strong> me sentant un peu mieux je viens faire un tour à <strong>Metz</strong> pour prendre des nouvelles. Nombreux changements. Les communications avec le comité central étant regardés comme impossibles notre dissolution a été prononcée.</p>
<p>Chacun s’en ira où et comme il voudra. Plusieurs sont déjà partis se dirigeant à cheval sur <strong>Thionville</strong> et la <strong>Belgique</strong>, d’autres doivent les imiter. Je pense que le meilleur parti à prendre est d’aller à <strong>Genève</strong> où j’aurai l’avantage d’arriver directement par chemin de fer. Je serai à même de recevoir facilement les nouvelles de <strong>France</strong> et de rentrer à <strong>Paris</strong> dès que l’occasion se présentera.</p>
<p>Le<strong> comte de Chabot</strong> est venu de <strong>Bruxelles</strong>, il nous apporte un peu d’argent et se charge de vendre à notre profit nos chevaux de trait. On nous laisse vendre à notre profit nos chevaux de selle. Notre indemnité échue le 25 octobre nous sera soldée.</p>
<p>Je retourne dîner à <strong>Montigny</strong> je reviendrai demain à <strong>Metz</strong> faire mes préparatifs et je tacherai de partir après demain.<br /></p>
<p><strong>3 novembre</strong> je fais mes adieux à cet excellent <strong>Delafosse</strong> qui m’a soigné comme un frère. Quoique un peu mieux je suis toujours sans appétit, sans sommeil, sans force, mais je tiens à partir persuadé que le changement d’air me réussira.</p>
<p>Départ de madame <strong>Cahen</strong> en compagnie de <strong>Lagrave</strong> et <strong>Lafitte</strong>.</p>
<p>Je promène mon cheval pour essayer de le vendre.</p>
<p><strong>Liegeois</strong> est revenu et reparti.</p>
<p><strong>Martin</strong> et <strong>Niepce</strong> vont à <strong>Nancy</strong> et en reviennent dans la journée.</p>
<p>Je partirai par un train qui sortira de <strong>Metz</strong> demain à 11 heures du matin. Je fais mes préparatifs. <strong>Ménard</strong> me fait avoir mon laissez-passer.<br /></p>
<p><strong>4 novembre</strong> je me rends à la gare, pas de train pour <strong>Nancy</strong> avant demain matin à 7 h 25.</p>
<p>Je m’adresse à l’inspecteur de la gare, vieil officier supérieur prussien, qui me fait compliment par signes sur mon brassard et me témoigne toujours par signes, beaucoup de bienveillance. Il ne parle pas un mot de français. Son employé qui s’exprime un peu mieux dans notre langue, me parle d’un train de blessés qui doit partir à 10 heures et dans lequel on me laissera entrer. Or il est 10h30 et je n’aperçois pas un blessé dans la gare, tout cela m’inquiète un peu sur l’existence du train en question. <br /></p>
<p>J’attends jusqu’à midi et demi pas de train. Je prends le parti de m’en retourner à <strong>Metz</strong>. Il va falloir passer une longue journée dans l’attente du départ. Je me trouve sans logis, je vais demander l’hospitalité à <strong>Martin</strong>, un de ses lits est libre j’y passerai la nuit.</p>
<p>Départ de <strong>Nottin</strong> avec <strong>Laugier</strong>, <strong>Bonnet</strong>, ils s’en vont à cheval accompagnés d’une voiture portant bagages et provisions. Ils prendront à <strong>Étain</strong>, <strong>Chevalet</strong> et <strong>Lorey</strong> et gagneront la <strong>Champagne</strong>.</p>
<p>Je vais faire mes adieux à l’abbé <strong>Caussonel</strong> qui est guéri de la fièvre typhoïde dont je l’ai soigné. Ses excentricités, vestiges de sa maladie, ses aventures avec les prussiens.</p>
<p>Notre dernier dîner à l’hôtel du <strong>Pélican</strong>, d’où <strong>Lefort</strong> partira demain matin avec une partie de l’ambulance par <strong>Luxembourg</strong>.
<strong>Martin</strong> et <strong>Ménard</strong> resteront avec <strong>Gillette</strong> qui est très souffrant.</p>
<p>Plusieurs autres partiront après demain.</p>
<p><strong>5 novembre</strong> je me rends au chemin de fer à 6 h30, les places sont rares dit-on, il faut arriver d’avance.</p>
<p>J’ai pour compagnons <strong>Frémy</strong> qui vient d’être très souffrant et qui est à peine remis. <strong>Lagrange</strong> et <strong>Niepce</strong> aide et sous-aide dans mon service.</p>
<p>Nous prenons nos billets et nous nous installons dans un compartiment de 3ème classe, les seuls que la libéralité prussienne mette à notre disposition. Mais il est si bon de quitter <strong>Metz</strong> que nous passons joyeusement sur ce détail.</p>
<p>Enfin le train part et nous voilà sortis de cette ville à laquelle nous semblions rivés pour toujours.</p>
<p>Mais ce n’est pas sans peine que <strong>Metz</strong> nous lâche et notre voyage menace d’être malheureux dès le début. En effet à notre grand étonnement nous passons à côté de la ligne de <strong>Frouard</strong> par erreur de l’aiguilleur prussien, mal au courant du service. Nous nous engageons sur l’embranchement de <strong>Thionville</strong>. Cette ligne est dans un état déplorable, elle a été dégradée de toutes les manières. On y a fait des retranchements, elle a servi de route à la cavalerie pendant toute la durée du blocus, le pont sur la <strong>Moselle</strong> dont on avait fait sauter une arche est réparé seulement depuis quelques jours, aucun train de voyageurs n’est encore passé par là. Aussi n’est ce pas sans inquiétude que nous suivons ce singulier chemin. Chacun se précipite aux portières, criant au mécanicien d’arrêter et agitant les chapeaux. Le conducteur du train fait retentir son sifflet mais en vain, le mécanicien n’entend pas et redouble de vitesse.</p>
<p>Nous passons le pont de la <strong>Moselle</strong> tout étonnés de ne pas descendre dans la rivière. Nous allons ainsi jusqu’à <strong>Longeville</strong> suivant une voie de plus en plus avariée et nous attendant à tout moment à un malheur. Enfin le mécanicien finit par entendre nos signaux désespérés, il stoppe et après explications il recule. Nous revenons ainsi à <strong>Montigny</strong> et nous reprenons pour de bon l’embranchement de <strong>Frouard</strong>. Cette fois nous sommes partis pour de bon et nous nous en félicitons chaudement. Un seul côté de la voie est libre au niveau de l’embranchement.</p>
<p>On est en train de déblayer l’autre voie qui avait été barrée en cet endroit. On avait placé sur les rails des roues avec leurs essieux et on avait recouvert le tout de terre de façon à former un retranchement très solide.</p>
<p>Nous arrivons à <strong>Nancy</strong> à 11h30, nous avons rencontré à <strong>Frouard</strong> un convoi chargé de troupes prussiennes se rendant dans la direction de <strong>Paris</strong>. Pauvre <strong>Paris</strong> ! Il va donc passer par les mêmes angoisses que nous.</p>
<p>Nous laissons nos cantines au buffet de la gare. La directrice du buffet nous accueille en pleurant de joie de voir des français. La ville est traitée bien durement, ça ne sont que contributions exactions de toutes sortes.</p>
<p>Elle-même n’a repris son buffet que depuis 3 jours. On lui a retiré celui de <strong>Frouard</strong> où les cantinières prussiennes se sont installées emportant tout son linge.</p>
<p>Ses deux fils ont disparus, les autorités prussiennes exigent qu’on les retrouve, prétendant qu’on doit savoir très bien où ils sont. S’ils n’ont pas reparu dans un délai donné, ils seront considérés comme engagés dans les troupes françaises et les parents verront augmenter les amendes qu’ils ont déjà subies.</p>
<p>Nous allons déjeuner à l’hôtel de <strong>France</strong> où beaucoup de nous prenaient leur repas lors de notre séjour à <strong>Nancy</strong> au début de la campagne. Les propriétaires de l’hôtel nous reçoivent avec le même plaisir. Même sujet de conversation, on nous interroge sur<strong> Metz</strong>, nous questionnons sur <strong>Nancy</strong> et sur le reste de la <strong>France</strong> dont nous ignorons complètement le sort.</p>
<p>On nous parle de projet d’armistice dont il est question depuis plusieurs jours, cependant un officier prussien viendrait de recevoir une dépêche qui annoncerait la rupture des négociations.</p>
<p>La salle à manger de l’hôtel est remplie d’officiers prussiens qui sablent le champagne avec un entrain pénible pour nous. Nous sommes les seuls français de la réunion, nous nous réfugions à une table isolée et nous entamons un déjeuner qui nous parait à nous pauvres affamés, le nec le plus ultra de l’art culinaire. Une bonne de l’hôtel brave et excellente fille nous soigne avec une vigilance toute particulière. Elle ne veut pas que nous soyons servis par le maître d’hôtel qui dit elle est un prussien. Elle veut se charger de nous et nous prodigue les attentions et les petits soins avec une recherche vraiment touchante.</p>
<p>Un peu de temps me reste avant le départ, j’en profite pour aller voir monsieur <strong>Simonin</strong>. Nous causons de <strong>Metz</strong>, de <strong>Nancy</strong>, de la <strong>France</strong>. Au point de vue médical les prussiens se sont emparés successivement de toutes les ambulances installées par la ville, la sienne seule leur a échappée jusqu’ici. Leurs médecins sont, parait-il extrêmement prodigues d’amputations.</p>
<p>Départ de <strong>Nancy</strong> à 3h45. Nous montons dans un compartiment où nous trouvons un habitant de <strong>Scy</strong>, village des environs de Metz, et un suisse habitant de <strong>Lausanne</strong>, Mr <strong>Janin</strong> membre de l’internationale. Il a été chargé par le comité de <strong>Bâle</strong> d’accompagner des caisses destinées aux ambulances prussiennes de <strong>Chalons sur Marne</strong>. Sa mission est terminée mais il lui a fallu un mois pour l’accomplir.</p>
<p>Grâce à nos compagnons, la route se fait agréablement, cependant on nous fait craindre qu’on ne laisse pas le train entrer à <strong>Strasbourg</strong>. Nous serions exposés à passer la nuit dans un petit village dans lequel tous les voyageurs du train ne trouveront certainement pas d’abri.</p>
<p>Nous avons donc la perspective de passer la nuit à la belle étoile, heureusement nous en sommes quittes pour la peur, après un arrêt de plus d’une heure à la station de <strong>Brumath</strong>, nous nous dirigeons sur <strong>Strasbourg</strong>.</p>
<p>En approchant de la ville, bien que la nuit soit entièrement tombée, nous apercevons les tranchées construites par les prussiens pour installer leurs batteries. Bientôt nous sommes en vue des fortifications et nous pouvons nous en faire une idée des effets des bombardements. Le rempart est criblé de trous, certains endroits commencent à former brèche. On ne voit que pièces de bois étendues à terre et rongées par le feu.</p>
<p>Dans la gare ce ne sont que bâtiments incendiés, toits effondrés, voitures éventrées. Tout est encore à la même place et dans le même état qu’au jour du bombardement. Seule la gare des voyageurs a été réparée.</p>
<p>Nous descendons à l’hôtel où nous trouvons d’excellentes gens qui de même que ceux de <strong>Nancy</strong> sont enchantés de voir des figures françaises. Bien qu’il soit 10 h du soir la conversation s’engage et ne tarit plus sur nos malheurs en général et ceux de <strong>Strasbourg</strong> en particulier.</p>
<p>On a souffert affreusement il fallait habiter dans les caves où l’on ne trouvait guère de sommeil. Impossibilité presque complète de sortir pour aller aux provisions. On risquait à tout moment d’être atteint par quelque projectile. Près de deux mille habitants de la ville ont été tués soit dans les rues soit chez eux. La ville est ruinée pour longtemps mais elle n’a pas perdu son attachement à la <strong>France</strong>, bien au contraire, et c’est plaisir d’entendre l’expression de ces sentiments.</p>
<p>Si la ville doit rester aux prussiens, une foule d’habitants quitteront la ville. Il y restera seulement ceux que des établissements attachent à la ville. Les prussiens ne voient pas ces dispositions d’un mauvais œil. Partez disent-ils vous ferez de la place à d’autres.</p>
<p>A ma grande surprise j’entends assez mal parler du général <strong>Ulrich</strong>. Les uns l’accusent d’avoir mal défendu la ville, les autres prétendent qu’on ne le voyait jamais sur les remparts, d’autres vont plus loin encore. Il ne faut voir dans ces assertions selon toute probabilité que cette tendance de l’esprit français qui ne nous permet pas d’admettre que nous soyons vaincus par notre propre faute ou même par des circonstances malheureuses.</p>
<p>La responsabilité doit porter sur un seul ou sur quelques-uns qui n’auront pas, dira t-on, fait leur devoir. Les grosses accusations ne se font pas attendre et font assez bien leur chemin.</p>
<p>En revanche on fait l’éloge le plus général de l’amiral <strong>Excelman</strong>, du capitaine de vaisseau et de leurs marins. Ils se sont admirablement conduits. L’amiral se montrait constamment sur les remparts. Ils étaient chargés de défendre la lunette 56. Ils ont fait à l’ennemi le plus grand, tort et lorsqu’au jour de la capitulation, on leur a ordonné de cesser le feu, ils ont précipité leurs canons dans les fossés. Cette vaillante troupe avait été envoyée à <strong>Strasbourg</strong> au début de la campagne afin de monter et de diriger les canonnières qui devaient circuler sur le <strong>Rhin</strong>. Que nous sommes loin de ces projets !</p>
<p><strong>6 novembre</strong>
Nous employons la matinée à visiter la ville. La guerre s’étale là dans toute son horreur. Un bon nombre de ses empreintes les plus légères ont pu être masquées dans une certaine mesure, mais son œuvre de destruction a été si complète qu’elle subsiste encore presque dans son entier. <br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Que de temps et d’argent ne faudra t-il pas avant d’arriver à la réparation !</p>
<p>Presque toutes les maisons sont plus ou moins atteintes, sur tous les toits des tuiles plus neuves forment des taches qui indiquent les trous pratiqués par les obus. Presque toutes les façades portent des traces telles que trous, pignons écornés. Ce sont là les quartiers épargnés, de temps à autres on rencontre une place vide, là fut une maison incendiée.</p>
<p>La bibliothèque et le musée sont complètement détruits avec tout ce qu’ils contenaient. Les quatre murs ne restent même pas en entier. Il semble qu’on se soit acharné sur ces bâtiments car les maisons voisines ont peu souffert. C’est bien là l’œuvre d’une nation qui prétend tenir à la main le flambeau de la science ! Elle nous a surtout montré dans cette triste guerre son ardeur à brandir la torche incendiaire.</p>
<p>La cathédrale a beaucoup souffert aussi de ce vandalisme. Le désastre est moindre cependant que je ne l’avais crû. La toiture ne s’est pas effondrée comme on l’avait dit. S’il y en a eu des dégâts de ce côté ils ont été réparés. C’est sur la flèche que l’artillerie ennemie s’est particulièrement acharnée. La façade nord de la flèche est la plus endommagée, celle qui se trouve du côté du portail a été un peu plus ménagée. D’une manière générale c’est le côté nord de la ville qui a le plus souffert, les batteries prussiennes étant établies dans cette direction. La façade nord de la cathédrale a souffert aussi mais moins que la flèche et l’on voit bien clairement que tous les efforts de ces nouveaux barbares se sont concentrés sur cette merveille de l’art.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9258.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Une maison située exactement en face de la flèche et dans son axe par rapport aux batteries, et sur laquelle tombaient les projectiles qui n’arrivaient pas à la tour, est complètement détruite, tandis que celles du voisinage sont relativement épargnées.</p>
<p>Au pied de l’édifice sont d’énormes blocs de pierre de toutes les formes arrachés de tous côtés aux parties les plus délicates de cette dentelle de pierre. Ce ne sont que corniches écornées ou emportées, que statuettes mutilées, que colonnettes rompues, que rosaces privées de leur nervures, que niches presque détruites, dont les restes sont suspendus dans le vide, retenues encore par leurs armatures de fer.</p>
<p>Jusqu’à la croix elle-même qui surmonte la lanterne n’a pas trouve grâce devant ces nouveaux iconoclastes. Elle est à demi couchée dans l’espace. Que de mal ne s’est t-on pas donné pour atteindre à une pareille hauteur un corps aussi ténu ! Que d’application dans le tir et quelle persistance dans la volonté de détruire. Il parait d’ailleurs que les officiers d’artillerie prussienne se sont glorifiés depuis, de leur adresse, ils se sont vantés d’avoir fait de la croix une cible sur laquelle les paris étaient ouverts. Depuis l’occupation ils ont fini par sentir l’odieux de cette profanation, ils ont placé autour de la croix quelques échafaudages pour la redresser.</p>
<p>L’intérieur de l’édifice a moins souffert qu’on ne l’avait dit, la voûte s’est elle effondrée ? Il n’y parait plus guère, la toiture seule s’est effondrée, la voûte était percée dans un grand nombre d’endroits, elle formait une vaste écumoire. Les principaux dégâts étaient réparés lors de mon passage. Ils ont été constatés par tous les voyageurs qui sont allé s à <strong>Strasbourg</strong> peu après la capitulation.</p>
<p>Les objets d’art tels que la chaire, l’horloge sont intacts. L’orgue a été traversé par un ou plusieurs projectiles qui ont mis sens dessus dessous les tuyaux. Un grand nombre de vitraux ont été brisés.</p>
<p>Si de la cathédrale on se rend à la promenade¸ on se trouve après avoir passé devant maintes maisons détruites de fond en comble, en face du théâtre ou plutôt de ses restes. En effet les murs seuls subsistent et dans quel état !</p>
<p>Nous approchons de la partie qui a été le plus maltraité, nous sommes en effet sur les bords de l’<strong>Ill</strong> qui coule au pied des remparts. Toutes les maisons qui bordent la rivière sont effondrées ou éventrées. Ce qui reste de mur est criblé d’éclats de bombe, les murs du quai sont en maints endroits couchés dans la rivière.</p>
<p>Un gros mur du château a résisté avec une puissance étonnante, c’est une épaisse muraille de briques qui entoure un jardin. Les boulets l’ont entamé de tous côtés, un surtout est entré très profondément en faisant une immense ouverture conique dans laquelle il a éclaté. Il a emporté un énorme morceau mais il n’est pas arrivé à perforer son viril et solide adversaire.</p>
<p>A quelques pas de là on traverse l’<strong>Ill</strong> sur un pont qu’il a fallu relever et on entre dans le faubourg de la Pierre. Ici les bombes ont fait merveille. C’est le comble de la désolation tout ce quartier n’est plus qu’un monceau de décombres, pas une maison debout, la plupart sont au ras du sol, les autres montrent encore un ou deux étages représentés par des pans de murs que l’on craint à chaque instant de voir s’écrouler.</p>
<p>Ce quartier ne peut mieux se comparer qu’à celui de certains lieux de <strong>Paris</strong> lorsque les démolisseurs d’<strong>Haussmann</strong> y avaient achevé leur tâche.</p>
<p>Aussi loin que s’étend la vue, on aperçoit que des bâtiments effondrés et ce ne sont pas seulement des maisons pauvres et mal bâties qui ont été ravagées avec cette fureur. Des restes nombreux de belles pierres, des vestiges d’architecture provenant de solides constructions, alertent de la violence des moyens de destruction. Nous arrivons à la <strong>porte de la Pierre</strong> qui est aussi dans un triste état et nous voulons sortir de la ville pour juger de l’effet du bombardement sur les remparts, mais nous avions compté sans le poste prussien qui garde cette porte et qui nous empêche absolument de passer.</p>
<p>Le palais de justice, la préfecture ont été cruellement maltraités comme le reste. A chaque pas on rencontre des monuments, des églises qui ne sont plus reconnaissables que par quelques pans de murs sur lesquels figurent une fenêtre en ogive ou les débris d’une rosace.</p>
<p>Partout la désolation, il n’y a pas de demi mal là ou l’œuvre de destruction a commencé, elle ne s’est pas arrêtée. C’était ce que cherchaient les prussiens.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9259.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Chaque fois qu’un incendie avait été allumé par les bombes, le feu redoublait et on envoyait sur le bâtiment enflammé et sur les environs, quantité de boites à mitraille qui répandaient la mort parmi ceux qui cherchaient à arrêter les progrès des fléaux. La citadelle n’est qu’un amas de décombres, unique en son genre.
Il faut enfin quitter cette malheureuse ville où tout contraste, les ruines, la multitude des soldats allemands, les affiches moitié allemandes moitié françaises où les conquérants intiment des ordres de style hautain.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9260.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Nous déjeunons et nous partons pour <strong>Kehl</strong>, nous passons sous une porte mise à jour par les projectiles et nous parcourons cette avenue si belle jadis qui joint <strong>Strasbourg</strong> au pont de <strong>Kehl</strong>.</p>
<p>Tous les arbres ont été coupés sur la droite, on rencontre les ruines de deux batteries qu’avaient établies les prussiens, mais qui n’ont pas tenues longtemps devant le feu des marins. D’ailleurs la plaine était inondée et l’ennemi n’a pas pu s’approcher beaucoup de la ville de ce côté.</p>
<p>Partout sur la ligne des remparts se voit la trace des boulets. Au pont de bateaux on nous fait descendre de voiture, nous et nos sacs de nuit, le reste des bagages reste dans la voiture, même les couvertures. On demande une explication.</p>
<p>A l’autre bout du pont c’est bien autre chose, on nous fait passer dans une longue galerie d’où nous sortons à moitié asphyxiés par le chlore. Nous sommes donc atteints de quelque maladie contagieuse, avons-nous traversé quelque contrée pestiférée, je n’en sais rien mais le résultat de cette opération me parait bien compromis, nos bagages n’y étant pas soumis comme nous.</p>
<p>Le pont de chemin de fer sauté n’est pas rétabli encore. La partie détruite baigne toujours dans le <strong>Rhin</strong>. On est en train de la remplacer provisoirement par une passerelle en bois sur laquelle une seule voie pourra être placée.</p>
<p>La gare est fortement endommagée par les boulets français, on ne peut pas s’en servir encore. Le service des voyageurs se fait dans un hangar de la gare aux marchandises. Là on nous apprend qu’on nous a donné une fausse indication sur la direction du train qui va partir et qui s’en va sur <strong>Karlsruhe</strong>. Nous avons deux heures à attendre avant que notre tour arrive.</p>
<p>Monsieur <strong>Janin</strong> nous offre de nous donner le moyen de voyager gratuitement comme il le fait sur les lignes allemandes. Celles-ci donnent cet avantage aux ambulances volontaires. A cet effet il faut s’adresser à l’Etapen Commando de l’endroit qui vous délivre un papier intitulé Requisitionshein qui sert de laisser passer. Nous allons donc trouver l’etapen commando qui nous délivre notre permis.</p>
<p>Deux heures nous restent, nous les employons à nous promener dans cette longue rue qu’on appelle <strong>Kehl</strong>. La ville a beaucoup souffert du canon de <strong>Strasbourg</strong>, un assez grand nombre de maisons sont complètement détruites, je reconnais avec plaisir que nos boulets ont épargné l’église.</p>
<p>Mais l’heure du départ approche, nous rentrons à la gare et nous nous dirigeons vers le train. Monsieur <strong>Jamin</strong> s’installe dans un compartiment et nous nous disposons à en faire autant, mais <strong>Niepce</strong> a l’imprudence de montrer notre requisitionshein à un employé à figure sournoise, qui lui répond immédiatement en très bon français. Votre permis ne vous donne droit qu’au parcours sur les trains ordinaires, le train qui va partir est un train poste vous ne pouvez monter.</p>
<p>Nous réclamons sachant parfaitement que le parcours sur les trains poste est autorisé quand on n’a pas de bagages encombrants. Nous allons au bureau, rien n’y fait, on nous objecte toujours le règlement. Il nous faut payer nos places ou attendre encore deux heures un train qui au lieu de nous mener jusqu’à <strong>Bâle</strong> comme celui qui est en partance, nous fera coucher à <strong>Fribourg en Brisgau</strong>.</p>
<p>La hâte de fuir les pays allemands, l’horreur des casques à paratonnerre, nous engage à passer sous ces fourches caudines plutôt que de rester un jour de plus sur le territoire allemand. Nous nous exécutons, nous prenons des billets et nous montons dans le train accompagnés du sourire sardonique de notre conducteur enchanté d’avoir joué un si bon tour à des français.</p>
<p>A <strong>Appenweir</strong> nous quittons notre train qui se dirige sur <strong>Karlsruhe</strong> et nous attendons une grande heure le train de <strong>Bâle</strong>. Pendant le trajet on nous demanda plusieurs fois nos billets pour juger de sa valeur, querelle d’allemand qu’on nous avait cherché à <strong>kehl</strong>. Nous nous gardons de montrer nos billets nous présentons notre réquisition.</p>
<p>L’empoté conducteur n'a même pas laissé à <strong>Niepce</strong>, le temps de tirer la notre de la poche à la seule vue de celle de monsieur <strong>Jamin</strong>. Il se retire sans demander plus. La conduite de ce brave homme nous édifie complètement sur la mauvaise foi des gens de <strong>Kehl</strong>.</p>
<p>A 8 h et demi nous arrivons à <strong>Bâle</strong> sur le sol hospitalier de la <strong>Suisse</strong>. Nous ne verrons donc plus d’uniformes prussiens.</p>
<p>Nous descendons au <strong>Schweizerhof</strong> où on nous fait attendre une heure un dîner pourtant bien court.</p>
<p><strong>7 Novembre</strong>Départ de <strong>Bâle</strong> à 7h25 du matin. La présentation de nos cartes d’ambulance nous fait obtenir la demi place.</p>
<p>Nous nous retrouvons en wagon avec le capitaine blessé qui partait de <strong>Metz</strong> en même temps que nous. Nous lions conversation et nous voila bientôt formant dans ces grandes voitures où tout le monde est réuni et peut circuler librement, un groupe où l’on discute avec animation les affaires de la guerre et le siège de <strong>Metz</strong> en particulier.
Nous trouvons là un habitant de <strong>Strasbourg</strong> qui nous raconte différents détails sur le bombardement qui nous intéressent vivement.</p>
<p>Les sujets de conversation affluent et nous arrivons sans nous en apercevoir à <strong>Berne</strong> où nous déjeunons à la hâte, encore sommes nous obligés de renoncer à la moitié de notre breakfast grâce à la lenteur qu’on met à nous servir.</p>
<p>Nous changeons de train, nos compagnons de route se retrouvant dans la même voiture et les causeries reprennent. Un jeune homme m’aborde, il est inspecteur des finances et chargé par le gouvernement d’une maison en <strong>Suisse</strong>.</p>
<p>Tout en causant le voyage se fait rapidement, nous passons devant <strong>Fribourg</strong> et nous apercevons le <strong>Léman</strong>.</p>
<p>Ces messieurs reparlent tous de l’armistice dont il avait été question à <strong>Nancy</strong>. On le regarde comme signé, les journaux en parlent dans le même sens.</p>
<p>Monsieur <strong>Jamin</strong> nous quitte à <strong>Lausanne</strong> en nous promettant de venir à <strong>Genève</strong> demain dans l’après midi, afin de s’occuper de nous trouver une pension qui soit moins onéreuse pour nos bourses, que les hôtels. Arrivée à <strong>Genève</strong> à 4 heures.</p>
<p>D’après le conseil de monsieur <strong>Jamin</strong>, nous descendons à l’hôtel de <strong>la Balance</strong> où l’on nous donne une chambre affreusement triste et des lits détestables. <strong>Lagrange</strong> nous quitte à 5 h 35 partant pour <strong>Chalons sur Saône</strong>.</p>
<p><strong>8 novembre</strong> <strong>Niepce</strong> part de grand matin allant à <strong>Pontcharra</strong>. Nous restons <strong>Fremy</strong> et moi seuls, enviant le sort de nos deux camarades qui vont avoir la joie de retrouver leur famille.
Quand reverrons nous la nôtre ?
Je vais faire visite à madame <strong>Rilliet</strong> qui de la manière la plus gracieuse me fait accepter l’hospitalité chez elle.</p>
<p><strong>Fin du récit</strong></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-Suite-et-fin-10#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2688La guerre de 1870 autour de Metz - Suite 9urn:md5:25bb9e7f314eead7ec038b0cf1b0c4b72020-04-19T13:59:00+02:002020-04-19T13:59:00+02:00micheleLa guerre de 1870capitulation Metz 1870guerre 1870 <p><strong><span class="text-blue">La capitulation de Metz</span></strong><br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Octobre 1870</span></strong><br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Notes officielles</span></strong> <br />
<br /></p>
<p><strong>26 octobre</strong><br /></p>
<p><strong>Rapport au médecin major sur l’infirmerie de la réserve d’artillerie.</strong><br /></p>
<p>L’infirmerie ayant été donné ce matin par nous au maréchal commandant en chef, les malades qui tous étaient en meilleur état ont été renvoyés à leur batterie.<br /></p>
<p>Il y a eu en tout dans les 5 batteries, dix neuf hommes exemptés la plupart pour affection extrême.<br /></p>
<p>Il n’a pas été relevé un seul billet à l’hôpital ce matin. Des hommes préfèrent rester à leur corps que venir aux hôpitaux de Metz.<br /></p>
<p>Demain la visite sera passée aux camps à 8 heures. <br />
<br /></p>
<p><strong>27 octobre</strong> <br /></p>
<p><strong>Circulaire</strong><br /></p>
<p>Les commandants d’artillerie sont invités à se trouver aujourd’hui à midi et demi au bureau du général commandant l’artillerie et à donner des ordres pour que les officiers et la troupe ne s’absentent pas de leurs campements.<br />
<br /></p>
<p><strong>28 octobre</strong><br /></p>
<p><strong>avis</strong><br /></p>
<p><strong>Copie prise au quartier général de la ronde pour les réserves.</strong><br /></p>
<p>La capitulation a été conclue hier de manière à sauvegarder autant que possible les intérêts des officiers.<br /></p>
<p>Demain 29 à midi la porte <strong>Mazelle</strong> et les forts seront remis au roi à 10 heures.<br /></p>
<p>On fera l’inventaire du matériel dans les forts. Les armes seront versées aujourd’hui même dans les forts. L’artillerie de réserve versera à 3 heures ses armes, les officiers seront présents les munitions seront livrées également.<br /></p>
<p>Demain 29 à midi les troupes du 6ème corps seront conduites par leurs officiers jusqu’à hauteur de <strong>Ladonchamps</strong>, et de là les officiers prussiens les conduisent à leur camps. <br /></p>
<p>Les officiers français rentreront soit dans leur lignes, soit à Metz et ne pourront franchir les lignes sans autorisation, restant prisonniers de guerre sur parole.<br /></p>
<p>On laissera aux officiers leurs armes, leurs chevaux et leurs ordonnances ainsi que leurs bagages.<br /></p>
<p>Il y aura deux catégories d’officiers : <br /></p>
<p>1er) ceux qui seront prisonniers en Allemagne <br /></p>
<p>2ème) ceux qui resteront en France sous condition de ne pas servir pendant la campagne.<br /></p>
<p>Les médecins ne sont pas prisonniers.<br /></p>
<p><strong>Circulaire explicative du protocole</strong><br /></p>
<p>D’après le protocole, les officiers qui opteront pour la captivité conserveront leur épée ou sabre, ainsi que tout ce qui leur appartient personnellement.<br /></p>
<p>Il en résulte que toute autres armes que l’épée ou le sabre ne pourront être conservées. Elles devront être versées à l’arsenal de Metz, munies d’une étiquette.<br /></p>
<p>Par ces mots ce qui lui appartient personnellement, il faut comprendre les bagages, les chevaux qui sont la propriété des officiers, en un mot tout ce qui n’appartient pas à l’état.<br /></p>
<p>Les officiers pourront encore conserver leurs ordonnances réglementaires.<br /></p>
<p>Les domestiques civils seront libres de rentrer dans leur foyer.<br /></p>
<p>Quant à la troupe il est bien entendu que les soldats conserveront leur sacs, tentes, couvertures, marmites etc… c'est-à-dire tous leurs effets et objets de campement.<br /></p>
<p>L’exécution des articles du protocole s’effectuera de la manière suivante.<br /></p>
<p>La remise des armes aura lieu aujourd’hui et demain conformément aux prescriptions de la circulaire n° 3 déjà citée, qui est envoyée à chaque corps.<br /></p>
<p>Les grands gardes resteront armés et à leurs postes jusqu’à demain midi, heure d’arrivée des troupes prussiennes.<br /></p>
<p>Elles devront alors se replier, elles se conformeront à la circulaire n° 3 déjà citée.<br /></p>
<p>Resteront également armées et à leur poste jusqu’à demain midi, une compagnie par fort, y comprit le fort <strong>Saint Privat</strong> et un régiment de la division <strong>Laveaucoupet</strong> dans la place de <strong>Metz</strong>.<br /></p>
<p>Demain matin dès le réveil les barricades des routes seront enlevées et ces routes mises en état de viabilité.<br /></p>
<p>Demain à 10 heures du matin, les grands gardes devront laisser passer les détachements prussiens d’artillerie et du génie, qui se présenteront pour aller dans les cinq forts recevoir livraison des magasins à poudre. Les commandants de ces magasins feront cette remise et conserveront avec leur compagnie la garde de l’ouvrage jusqu’à midi, comme il a été dit précédemment.<br /></p>
<p>A midi les troupes prussiennes se présenteront pour occuper les 5 forts et la porte <strong>Mazelle</strong> en suivant les routes ci après : <br /></p>
<p>devant le fort <strong>Saint Quentin</strong> par le chemin de <strong>Châtel</strong> à <strong>Lessy</strong><br /></p>
<p>devant le fort de <strong>Plappeville</strong> par la route d’<strong>Amanvillers</strong> à <strong>Plappeville</strong><br /></p>
<p>devant le fort <strong>Saint Julien</strong> par la route de <strong>Sainte Barbe</strong> à <strong>Saint Julien</strong><br /></p>
<p>devant <strong>Queuleu</strong> par la route de <strong>Grigy</strong> à <strong>Metz</strong><br /></p>
<p>devant <strong>Saint Privat</strong> par la route de <strong>Frescaty</strong> à <strong>Saint Privat</strong><br /></p>
<p>devant la porte <strong>Mazelle</strong> par la route de <strong>Grigy</strong> à <strong>Metz</strong><br /></p>
<p>Les grands gardes et les commandants des forts se conformeront à ce qui a été dit plus haut.<br /></p>
<p>Un chef de bataillon du régiment désigné pour la garde de la place de <strong>Metz</strong> sera chargé de la remise de la porte <strong>Mazelle</strong>.<br />
<br /></p>
<p>Demain à 1 heure le départ des troupes françaises aura lieu conformément à l’article VIII dans les directions ci après :<br /></p>
<p>Le 6 ème corps et la division de cavalerie de <strong>Forton</strong> suivront la route de <strong>Thionville</strong> jusqu’à <strong>Ladonchamps</strong><br /></p>
<p>Le 4ème corps sortant entre les forts de <strong>Saint Quentin</strong> et de <strong>Plappeville</strong> par la route d’<strong>Amanvillers</strong> sera conduit jusqu’aux lignes prussiennes</p>
<p>La garde, la réserve générale d’artillerie, la compagnie du génie et le train des équipages du grand quartier général passant le chemin de fer prendront la route de <strong>Nancy</strong> jusqu’à <strong>Tournebride</strong><br /></p>
<p>Le 2ème corps avec la division <strong>Laveaucoupet</strong> et la brigade <strong>Lapasset</strong> qui en font partie sortira par la route qui conduit à <strong>Magny</strong> sur Seille et s’arrêtera à la ferme de <strong>Saint Thiebault</strong><br /></p>
<p>La garde nationale mobile de <strong>Metz</strong> et toutes les autres troupes de la garnison, autre que la division <strong>Laveaucoupet</strong> sortiront par la route de <strong>Strasbourg</strong> jusqu’à <strong>Grigy</strong><br /></p>
<p>Enfin le 3ème corps sortira par la route de <strong>Sarrebruck</strong> jusqu’à la ferme de <strong>Bellecroix</strong><br /></p>
<p>Les officiers désignés dans la circulaire n° 4 pour la conduite des troupes se conformeront aux prescriptions de ladite circulaire. Dès qu’ils auront remis à l’officier prussien les états indiqués, les officiers remettront la conduite de leurs troupes aux sous-officiers et rentreront dans le camp retranché ou dans la place de <strong>Metz</strong>, conformément à l’article 3 du protocole. Ils y attendront des ordres ultérieurs et pourront adresser toutes les demandes qui leur conviendraient au commandant de la place qui est chargé d’y faire droit et d’apporter dans leur solution toutes les facilités possibles.<br /></p>
<p>Conformément aux conventions établies, les troupes après avoir été remises par leurs officiers aux autorités prussiennes, seront conduites par leurs sous-officiers sur des emplacements où elles camperont avec leurs petites tentes et où elles trouveront réunis des vivres et du bois de chauffage.<br /></p>
<p>Il sera immédiatement donné connaissance de la présente circulaire aux troupes de chaque camps et chaque commandant de corps d’armée sera chargé en ce qui le concerne, de l’exécution des dispositions qu’elle contient et préservera sans en référer au commandant en chef, les mesures de détails qui auront pu être omises.<br /></p>
<p>Des ordres seront donnés ce soir pour la remise dans la journée de demain des chevaux et du matériel de l’état.<br /></p>
<p><strong>PS</strong> Comme le maréchal commandant le 6ème corps l’a dit ce matin aux généraux de division, tous les généraux et officiers ainsi que les employés militaires ayant rang d’officiers, qui engageront leur parole d’honneur par écrit de ne pas porter les armes contre l’Allemagne et de n’agir d’aucune autre manière contre ses intérêts jusqu’à la fin de la guerre actuelle, ne seront pas fait prisonniers de guerre. Les officiers et employés qui accepteront cette condition conserveront leurs armes et les objets qui leur appartiennent personnellement.<br /></p>
<p>Les médecins militaires sans exception resteront en arrière pour prendre soins des blessés, il en sera de même du personnel des hôpitaux.<br />
Signé <strong>Henry</strong></p>
<p><br /></p>
<p>Protocole entre les soussignés le chef d’état major général de l’armée française sous Metz et le chef de l’état major de l’armée prussienne devant Metz, tous deux munis des pleins pouvoirs de son excellence le maréchal <strong>Bazaine</strong> commandant en chef et au général en chef son Altesse Royale le <strong>Prince Frédéric Charles de Prusse</strong>.<br /></p>
<p><strong>La convention suivante a été conclue</strong><br /></p>
<p><strong>Article 1</strong> L’armée française placée sous les ordres du maréchal Bazaine est prisonnière de guerre. <br /></p>
<p><strong>Article 2</strong> La forteresse et la ville de <strong>Metz</strong> avec tous les forts, le matériel de guerre, les approvisionnements de toutes espaces et tout ce qui est propriété de l’état seront rendus à l’armée prussienne dans l’état où tout cela se trouve au moment de la signature de cette convention.<br /></p>
<p>Samedi 29 octobre à midi les forts de <strong>Saint Quentin</strong>, <strong>Plappeville</strong>, <strong>Saint Julien</strong>, <strong>Queuleu</strong> et <strong>Saint Privat</strong>, ainsi que la porte <strong>Mazelle</strong> (route de <strong>Strasbourg</strong>) seront remis aux troupes prussiennes à 10 heures du matin de ce même jour.<br /></p>
<p>Des officiers d’artillerie et du génie avec quelques sous officiers seront admis dans les dits forts pour occuper les magasins à poudre et pour éventer les mines.<br /></p>
<p><strong>Article 3</strong> Les armes ainsi que tout le matériel de l’armée consistant en drapeaux, canons, mitrailleuses, chevaux, caisse de guerre, équipages de l’armée, munitions, seront laissés à Metz, dans les forts, à des commissions militaires institués par monsieur le maréchal Bazaine, pour être remis immédiatement à des commissaires prussiens. <br /></p>
<p>Les troupes sans armes seront conduites rangées d’après leur régiment ou corps et en ordre militaire aux lieux qui seront indiqués pour chaque corps. Les officiers rentreront alors librement dans l’intérieur du camp retranché ou à Metz, sous la condition de s’engager sur l’honneur à ne pas quitter la place, sans l’ordre du commandant prussien.<br /></p>
<p>Les troupes seront alors conduites par leurs sous-officiers aux emplacements de bivouacs. Les soldats conserveront leurs sacs, leurs effets et les objets de campement (tentes couvertures..).<br /></p>
<p><strong>Article 4</strong>Tous les généraux et officiers, ainsi que les employés militaires ayant rang d’officiers, qui engageront la parole d’honneur par écrit, de ne pas porter les armes contre l’Allemagne et de n’agir d’aucune autre manière contre ses intérêts, jusqu’à la fin de la guerre actuelle, ne seront pas fait prisonniers de guerre. Les officiers et employés qui accepteront cette condition conserveront leurs armes et les objets qui leur appartiennent personnellement.<br /></p>
<p>Pour reconnaître le courage dont ont fait preuve, pendant la durée de la campagne, les troupes de l’armée et de la garnison, il est en outre permis aux officiers qui opteront pour la captivité, d’emporter avec eux leurs épées ou sabres ainsi que tout ce qui leur appartient personnellement.<br /></p>
<p><strong>Article 5</strong> Les médecins militaires sans exception resteront en arrière pour prendre soins des blessés. Ils seront traités d’après la convention de Genève, il en sera de même du personnel des hôpitaux.<br /></p>
<p><strong>Article 6</strong>Des questions de détail concernant principalement les intérêts de la ville seront traitées dans un appendice, ci-annexé qui aura la même valeur que le présent protocole.<br /></p>
<p><strong>Article 7</strong>Tout article qui pourra présenter des doutes, sera toujours interprété en faveur de l’armée française.<br /></p>
<p>Fait au château de <strong>Frescaty</strong> le 27 octobre 1870
<br /></p>
<p>Signé <strong>Jarras</strong> – <strong>Stichle</strong>
<br /></p>
<p><strong>Appendice à la convention militaire en ce qui concerne la ville et les habitants</strong><br /></p>
<p><strong>Article premier</strong> Les employés et les fonctionnaires civils attachés à l’armée ou à la place de Metz pourront se retirer où ils voudront en emportant avec eux tout ce qui leur appartient.<br /></p>
<p>Article 2 Personne, soit de la garde nationale, soit parmi les habitants de la ville ou réfugié dans la ville, ne sera inquiété à raison de ses idées politiques ou religieuses, de la part qu’il aura prise à la défense ou des secours qu’il aura fournis à l’armée ou à la garnison.<br /></p>
<p><strong>Art 3</strong>Les malades et les blessés laissés dans la place recevront tous les soins que leur état comporte.<br /></p>
<p><strong>Art 4</strong>Les familles que les membres de la garnison laissent à Metz ne seront pas inquiétées et pourront également se retirer librement avec tout ce qui leur appartient, comme les employés civils.<br /></p>
<p>Les meubles et les effets que les membres de la garnison sont obligés de laisser à Metz ne seront ni pillés, ni confisqués, mais resteront leur propriété. Ils pourront les faire enlever dans un délai de 6 mois à partir du rétablissement de la paix ou de leur mise en liberté.<br /></p>
<p><strong>Art 5</strong> Le commandant de l’armée prussienne prend l’engagement d’empêcher que les habitants soient maltraités dans leur personnes ou dans leurs biens.<br /></p>
<p>On respectera également les biens de toutes nature du département, des communes, des sociétés de commerce ou autres, des corporations civiles ou religieuses, des hospices et des établissements de charité.<br /></p>
<p>Il ne sera apporté aucun changement aux droits que les corporations ou sociétés, ainsi que les particuliers, ont à exercer contre les autres en vertu des lois françaises au jour de la capitulation.<br /></p>
<p><strong>Art 6</strong> A cet effet il est spécifié en particulier que toutes les administrations locales et les sociétés ou corporations mentionnées ci-dessus, conserveront les archives, livres et papiers, collection et documents quelconques, qui sont en leur possession. Les notaires, avoués et autres agents ministériels conserveront aussi leurs archives et leurs minutes ou dépôts.<br /></p>
<p>Art 7 Les archives, livres et papiers appartenant à l’état resteront en général dans la place et au rétablissement de la paix, tous ceux de ces documents concernant les portions du territoire, restitués à la France feront aussi retour à la France.<br /></p>
<p>Les comptes en cours de règlement nécessaires à la justification des comptables ou pouvant donner lieu à des litiges, à des revendications de la part de tiers, resteront entre les mains des fonctionnaires ou agents qui en ont actuellement la garde, par exception aux dispositions du paragraphe précédent.<br /></p>
<p>Fait au château de <strong>Frescaty</strong> le 27 octobre 1870. <br /></p>
<p>signé <strong>Jarras</strong> <strong>Stichle</strong>.<br />
<br /></p>
<p><strong>Mon cher colonel j’ai l’honneur de vous envoyer ci-dessous copie d’une dépêche de son excellence le commandant en chef</strong>.<br /></p>
<p>Monsieur le Maréchal,<br /></p>
<p>Je vous prie de faire établir sur le champ dans votre corps d’armée les états ci-après :<br /></p>
<p><strong>1er</strong> État nominatif des officiers de tous grades avec l’indication en regard d’eux, le nombre de chevaux qu’ils possèdent en propriété dans les limites réglementaires et le nom de leur ordonnance (ceux qu’ils comptent emmener).<br /></p>
<p>Il y aura un état pour l’état-major du corps d’armée, un par état-major divisionnaire, un par chaque régiment et bataillon de chasseurs, des états pour l’artillerie (batterie de la réserve, batterie divisionnaire et parc), des états pour le génie (compagnie de la réserve et compagnies divisionnaires) et des états pour le train des équipages.<br /></p>
<p><strong>2ème</strong> l’état numérique des hommes de troupe savoir :<br /></p>
<p>un pour l’état-major du corps d’armée, indiquant les hommes de troupe qui peuvent n’être pas compris dans les corps.<br /></p>
<p>un pour chaque état-major<br /></p>
<p>un pour chaque régiment et bataillon de chasseurs<br /></p>
<p>un par batterie d’artillerie<br /></p>
<p>un par compagnie du génie<br /></p>
<p>un par compagnie du train des équipages<br /></p>
<p><strong>3ème</strong> L’état nominatif des personnes civiles et des domestiques civils. En regard de chaque personne civile, on portera le nombre de chevaux qui lui appartiennent en propriété et le nom des ses ordonnances. Ceux-ci pourront être concernés jusqu’au départ mais seront prisonniers de guerre.<br /></p>
<p>Les payeurs et interprètes non liés au service militaire seront compris dans les personnes civiles.<br /></p>
<p>Cet état sera établi pour tout le corps d’armée.<br /></p>
<p>Les états n° 1 et 3 seront apportés demain, à midi au commandant de place prussiens à Metz par :<br /></p>
<p>Un officier de l’état-major du corps d’armée<br /></p>
<p>Un officier de chaque état-major divisionnaire <br /></p>
<p>Un officier de chaque régiment ou bataillon de chasseurs<br /></p>
<p>Le commandant de l’artillerie<br /></p>
<p>Le commandant du génie<br /></p>
<p>Le commandant du train des équipages militaires<br /></p>
<p>Les états n° 2 seront remis à l’officier prussien qui recevra les troupes aux avant-postes par :<br /></p>
<p>Un officier de l’état-major général<br /></p>
<p>Un officier de chaque état-major divisionnaire<br /></p>
<p>Le commandant de chaque régiment ou bataillon de chasseurs<br /></p>
<p>Le commandant de chaque batterie d’artillerie ou compagnie du train<br /></p>
<p>Le commandant de chaque compagnie du génie<br /></p>
<p>Le commandant de chaque compagnie du train des équipages%%</p>
<p>Signé <strong>Bazaine</strong><br />
<br /></p>
<p>L’état des personnes civiles et domestiques civils, de payeurs et des interprètes non liées au service militaire, sera envoyé ce soir même à l’état major général du 6ème corps qui centralisera le travail qui les concerne.<br /></p>
<p>En conséquence les états n° 1 et 3 (même néant) seront envoyés demain matin à 8 heures chez le général commandant l’artillerie du 6ème corps. Il n’y aura qu’un seul état n° 1 pour chaque division, réserve ou pas, cet état sera établi par l’état major batteries et réserve divisionnaire.<br /></p>
<p>Pour les états n° 2 ne seront pas compris les ordonnances que les officiers comptent emmener avec eux.<br /></p>
<p>Quant à la troupe il est bien entendu que les soldats conservent leurs tentes, couvertures, marmite.., c'est-à-dire tous leurs effets et objets de campement.<br /></p>
<p>Demain à 1 heure, le départ des troupes françaises aura lieu pour le 6ème corps et la division de cavalerie <strong>Forton</strong> par la route de <strong>Thionville</strong> jusqu’à <strong>Ladonchamps</strong>.<br /></p>
<p>Les troupes après avoir été remises par leurs officiers aux autorités prussiennes, seront conduites par leurs sous-officiers sur des emplacements désignés, où elles camperont avec leurs petites tentes et où elles trouveront réunis des vivres et du bois de chauffage.<br /></p>
<p>Des ordres seront donnés ce soir pour la remise dans la journée de demain des chevaux et du matériel de l’état. <br />
<br /></p>
<p><strong>28 octobre</strong><br /></p>
<p><strong>ordre</strong></p>
<p>Demain 29 octobre les chevaux propriété de l’état (officiers et troupe) les mulets, les chariots de batterie et les charrettes à bagages seront remis à 1 heure de l’après midi entre les mains de l’autorité prussienne.<br /></p>
<p>A cet effet les chevaux, mulets et voitures devront être conduits par un sous-officier au <strong>Ban Saint Martin</strong> à 10 heures du matin, pour être livrés à une commission chargée de les recevoir et de les remettre aux autorités prussiennes.<br /></p>
<p>Les militaires en nombre aussi restreint que possible, qui seront employés à la conduite de ces chevaux, mulets et voitures resteront au <strong>Ban Saint Martin</strong> jusqu’à la remise et seront ensuite dirigés sur le camp de la réserve d’artillerie, où un officier sera commandé pour les conduire en ordre aux avant postes afin d’être remis aux officiers prussiens.<br /></p>
<p>Signé <strong>de Berkheim</strong><br /></p>
<p><strong>28 octobre</strong><br /></p>
<p><strong>ordre</strong><br /></p>
<p>Monsieur le général de division <strong>Lafont de Villers</strong> est désigné pour présider demain 29 à la remise de nos troupes aux autorités militaires prussiennes. Tous les officiers de batterie ou de compagnie conduisant leurs troupes.<br /></p>
<p>Le mouvement commencera par l’infanterie à midi ½. <br /></p>
<p>L’artillerie divisionnaire suivra la division à laquelle elle est attachée. <br /></p>
<p>La cavalerie suivra le mouvement de l’infanterie et la réserve d’artillerie le mouvement de la cavalerie. <br /></p>
<p>Le parc marchera à la suite de la réserve. <br /></p>
<p>Signé <strong>de Berkheim</strong><br />%</p>
<p><strong>Ordre général à l’armée du Rhin</strong><br /></p>
<p>Vaincus par la famine nous sommes contraints de subir les lois de la guerre et nous constituons prisonniers.<br /></p>
<p>A diverses époques de notre histoire militaire de braves troupes commandés par <strong>Masséna</strong>, <strong>Kléber</strong>, <strong>Gouvion</strong>, <strong>Saint Cyr</strong> ont éprouvé le nom qui n’entache en rien l’honneur militaire, quand comme vous on a aussi glorieusement accompli son devoir jusqu’à l’extrême limite humaine.<br /></p>
<p>Tout ce qu’il était loyalement possible de faire pour éviter cette fin a été tenté et n’a pu aboutir. <br /></p>
<p>Quant à renouveler un effort suprême pour briser les lignes fortifiées de l’ennemi, malgré votre vaillance et le sacrifice de milliers d’existence, qui peuvent encore être utiles à la patrie, il eut été infructueux par suite de l’armement et des forces écrasantes qui gardent et appuient ces lignes, un désastre en eut été la conséquence.<br /></p>
<p>Soyons dignes dans l’adversité, respectons les conventions honorables qui ont été stipulées, si nous voulons être respectés comme nous le méritons, évitons surtout pour la réputation de cette armée, les actes d’indiscipline comme la destruction d’armes et de matériel, puisque d’après les usages militaires, plans et armements devraient faire retour à la France lorsque la paix sera signée.<br /></p>
<p>En quittant le commandement je tiens à exprimer aux généraux, officiers et soldats toute ma reconnaissance pour le loyal concours, la brillante valeur dans les combats, la résignation dans les privations et c’est le cœur brisé que je me sépare de vous.</p>
<p>Au grand quartier général du <strong>Ban Saint Martin</strong> le 28 octobre 1870<br /></p>
<p>Signé <strong>Bazaine</strong><br />
<br /></p>
<p><strong>28 octobre</strong><br /></p>
<p><strong>Proclamation du général Coffinnières</strong><br /></p>
<p><strong>Habitants de Metz</strong><br /></p>
<p>Il est de mon devoir de vous faire connaître loyalement notre situation, bien persuadé que vos âmes viriles et courageuses seront à la hauteur de ces graves circonstances.<br /></p>
<p>Autour de nous est une armée qui n’a jamais été vaincue et qui s’est montrée aussi ferme devant le feu de l’ennemi que devant les plus rudes épreuves.<br /></p>
<p>Cette armée interposée entre la ville et l’assiégeant, nous a donné le temps de mettre nos forts en état de défense et de monter sur nos remparts plus de 600 pièces de canons. Enfin elle a tenu en échec plus de 200.000 hommes.<br /></p>
<p>Dans la place nous avons une population pleine d’énergie et de patriotisme, bien décidée à se défendre jusqu’à la dernière extrémité.<br /></p>
<p>J’ai déjà fait connaître au conseil municipal que malgré la réduction des rations, malgré les perquisitions faites par les autorités civiles et militaires, nous n’avions de vivres assurés que jusqu’au 28 octobre.<br /></p>
<p>De plus notre brave armée déjà si éprouvée par le feu de l’ennemi, puisque 42.000 hommes en ont subi les atteintes, souffre horriblement de l’inclémence exceptionnelle de la saison et des privations de toutes sortes.<br /></p>
<p>Le conseil de guerre a constaté ces faits et monsieur le maréchal commandant en chef a donné l’ordre formel, comme il en a le droit, de verser une partie de nos ressources à l’armée.<br /></p>
<p>Cependant grâce à nos économies, nous pouvons résister encore jusqu’au 30 courant et notre situation ne se trouve pas sensiblement modifiée.<br /></p>
<p>Jamais dans les fastes militaires une place de guerre n’a résisté jusqu’à un épuisement aussi complet de ses ressources et n’a été aussi encombré de blessés et de malades.<br /></p>
<p>Nous sommes donc condamnés à succomber, mais ce sera avec honneur et nous ne serons vaincus que par la faim.<br /></p>
<p>L’ennemi qui nous investit péniblement depuis plus de 90 jours, sait qu’il est près d’atteindre le but de ses efforts. Il demande la place et l’armée, et n’admet pas la séparation de ces deux intérêts.<br /></p>
<p>Quatre ou cinq jours de résistance désespérée n’auraient d’autres résultats que d’aggraver la situation des habitants. Tous peuvent d’ailleurs être bien convaincus que leurs intérêts privés seront défendus avec la plus vive sollicitude.<br /></p>
<p>Sachons supporter stoïquement cette grande infortune et conservons le ferme espoir que <strong>Metz</strong> cette grande et patriotique cité restera à la <strong>France</strong>.<br /></p>
<p>Metz le 27 octobre 1870 <br /></p>
<p>signé <strong>Coffinières</strong><br /></p>
<p><br />
28 octobre<br /></p>
<p><br />
<strong>Proclamation du maire et des membres du conseil municipal à leurs concitoyens</strong>.<br /></p>
<p>Chers concitoyens,<br /></p>
<p>Le véritable courage consiste à supporter un malheur sans les agitations qui ne peuvent que l’aggraver.<br /></p>
<p>Celui dont nous sommes tous frappés aujourd’hui, nous atteint sans qu’aucun de nous puisse se reprocher d’avoir un seul jour failli à son devoir.<br /></p>
<p>Ne donnons pas le désolant spectacle de troubles intérieurs et ne fournissons aucun prétexte à des violences ou à des malheurs nouveaux et plus complets encore.<br /></p>
<p>La pensée que cette épreuve ne sera que passagère et que nous messins n’avons assumé dans les faits accomplis, aucune part de responsabilité devant le pays et devant l’histoire, doit être en ce moment notre consolation.<br /></p>
<p>Nous confions la sécurité commune à la sagesse de la population.<br /></p>
<p><strong>F. Maréchal</strong>, maire : <strong>Boulangé</strong>, <strong>Bastien</strong>, <strong>Noblot</strong>, <strong>Géhin</strong>, <strong>de Bouteiller</strong>, <strong>Blondin</strong>, <strong>Bezanson</strong>, <strong>Gougeon</strong>, <strong>Blutingaire</strong>, <strong>Moisson</strong>, <strong>Simon-Favier</strong>, <strong>Marly</strong>, <strong>Sturel</strong>, <strong>Géisler</strong>, <strong>Prost</strong>, <strong>Worms</strong>, <strong>Collignon</strong>, R<strong>émond</strong>, <strong>Puyperoux</strong>, <strong>général Didion</strong>,<strong>Salmon</strong>, <strong>Bouchotte</strong>, <strong>Schneider</strong>.<br />
<br /></p>
<p><strong>31 octobre</strong> <br /></p>
<p><strong>Proclamation du général Von Kummer aux habitants de Metz</strong><br /></p>
<p>La forteresse de Metz a été occupée par les troupes prussiennes et le soussigné est provisoirement commandant de la forteresse.<br /></p>
<p>Je saurai maintenir entre les troupes la discipline prussienne éprouvée; la liberté des personnes et la propriété sont garanties. Les charges qui incomberont ces jours-ci aux habitants avant que les affaires ne soient tout à fait réglées, doivent être respectées. Je reconnaîtrai de la désobéissance ou de la résistance, j’agirai avec toute la sévérité et d’après les lois de la guerre.<br /></p>
<p>Celui qui mettra en danger les troupes allemandes ou leur portera préjudice par des actions perfides, sera traduit devant le conseil de guerre, celui qui servira d’espions aux troupes françaises , ou logera des espions français ou leur prêtera assistance, qui montrera volontairement les chemins aux troupes françaises, qui tuera, blessera ou volera les troupes allemandes ou les personnes appartenant à leur suite, qui détruira les canaux , chemin de fer ou lignes telegraphiques, qui rendra les chemins impraticables, qui mettra le feu aux munitions ou provisions de guerre, enfin qui prendra les armes envers les troupes allemandes sera puni de la <strong><ins>peine de mort</ins></strong>.<br />
<br /></p>
<p><strong>Arrêté</strong><br /></p>
<p><strong>1er</strong> les maisons dans lesquelles ou hors desquelles on commettra des actes d’hostilité envers les troupes allemandes serviront de casernes.<br /></p>
<p><strong>2eme</strong> plus de 10 personnes ne pourront se rassembler dans les rues ou sur les places publiques.<br /></p>
<p><strong>3°</strong> toutes les armes qui se trouveront entre les mains des habitants doivent être livrées jusqu’à lundi 31 octobre, 14 heures de l’après midi, au palais de la division rue de la Princerie. <br /></p>
<p><strong>4°</strong> toutes les fenêtres doivent être éclairées en cas d’alarme pendant la nuit.<br /></p>
<p><strong>Metz</strong> le 30 octobre 1870 <br /></p>
<p>Signé <strong>Von Kummer</strong><br />
<br /></p>
<p><strong>31 octobre</strong><br /></p>
<p><strong>Affiche</strong><br /></p>
<p>Le 31 courant à 10 heures 30 minutes du matin partira de la gare de Metz, un convoi de Metz à Mayenne par Nancy pour les généraux et les officiers d’état-major.<br /></p>
<p>La mise en wagons des chevaux aura lieu à 7 heures du matin.<br /></p>
<p>Messieurs les généraux et les officiers d’état-major sont priés de se trouver à la gare une heure avant le départ du convoi.<br /></p>
<p>Signé <strong>Von Kummer</strong><br />
<br /></p>
<p><strong>31 octobre</strong> <br /></p>
<p><strong>Affiche</strong><br /></p>
<p>Messieurs les officiers subalternes français seront dirigés en <strong>Allemagne</strong> de la manière suivante : <br /></p>
<p><strong>Mardi 1er novembre</strong><br /></p>
<p><strong>1er train</strong> 9 heures 30 minutes, la garnison de <strong>Metz</strong><br /></p>
<p><strong>2eme train</strong> la garde impériale, la division de cavalerie, la cavalerie de réserve, le génie<br /></p>
<p><strong>3eme train</strong> 1er corps et division <strong>Forton</strong><br /></p>
<p><strong>4eme train</strong> 2eme corps, brigade <strong>Lapasset</strong><br /></p>
<p><strong>5eme train</strong> 3eme corps<br /></p>
<p><strong>6eme train</strong> 4eme corps<br /></p>
<p>La direction n’ayant pas assez de wagons de voyageurs, se trouve dans la fâcheuse nécessité de devoir faire usage d’autres wagons mais couverts. Ces messieurs sont priés de prendre les mesures nécessaires afin de pouvoir s’asseoir en route, le maire de la ville ayant déclaré ne pouvoir fournir de sièges.<br /></p>
<p>Metz le 31 octobre 1870
le général de division commandant <strong>Von Kummer</strong><br /><br /></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-Suite-9#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2687La guerre de 1870 autour de Metz - suite 8urn:md5:56b29ab926584aa8a13bec05c99e1cf12020-04-08T14:45:00+02:002020-04-08T14:45:00+02:00micheleLa guerre de 1870Bazainecapitulation Metz 1870guerre 1870MetzXIXe siècle <p><strong><span class="text-blue">Du 20 au 31 octobre</span></strong></p>
<p><strong><span class="text-blue">Capitulation de Metz</span></strong></p>
<p><strong><span class="text-blue">Vécue par un médecin</span></strong></p>
<p><strong>21 octobre</strong> <em>Les prussiens mettront dit-on le chemin de fer à la disposition des blessés</em>.<br /></p>
<p><strong>Lefort</strong> se propose de demander pour nous, aux prussiens, un sauf conduit pour <strong>Paris</strong>.<br /></p>
<p>A l’ambulance on s’occupe de vider les lieux, on a fait partir ce matin 40 malades convalescents.<br /></p>
<p><strong>22 octobre</strong> ce qui parait militer assez sérieusement en faveur de la paix, c’est que depuis qu’on en parle, on n’entend plus un seul coup de canon ce qui parait singulier il semble qu’il manque quelque chose.<br /></p>
<p>Depuis quelques temps le service des avant-postes prussiens est fait par des polonais qui sont en excellents termes avec nos soldats et même leur donnent quelquefois à manger.<br /></p>
<p>Il parait que ces petits repas d’avant-postes ne sont pas toujours sans inconvénient. Les prussiens font dire à nos soldats tout ce qu’ils veulent savoir.<br /></p>
<p>Je vais voir <strong>Maffre</strong>.
<br /></p>
<p><em>Un officier me raconte que d’après les bruits d’avant-postes la paix aurait été signée par la constituante</em>.<br /></p>
<p><strong>24 octobre</strong> je déjeune à <strong>Coislin</strong> chez l’abbé <strong>Lamarche</strong>, avec<strong> Delafosse</strong> et un autre médecin militaire.<br /></p>
<p>On affiche une délibération du conseil municipal de laquelle il résulte qu’il n’y a plus de vivres que pour très peu de jours. On met en réquisition les chevaux de la ville pour l’alimentation.<br /></p>
<p><strong>25 octobre</strong> <em><strong>Boyer</strong> serait revenu ou aurait envoyé une dépêche et il disait que sa mission n’avait pas eu le succès espéré, que l’impératrice refusait de prendre part aux négociations pour la paix.</em><br /></p>
<p><strong>Changarnier</strong> est allé hier à Ars, conférer avec <strong>Frédéric Charles</strong>. Il est rentré ce matin et reparti dans la journée pour la même destination.<br /></p>
<p>Nous sommes dans une grande pénurie d’argent, <strong>Goudchaux</strong> hésite à nous en donner. Combien il est regrettable que le comité ne se soit pas arrangé de façon à nous mettre un compte avec le payeur général de l’armée.<br /></p>
<p>Celui-ci au commencement de notre séjour à Metz avait répondu à la demande de <strong>Roussel</strong>, qu’il se chargerait facilement de nous pourvoir d’argent à la condition que le comité le fit accréditer auprès des ministères des finances et de la guerre.<br /></p>
<p>Des dépêches pressantes furent envoyées aussitôt à <strong>Paris</strong> par <strong>Lefort</strong>. Le comité ne se donna pas la peine de répondre. Le blocus arriva et nous en étions réduits aux expédients, faute d’avoir régularisé notre situation.<br /></p>
<p>Il est plus que probable que notre indemnité de ce mois qui échoue aujourd’hui ne nous sera pas remise.<br /></p>
<p>La misère augmente d’une façon effrayante, des habitants, des soldats mendient dans les rues.<br /></p>
<p>La mortalité fait des progrès, alimentation insuffisante et de mauvaise qualité, dépression en sont la cause.<br /></p>
<p>Le gaz d’éclairage devenant rare, un arrêté prescrit aux habitants d’éteindre le gaz chez eux à 7 heures du soir, afin de rendre plus durable l’éclairage des rues.<br /></p>
<p>L’argent manque à la ville aussi bien qu’à nous. Les banquiers principaux ont été réunis hier et on leur a demandé de subvenir aux frais de la défense. La somme quotidienne nécessaire étant évaluée à cent mille francs, ils se sont engagés pour douze cent mille francs. On semblerait donc prévoir encore une résistance de 12jours.<br /></p>
<p>Ce fait montre combien on est las de se battre de part et d’autre. Hier soir un feu assez violent s’engagea entre les avant-postes, la fusillade seule d’abord, puis <strong>Saint Quentin</strong> qui fera quelques coups de canon. Mais bientôt on reconnut qu’il y avait méprise et l’on fit cesser le feu de chaque côté.<br /></p>
<p>Le service des avant-postes devient dit-on beaucoup moins pénible et même recherché. En effet les soldats qui le font seraient mieux nourris que les autres. Les prussiens les laissent plus facilement faire leurs provisions dans les champs et même certains villages neutres, comme <strong>Moulins</strong>, seraient assez garnis de vivres pour que nos troupes puissent s’approvisionner aisément. Il y a peu de temps ces villages étaient dénués de tout.<br /></p>
<p>Temps atroce depuis 8 jours, pluie continue et vent. C’est pitié de voir nos pauvres soldats grelottant dans la boue où ils marchent, mangent et dorment. <br /></p>
<p>La mortalité sur les chevaux est considérable, on les voit mourir dans les fossés le long des routes et dans les campements encore attachés à leur corde.<br /></p>
<p>Les survivants sont dans un état pitoyable, ils sont maigres, faméliques, efflanqués, la tête basse, l’œil éteint. La famine les porte à manger tout ce qu’ils trouvent : les arbres, les voitures auxquels ils sont attachés, les pierres mêmes qui sont à leur portée, sont détruites ou entamés. Souvent même ne trouvant pas mieux, ils mangent la queue de leurs voisins.<br /></p>
<p>Aussi voit-on la plupart des chevaux offrir ce spectacle triste et grotesque tout à la fois, de coursiers ornés de queue de rat et dépourvus de crinières.<br /></p>
<p>Les environs de Metz ne sont plus qu’un lac de boue, impossibilité de sortir nous voilà frustrés des quelques distractions hygiéniques que nous offrait la promenade à cheval. Le temps passait plus vite et l’on s’éloignait pour une heure ou deux de l’atmosphère malsaine de la ville.<br /></p>
<p>Le soir la ville est émue par l’apparition d’une aurore boréale. Les gens de la ville apprécient ce phénomène de la façon la plus variée et la plus fantaisiste. Les uns y voient le présage de la fin du monde, les autres n’y aperçoivent que le reflet de signaux que se font les prussiens. Hier soir déjà en rentrant j’avais aperçu une teinte rouge très prononcée sur une partie du ciel.<br /></p>
<p><strong>26 octobre</strong> <em><strong>Changarnier</strong> serait revenu ce matin et n’aurait apporté que de mauvaises nouvelles</em>. Les bruits de paix seraient faux et le prince
<strong>Frédéric Charles</strong> lui aurait dit tout en le recevant très bien, que l’armée et la ville n’avaient à attendre que la capitulation, laquelle capitulation serait à son grand regret plus dure que celle de <strong>Sedan</strong>. Les prussiens se plaignent en effet, qu’un certain nombre d’officiers mis à cette époque en liberté sur parole, auraient violé la foie jurée en se sauvant. La capitulation serait signée demain. <br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9213__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /><br /></p>
<p>La ville de <strong>Metz</strong> espère prolonger la résistance après la reddition de l’armée, mais il est plus que probable que les prussiens exigeront une capitulation unique.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9212__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p><em>Comme bruit singulier on peut citer le suivant: le <strong>comte de Chambord</strong> serait reconnu <strong>Roi de France</strong>, avec charge de se donner pour successeur le <strong>comte d’Eu</strong>, fils de prince et gendre de l<strong>’Empereur du Brésil</strong></em>.<br /></p>
<p>Pluie toute la journée, le soir ouragan épouvantable, les tuiles, les carreaux, les cheminées volent dans les rues.<br /></p>
<p><strong>27 octobre</strong> <em>des personnes venant du <strong>Ban Saint Martin</strong> affirment que la capitulation est ou va être signée mais qu’elle est décidée et que l’entrée des prussiens aura lieu après demain. <strong>Frédéric Charles</strong> aurait montré à <strong>Changarnier</strong> des trains remplis de provisions et destinés à ravitailler Metz</em>.<br /></p>
<p><strong>Coffinières</strong> fait afficher une proclamation dans laquelle il annonce que la ville est à bout de ressources. Il fait entrevoir la capitulation. Les affiches sont bientôt lacérées par les habitants. <br /></p>
<p><em>L’armée est dit-on très mécontente de la capitulation, on parle d’une trouée</em>.<br /></p>
<p><strong>28 octobre</strong> On affirme de plus en plus que la capitulation est signée.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9217__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Les murs sont couverts de placards et d’inscriptions qui traitent <strong>Bazaine</strong> et <strong>Coffinières</strong> de traîtres et de lâches.<br /></p>
<p>On sonne le tocsin toute la journée. Démonstrations nombreuses et tumultueuses de la place de l’hôtel de ville. <br /></p>
<p>Un monsieur <strong>Meyer</strong> rédacteur de l’indépendant parait à cheval sur la place, harangue la foule, un revolver à la main. En terminant il en tire un coup en l’air, mais son cheval se cabre et sans deux personnes qui se précipitent à la tête de l’animal, notre homme, meilleur (il faut l’espérer) comme orateur que comme cavalier, allait rouler sur le pavé.<br /></p>
<p>De nombreux groupes de soldats dont plusieurs sont guidés par des officiers, sillonnent la ville en appelant aux armes. <br /></p>
<p>On parle beaucoup d’une tentative de trouée à travers les lignes prussiennes qui serait faite ce soir. On se donne rendez vous pour 9 heures à la porte des Allemands.<br /></p>
<p>On rencontre beaucoup de gardes nationaux en armes.<br /></p>
<p>Des bandes de gamins et de voyous qui sont parvenus à prendre des chassepots qu’on rentrait à l’arsenal, parcourent la ville en brandissant leurs armes et envahissent la place de l’hôtel de ville. Des somations sont faites aux bandes qui s’empressent de s’enfuir.<br /></p>
<p>Proclamation du maire invitant les citoyens à la concorde.<br /></p>
<p>Dans la soirée le tocsin sonne de plus belle, des groupes nombreux de soldats armés se dirigent vers la porte des Allemands, en invitant les passants à les suivre. Un bataillon du 2ème de ligne chargé de garder l’hôtel de ville va se joindre à ceux qui veulent sortir.<br /></p>
<p><strong>Coffinières</strong> qui ne se sent pas en sûreté, se fait garder par deux bataillons de voltigeurs de la garde.<br /></p>
<p>On dit qu’il y aura demain des troubles au <strong>Ban Saint Martin</strong>. Des gardes nationaux très nombreux parcourent la ville en armes.<br /></p>
<p><strong>29 octobre</strong> La capitulation est affichée, elle est datée d’hier du château de <strong>Frescaty</strong> et signée <strong>Jarras</strong> et <strong>Stichle</strong>.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9219__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9220__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Les prussiens prendront possession à 10 heures de la porte <strong>Mazelle</strong>, à 11 heures des forts, dans la journée les troupes seront remises aux autorités prussiennes dans des endroits désignés.<br /></p>
<p>Les officiers rentreront ensuite en ville et garderont leur épée, ils partiront dans quelques jours.<br /></p>
<p>On apprend que <strong>Bazaine</strong> pour éviter toute démonstration, est parti ce matin à 4 heures.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9257.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>La trouée qui devait être faite cette nuit n’a pas eu lieu. On est parti de la porte des Allemands, on s’est dirigé du côté de <strong>Plappeville</strong> en nombre beaucoup plus faible qu’on ne l’espérait. Quand on s’est trouvé du côté des lignes des prussiens, ceux-ci ont envoyé quelques obus et l’on est rentré dans <strong>Metz</strong>.<br /></p>
<p>La statue de<strong> Fabert</strong> est couverte d’un long crêpe noir.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9248n.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Les prussiens entrent en ville musique en tête. Ils entrent par la porte <strong>Mazelle</strong>, traversent la place <strong>Saint Louis</strong>, montent en <strong>Fournirue</strong> et stationnent sur la place de l<strong>’hôtel de ville</strong>. De là ils sortent par la rue <strong>Serpenoise</strong> ou la rue des <strong>Clercs</strong> et la porte <strong>Serpenoise</strong>.<br /></p>
<p>Un nombreux détachement de cavalerie occupe la place de l’hôtel de ville, les musiques jouent à cœur joie.<br /></p>
<p>Pendant ce temps nos pauvres soldats ont traversé la ville en désordre, brisant leurs fusils avant d’aller les rendre.<br /></p>
<p><strong>Découragement général</strong><br /></p>
<p>Le matin à déjeuner,<strong> Liegeois</strong> vient nous annoncer tout guilleret qu’il nous quitte pour aller à <strong>Étain</strong> dans sa famille. Il nous attendra là si nous y passons. Cette précipitation à nous quitter fait le plus mauvais effet.<br /></p>
<p>Chacun ne manque pas de rappeler l’absence complète de service qu’il nous a rendu pendant la campagne, la négligence extrême apportée dans son service et le cynisme naïf avec lequel il a cessé toute espèce de service, dès le jour même ou il a été décoré.<br /></p>
<p>C’est un tollé général, quelqu’un va l’avertir au <strong>Pélican</strong> où il est allé déjeuner. Il revient donner de médiocres raisons et soumet son départ à notre approbation, promettant de revenir dans 3 jours. L’autorisation lui est accordée, c’est une véritable comédie. <strong>Roussel</strong> s’élève fortement contre la faiblesse de <strong>Lefort</strong> qui n’aurait pas dû laisser partir <strong>Liegeois</strong>, sans un ordre écrit. <strong>Lefort</strong> répond qu’il ne veut nous donner que des conseils et non des ordres, et qu’il est toujours sûr d’être entendu quand il s’adresse à notre cœur et à notre honneur.<br /></p>
<p><strong>Émotion générale.</strong> <br /></p>
<p><strong>30 octobre</strong> on loge les prussiens chez l’habitant. <br /></p>
<p>Proclamation du gouverneur <strong>von Krummer</strong>. <br /></p>
<p>Il blâme les rassemblements qui ont eu lieu dans la ville lors de l’entrée de ses troupes. Il interdit les rassemblements de plus de 3 personnes.<br /></p>
<p>Les établissements publics devront fermer à 10 heures du soir, toutes les lumières devront être éteintes à pareille heure. <br /></p>
<p>Les habitants doivent remettre toutes leurs armes aux autorités.<br /></p>
<p>Ordre donné aux soldats qui restent encore en ville de se rendre immédiatement au fort <strong>Saint Julien</strong>.<br /></p>
<p>Le pain manque chez les boulangers de la ville, nous sommes obligés de nous en passer à déjeuner. De nombreux marchands prussiens entrent dans la ville et vendent des provisions de toutes sortes.<br /></p>
<p><strong>Lefort</strong> nous communique une lettre du médecin en chef des hôpitaux de la ville, dans laquelle il nous remercie des services que plusieurs d’entre nous ont rendus dans les hôpitaux de la ville. Il nous avertit qu’ils deviennent inutiles, le nombre des médecins militaires étant maintenant plus que suffisants pour les hôpitaux, attendu que tous les médecins des différents corps d’armée sont rentrés en ville et ne suivent pas leurs soldats.<br /></p>
<p>Il ne reste plus qu’à rendre les blessés de l’ambulance, nous allons donc être libres bientôt.<br /></p>
<p>Les troupes prussiennes vont bientôt quitter la ville, en partie pour se diriger sur <strong>Paris</strong>, <strong>Lille</strong>, <strong>Lyon</strong>.<br /></p>
<p>L’abbé <strong> Lamarche</strong> ne voulant pas laisser nos pauvres soldats sans secours a la généreuse idée de les accompagner dans leur captivité. Il demande l’autorisation aux autorités prussiennes qui la lui accordent. Il doit partir demain.<br /></p>
<p>Me sentant très souffrant depuis 3 jours et n’ayant plus d’occupation, je vais me reposer à <strong>Montigny</strong> auprès de <strong>Delafosse</strong>. J’y resterai quelques jours en attendant les décisions qui seront prises au sujet de notre départ.<br /></p>
<p><strong>à suivre</strong><br />
<br /></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-suite-8#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2686La guerre de 1870 autour de Metz - suite 7urn:md5:89bffa60a6963737d5e831b511653e9f2020-03-24T15:00:00+01:002020-03-24T15:00:00+01:00micheleLa guerre de 1870autour de MetzBazaineBlocusGuerre de 1870XIXe siècle <p><strong><span class="text-blue">Du 10 au 20 octobre</span></strong><br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Récit du médecin</span></strong><br /></p>
<p><strong>11 octobre</strong> il y a eu hier grand conseil de guerre chez <strong>Bazaine</strong>, tous les généraux avaient été mandés presque à l’improviste.<br /></p>
<p>Quelque communication importante a été faite ou quelque décision grave a été prise, on n’en sait encore rien.<br /></p>
<p><em>On confirme la nouvelle de la victoire à <strong>Etampes</strong> le 19 septembre, mais rien n’est encore officiel.</em><br /></p>
<p>L’abbé <strong>Lamarche</strong> s’offre très obligeamment à me faire prendre quelque chose de chaud chez lui chaque matin avant mon service.<br /></p>
<p>La population de <strong>Metz</strong> se rend sur la place de l’hôtel de ville, arrache les aigles des drapeaux et proclame la république.<br /></p>
<p>La garde nationale envoie au général <strong>Coffinières</strong> une députation qui demande que le commandement mette un terme au système de silence dont on use envers la ville.<br /></p>
<p>Les messins veulent être traités en gens raisonnables et être mis au courant des nouvelles qui intéressent la ville et la patrie.<br /></p>
<p><strong>Coffinières</strong> répond qu’il va se rendre à l’instant au <strong>Ban Saint Martin</strong>, porter à <strong>Bazaine</strong> les vœux exprimés par la députation.<br /><br /></p>
<p><strong>12 octobre</strong> communiqué de <strong>Bazaine</strong> affiché dans la ville, affirmant qu’il est impossible de rien affirmer des nouvelles dont il est question depuis plusieurs jours, déclarant que depuis le commencement du blocus, il n’a jamais eu de communication avec le reste de la <strong>France</strong>. Il n’a donc jamais pu rien faire connaître aux habitants de la ville, d’un fait qui eut un caractère de certitude.<br /></p>
<p><em>On dit qu’il est question dans l’armée de faire une trouée à laquelle l’infanterie seule prendrait part. La cavalerie et l’artillerie, en partie démenties, resteraient ici.</em><br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9246m.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>La ville n’aurait plus que pour 10 à 15 jours tout au plus de vivres.<br /><br /></p>
<p><strong>13 octobre</strong> au déjeuner <strong>Lefort</strong> annonce que <strong>Liegeois</strong> et <strong>Good</strong> sont décorés. Il veut bien me dire que mon tour viendra plus tard. Effets divers à ces nominations.<br /></p>
<p><strong>Maffre</strong> lui-même a apporté la nouvelle à <strong>Lefort</strong> en y joignant des rubans qu’il a achetés en route. Les brevets doivent être remis ce soir.<br /></p>
<p>Manifestation populaire, on crie à la trahison, à bas <strong>Bazaine</strong>, etc…<br /><br /></p>
<p><strong>14 octobre</strong> mauvaises nouvelles, on a posé cette nuit des placards accusant <strong>Bazaine</strong> de trahison et demandant son remplacement par <strong>Ladmirault</strong>.<br /></p>
<p><em>On parle plus que jamais de capitulation et l’on prétend que nous aurons une solution dans les 48 heures.</em><br /></p>
<p>Les gens de la ville sont très remontés et veulent de la défense à outrance.<br /></p>
<p><em>Il règne dans l’armée un grand mécontentement qui est divisé en deux parties :</em><br /></p>
<p>- <em>L’un veut que l’on essaie de percer les lignes ennemies,</em><br /></p>
<p>- <em>L’autre trouve plus prudent de rester sous la protection de la ville.</em><br /></p>
<p>Hier soir il y a eu des rassemblements assez nombreux et d’une attitude assez caractérisée, pour qu’un officier se soit autorisé à requérir la troupe casernée au marché couvert.<br /></p>
<p>Les bourgeois ont trouvé joli de couronner de fleurs la statue de Fabert et de lui mettre en mains un drapeau tricolore.<br /></p>
<p>On affiche un arrêté de <strong>Coffinières</strong> qui ordonne qu’à partir de demain il ne sera plus fait qu’une seule sorte de pain dans lequel entrera toute la farine non blutée. Le prix sera de 0,45 le kilo. <br /></p>
<p>Chaque habitant aura droit à 400 gr de pain pour un adulte et 200 gr pour les enfants. Chacun recevra une carte numérative indiquant le nom du boulanger chez lequel il devra se fournir.<br /></p>
<p>Il est interdit aux boulangers de donner du pain à ceux qui n’auraient pas de carte, ainsi qu’à ceux qui présenteraient une carte indiquant un autre boulanger. Il leur est aussi défendu de donner à chacun plus que la quantité indiquée plus haut.<br /></p>
<p>Les troupes qui sont casernées dans la ville sont consignées ce soir en prévision des troubles.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9242t.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br />
<br /></p>
<p><strong>15 octobre</strong> On a entendu cette nuit et ce matin une vive canonnade dans la direction de <strong>Gorze</strong> et de <strong>Pont à Mousson</strong>.<br /></p>
<p>Est-ce une armée qui vient nous secourir ?<br /></p>
<p>Nous ne bougeons pas, Pourquoi ? <br /></p>
<p>L’opinion de <strong>Bazaine</strong> est qu’on a entendu un écho du bombardement de <strong>Thionville</strong>. Les opinions sont très partagées à ce sujet.<br /></p>
<p>Plusieurs pensent que le bruit vient de <strong>Pont à Mousson</strong>. La garnison de <strong>Montigny</strong> a entendu ce bruit très nettement.<br /></p>
<p><em>Les bruits les plus sinistres circulent. La capitulation serait prochaine</em>. <em>Le général <strong>Boyer</strong> chef d’état-major de <strong>Bazaine</strong> serait chez les prussiens pour traiter de la reddition de la ville</em>. <br /><br /></p>
<p><strong>16 octobre</strong> je change mon cheval contre un autre beaucoup plus vigoureux, monté par l’ordonnance de <strong>Lefort</strong> et que personne d’autre ne pourrait monter. <br /></p>
<p>Je rencontre <strong>Lemattre</strong> qui vient d’être décoré, <strong>Liegeois</strong> et <strong>Good</strong> nous donnent à dîner pour fêter leur croix.<br /></p>
<p>On donne à chaque homme une ration de sel de 1 gramme, plus une bouteille d’eau salée pour 50 hommes.<br /></p>
<p>Les prussiens envoient quelques obus sur <strong>Moulins</strong>, <strong>Saint Quentin</strong> leur répond.<br /></p>
<p>Demande des messins à <strong>Coffinières</strong>, par l’entremise du conseil municipal, pour lui demander de s’associer à la défense de la ville.<br /></p>
<p>Le conseil parle du douloureux étonnement avec lequel on a appris la diminution des ressources alimentaires de la ville.<br /></p>
<p>Réponse de <strong>Coffinières</strong> recommandant le patriotisme et la patience. Il demande qu’on attende la décision du gouvernement de la défense nationale et se défend d’avoir fait mystère de la diminution des ressources.<br /></p>
<p><strong>17 octobre</strong> d’après les nouvelles, deux armées de secours seraient proches : l’une sur la route de Thionville, l’autre du côté de Pont à Mousson ???<br />
<br /></p>
<p><strong>18 octobre</strong> <strong>Boyer</strong> est revenu hier soir, quelles nouvelles apporte t-il ?<br /></p>
<p>Ordre de <strong>Coffinières</strong> ordonnant la fermeture des portes à 4 heures du soir, on les ouvrira à 7 heures du matin.<br /><br /></p>
<p><strong>19 octobre</strong> deux officiers de régiments différents font part des nouvelles suivantes :<br /></p>
<p>- <em>Le matin les colonels ont rassemblé leurs officiers et leurs ont dit de la part de <strong>Bazaine</strong> que <strong>Boyer</strong> avait eu à Versailles une entrevue avec <strong>Bismarck</strong></em>. <em>Qu’il serait résulté de cette entrevue que <strong>Guillaume</strong> a la guerre aussi à charge que nous, et qu’il serait tout disposé à faire la paix</em>.<br /></p>
<p><em>Que de plus le socialisme règne en maître en France<strong></strong>, que le monde ne reconnaît pas le gouvernement de la défense nationale, que <strong>Lyon</strong> a un gouvernement particulier, que <strong>Marseille</strong> a été pillé par les socialistes, et que <strong>le Havre</strong>, menacés et terrifiés par le même pacte, en sont venus à demander aux prussiens, des garnisons qui puissent protéger les honnêtes gens</em>.<br /></p>
<p><em><strong>Bismarck</strong> déclarait que l’absence de gouvernement régulier était le seul obstacle à la paix</em>. <em>Il proposait donc que l’armée de <strong>Metz</strong>, le seul corps régulier qui existait maintenant en <strong>France</strong>, se retire avec armes et bagages et aille à <strong>Paris</strong> ou ailleurs, protéger l’établissement d’un gouvernement régulier</em>.<br /></p>
<p><em>Il ajoutait aussi que les différentes armées de volontaires avaient été dispersées par les prussiens et que la fameuse victoire d’<strong>Étampes</strong> dont on avait tant parlé ici, devait se transformer en une horrible défaite que nous aurions subie près d’<strong>Orléans</strong></em>.<br /></p>
<p><em>Il savait aussi parfaitement que Metz ne pouvait plus tenir que très peu de jours, l’offre était donc disait-il désintéressée.</em><br /></p>
<p><em><strong>Boyer</strong> aurait dit aussi qu’il avait vu les lignes prussiennes autour de <strong>Metz</strong>, qu’il avait compté quatre enceintes fortifiées et que le passage de vive force serait chose entièrement impossible</em>. <br /></p>
<p><strong>Boyer</strong> est reparti hier soir pour terminer les négociations.<br /></p>
<p>- <em>D’après d’autres versions les prussiens ne reconnaîtraient comme gouvernement constitué, que celui qui est issu du plébiscite et par conséquence par la régence de l’impératrice, le sénat et le corps législatif</em>.</p>
<p><em>L’impératrice consultée au sujet d’un traité basé sur une concession de territoire, aurait décliné la responsabilité d’un pareil acte et <strong>Boyer</strong> serait parti pour Londres afin de négocier avec elle</em>.<br /></p>
<p>Quoiqu’il en soit de tous ces bruits, nous aurons une solution prochaine, la situation annexée étant à un point qui exclut les atermoiements.<br /></p>
<p>La ration de pain est réduite ce matin à 300 gr et la ville se refuse à donner du pain à l’armée. De plus les prussiens pour hâter le dénouement, chassent de chez eux les habitants des villages qu’ils occupent dans les environs et les envoient à <strong>Metz</strong>.<br /></p>
<p>En calculant le temps nécessaire au voyage de <strong>Boyer</strong> on espère avoir une réponse le 23.<br /><br /></p>
<p><strong>20 octobre</strong> nous ne parlons plus que du mode de retour. Où ira l’armée, la suivrons nous ?<br /></p>
<p>Les chemins de fer étant au pouvoir des prussiens, nous devrons faire la route par étape. Aussi chacun s’occupe t-il avec ardeur d’avoir un cheval ou d’en trouver un bon si le sien est mauvais.<br /></p>
<p>Si nous suivons l’armée, il est à craindre que nous nous trouvions dans des pays dénués de tout et que nous n’ayons à craindre la disette.<br /></p>
<p><strong>Lefort</strong> pense nous mener d’abord à <strong>Nancy</strong> où nous avons laissé des vivres et ou rien ne doit manquer, puisqu’il n’y a pas eu de siège subi.<br /></p>
<p>Puis nous nous y rendrons par une route différente autant que possible de celle que suivra l’armée.<br /></p>
<p>Mais l’armée ira-t-elle à Paris et aurons nous le choix de la route ?<br /></p>
<p>Chacun fait ses préparatifs. J’achète des vêtements chauds et je mets ma sellerie en état.<br /></p>
<p>Ordre de <strong>Coffinières</strong> qui prescrit la fermeture à 7 heures du soir des barrières du pont des Morts et du Pontiffroy. La ville est ainsi divisée en deux parties. <br />
<br /></p>
<p><strong>à suivre</strong><br />
<br /></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-suite-62#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2685La guerre de 1870 autour de Metz - suite 6urn:md5:716bf330c290221c98919fc92069c74d2020-03-14T17:13:00+01:002020-03-14T17:17:03+01:00micheleLa guerre de 1870autour de MetzBellecroixGuerre de 1870HistoireLa MaxeLadonchampsLessyMalroyNoissevilleSaint JulienSaint QuentinSainte Ruffine <p><strong><span class="text-blue">Du 1er au 10 octobre</span></strong><br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Récit du médecin</span></strong><br /></p>
<p><strong>1er octobre</strong> le restaurateur <strong>Pagel</strong> refuse de nous héberger plus longtemps à crédit, notre dîner de ce soir sera le dernier. Quoique cette maison soit une horrible gargote et qu’elle me laisse peu de regrets, le fait n’en conserve pas moins une triste signification.<br /></p>
<p>L’étendard me mène voir un enfant atteint aussi de fièvre typhoïde.<br /></p>
<p>Les prussiens amènent un corps considérable devant <strong>Queuleu</strong>, 50 à 60.000 hommes. <br /><br /></p>
<p><strong>2 octobre</strong> <em>on dit que les prussiens effectuent leur retraite sur Epernay après avoir été battus devant Paris.</em> <br /></p>
<p>Ils élargissent leur cercle autour de <strong>Metz</strong> et brûlent plusieurs villages autour de la ville.</p>
<p>Aujourd’hui ils ont bombardé et brûlé <strong>Sainte Ruffine</strong>, <strong>Rozérieulles</strong>, <strong>Ladonchamps</strong>, qui leur avait été repris ce matin. <br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9240a.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Un accident arrivé à l’étendard.<br /></p>
<p>Le canon a donné toute la journée de tous côtés, <strong>Saint Quentin</strong>, <strong>Plappeville</strong>, <strong>Saint Julien</strong>, <strong>Montigny</strong>.<br /></p>
<p>A ce dernier endroit, <strong>Chevalet</strong> qui se trouvait à peu de distance des batteries françaises répondant à celle des prussiens qui incendiaient <strong>Sainte Ruffine</strong>, a vu un obus français éclater par accident à une certaine distance au dessus de lui. Un soldat a été blessé au pied assez près de lui.<br /><br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9251d.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>3 octobre</strong> on tente décidément un mouvement sur<strong> Thionville</strong>. Le 4eme corps Ladmirault a été désigné pour commencer. <br /></p>
<p>La moitié de ce corps mise en marche la nuit dernière, est aujourd’hui à <strong>Maizières</strong>, endroit situé presque à moitié chemin de <strong>Thionville</strong>.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9249g.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Il parait que tous les mouvements exécutés ces jours-ci sur les environs de
<strong>Metz</strong>, avaient pour but d’occuper les prussiens et de masquer ce qui se fait aujourd’hui. <br /></p>
<p>Les soldats ont reçus 3 jours de vivres.<br /></p>
<p>Ce soir pour la nuit, on rencontre dans <strong>Metz</strong> de nombreuses voitures chargées de vivres. L’heure de ce mouvement des voitures n’est pas celle que l’on prend pour les distributions journalières.<strong></strong></p>
<p>Je vais dîner à <strong>Montigny</strong> au sacré cœur avec l’abbé <strong>Delafosse</strong>, où j’y trouve l’abbé <strong>Lamarche</strong> qui vient d’être décoré.<br /></p>
<p>Hier soir les prussiens ont brûlé<strong> la Maxe</strong>.<br />
<br /></p>
<p><strong>4 octobre</strong> madame <strong>Cahen</strong> nous vient en aide. Le banquier <strong>Goudchaux</strong> lui avance 20.000 fr sur simple engagement verbal. Elle donne ainsi un bel exemple à ceux qui dans les fonctions de chef, ne voient que l’honneur et la gloriole, sans comprendre ou accepter les charges de la situation.<br /></p>
<p>Nos troupes réoccupent <strong>Lessy</strong> et <strong>Ladonchamps</strong>. <br /></p>
<p>La marche sur <strong>Thionville</strong> ne se confirme pas.<br /><br /></p>
<p><strong>5 octobre</strong> <em>les bruits de défaite des prussiens devant Paris restent toujours sans contradiction mais sans confirmation. Nous retombons dans l’ignorance absolue</em>.<br /></p>
<p>Les affaires d’avant-poste sont toujours vives.<br /><br /></p>
<p><strong>6 octobre</strong> les prussiens envoient des obus sur <strong>Ladonchamps</strong> depuis deux batteries établies près de <strong>Semécourt</strong>. Notre feu les fait taire bientôt.<br /></p>
<p>Ils dirigent une attaque plus sérieuse sur <strong>Lessy</strong>. Des 3 batteries construites sur les hauteurs de <strong>Châtel</strong>, ils envoient sur <strong>Lessy</strong> une pluie d’obus. <br /></p>
<p>Les forts de <strong>Saint Quentin</strong> et de <strong>Plappeville</strong> leur répondent avec succès. <br /></p>
<p>Ils tentent d’emporter la position, mais notre feu d’infanterie leur fait un tort considérable. Après 3 attaques inutiles, ils rentrent dans leur retranchement. <br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9243x.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Nous ne perdons que 3 hommes et 11 blessés. Les blessures siègent toutes à la tête et sont reçues lorsque les soldats dépassaient leur tête. <br /></p>
<p>Depuis les retranchements de l’Esplanade, on voit parfaitement les feux des deux côtés. Le tir de <strong>Saint Quentin</strong> effectué à une distance considérable est d’une justesse étonnante.<br /><br /></p>
<p><strong>7 octobre</strong> <strong>Lefort</strong> nous réunit en conseil sur la question de savoir si l’on fera une retenue sur les appointements de B. et P. qui ont des dettes criardes. L’affirmation est adoptée.<br /></p>
<p>Dans la prévision de mouvements de l’armée, on prend des dispositions pour que nous soyons prêts à partir le cas échéant.<br /></p>
<p>Il est certain qu’en ce moment nos soldats n’ont pas du côté de <strong>Thionville</strong>, dépassé <strong>Ladonchamps</strong>. Cette fois encore ils se sont trop pressés.<br /></p>
<p>Toujours absence complète de nouvelles de <strong>Paris</strong>. J’ai remis hier à <strong>Lagrave</strong> une lettre à destination de Paris. Une personne sûre doit la faire parvenir avec d’autres.<br /></p>
<p>Je monte à cheval à 2 heures avec <strong>Good</strong> et <strong>Boylon</strong> nous allons du côté de la Seille puis à <strong>Queuleu</strong>. <br /></p>
<p>De là, nous voyons et entendons <strong>Saint Julien</strong> tirer vigoureusement. Nous nous dirigeons de ce côté mais au lieu de rentrer dans <strong>Metz</strong> pour reprendre la grande route de<strong> Saint Julien</strong>, nous prenons le plus court par de petits chemins à travers champs et à travers camps. En arrivant sur la route de <strong>Sarrebruck</strong> à 300 m avant la ferme de <strong>Bellecroix</strong>, nous sommes surpris de voir des troupes formées en tirailleurs et en costume d’attaque, faisant face à <strong>Noisseville</strong> et se trouvant dans les mêmes positions qu’à l’affaire du 31 août, mais en nombre beaucoup moins considérable.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9252f.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Tout est silencieux, mais il va se passer quelque chose très certainement. <br /></p>
<p>Nous voyons passer un général qui se dirige sur <strong>Bellecroix</strong>. Nous le suivons à une certaine distance. <br /></p>
<p>Au moment où je passais au niveau du petit fort des <strong>Bordes</strong>, qui se trouve à 30 mètres de la route, j’entends une violente détonation et le sifflement de l’obus qui passe au dessus de ma tête. Mon cheval aussi surpris que moi fait un écart, c’est le premier coup de feu de l’action. <br /></p>
<p>Le fort tire sur les prussiens qui sont du côté de <strong>Chieulles</strong>. Nous allons jusqu’à <strong>Bellecroix</strong> où il n’y a pas de blessés ni rien qui nous intéresse. <br /></p>
<p>Combien cet endroit est changé depuis le 31 août, arbres coupés, barricades, créneaux, tout est méconnaissable. <br /></p>
<p>Nous prenons à travers champs, tout aussi est changé, beaucoup de maisons ont été abattues, les autres ont été fortifiées, et nous voyons tous les soldats, l’arme au poing derrière les retranchements.<br /></p>
<p>Le bois de peupliers sur le bord duquel nous nous sommes reposés le 1er septembre est abattu. De son emplacement on domine les lignes.<br /></p>
<p>Nous voyons la fusillade s’engager et la canonnade commencer. Nous descendons dans le ravin de <strong>Vallieres</strong> et remontons vers <strong>Saint Julien</strong>.<br /></p>
<p>A mesure que nous montons vers ce fort, le panorama se développe de mieux en mieux, bien que la nuit commence à tomber. Il est 5 h ¼, le fort de <strong>Saint Julien</strong> qui jusqu’alors n’avait tiré que vers la rive gauche, se met de la partie pour soutenir notre attaque. Les boulets nous passent tous sur la tête.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9244w.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Arrivé au niveau du fort sur la route à l’entrée du château de <strong>Grimont</strong>, nous nous trouvons plus rapprochés du feu prussien. Quelques obus éclatent dans notre voisinage. On entend plus qu’un bruit de fusillade, de canonnade et de sifflement d’obus. <strong>Good</strong> et <strong>Boylon</strong> qui se trouve à quelque distance de moi voient un projectile s’éclater à leurs pieds. <br /></p>
<p>Nous passons devant <strong>Grimont</strong> et remontons sur la route de <strong>Bouzonville</strong> qui domine les deux rives de la Moselle. Là je suis tout surpris de voir que la vallée de la rive gauche est tout en feu, une fumée épaisse couvre <strong>Ladonchamps</strong>, <strong>Woippy</strong>, <strong>Saint Rémy</strong>, <strong>les Tapes</strong>.<br /></p>
<p>On voit encore les batteries prussiennes d’<strong>Olgy</strong> et de <strong>Semécourt</strong> envoyer sur nos troupes leur feu convergeant.<br /></p>
<p>Mais l’obscurité devient plus intense et l’on ne distingue plus que de la fumée et le feu des batteries.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/j.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Au pied du fort, sur le versant qui regarde la Moselle, sont des batteries d’artillerie et de mitrailleuses qui viennent de tirer sur <strong>Olgy</strong> et <strong>Malroy</strong> qui ont reçu un grand nombre de projectiles.Il n’y a eu que peu de blessés qui sont en route pour Metz.<br /></p>
<p>Je reprends le chemin de la ville. A la pension j’apprends que plusieurs d’entre nous sont partis à<strong> Woippy</strong> où de nombreux blessés se trouvent et vont être ramenés à l’ambulance.<br /></p>
<p>Je vais dîner au Pélican d’or où j’entends circuler de tristes nouvelles :<em> <strong>Strasbourg</strong> à bout d’hommes et de munitions a capitulé. Les prussiens occupent les environs de <strong>Paris</strong>, ils ont brûlé <strong>Saint Germain</strong> et son château. <strong>Paris</strong> est bloqué</em>.<br /></p>
<p>Après dîner je vais à l’ambulance où de nombreux blessés viennent d’arriver. Je fais les premiers pansements.<br /></p>
<p><strong>8 octobre</strong> Nous avons 6 prussiens blessés légèrement. Presque tous nos blessés français appartiennent aux voltigeurs et aux chasseurs de la garde qui ont été fort maltraités.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9247k.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><em>Les prisonniers prussiens ont confirmé les nouvelles relatives à <strong>Strasbourg</strong></em>.<br /></p>
<p>Vu la quantité de blessés qui arrivent dans la ville et le nombre de fiévreux qui encombrent les hôpitaux, nous nous décidons, tout en gardant l’ambulance, à détacher un certain nombre d’entre nous dans les hôpitaux qu’on forme chaque jour et dont les médecins sont rares.<br /></p>
<p><strong>Lefort</strong> fait part de notre offre au médecin en chef des hôpitaux qui accepte avec empressement, assurant que nous aurons dans nos services la plus parfaite indépendance. Je me propose pour un service de fiévreux.<br /><br /></p>
<p><strong>9 octobre</strong> <strong>Martin</strong> et <strong>Lagrave</strong> prennent chacun un service de chirurgie à la caserne <strong>Chambière</strong>. On m’offre un service à la caserne <strong>Coislin</strong> un que j’accepte aussitôt.<br /></p>
<p>Le <strong>Saint Quentin</strong> tire toute la journée du côté d’<strong>Ars</strong>. <br /><br /></p>
<p><strong>10 octobre</strong> j’inaugure mon service.<strong> Lefort</strong> me présente à monsieur <strong>de l’Estrade</strong>, médecin en chef de l’hôpital, qui me fait un excellent accueil.<br /></p>
<p>Je n’ai emmené de mon service que <strong>Barborin</strong> un de mes sous-aides. Mr <strong>de l’Estrade</strong> me fit les honneurs des salles qui sont fort tristes et dénuées. Je n’y pourrai faire que de la thérapeutique très restreinte. Les ressources comme alimentation se ressentent aussi de la gêne générale.<br /></p>
<p>Je trouve l’abbé <strong>Lamarche</strong>, aumônier de l’hôpital, qui avait déjà parlé de moi à monsieur <strong>de l’Estrade</strong>. Nous prenons ensemble le café matinal et comme il va à <strong>Montigny</strong> déjeuner avec <strong>Delafosse</strong>, je l’accompagne. Agréable réunion et précieuse ressource pour moi dans mon exil, que cet ami qui me rappelle mes meilleurs souvenirs et avec qui je puis causer sans contrainte de ceux qui me sont chers.<br /></p>
<p><em>Les détails qui arrivent de Strasbourg sont navrants, ville bouleversée, habitants tués dans leur maison et dans les rues, la nuit comme le jour, par les bombes. L’évêque mort de ses blessures, carnages, incendies, désolation.</em></p>
<p><em>Quelle horrible pensée de songer que les prussiens sont devant <strong>Paris</strong> et que la malheureuse ville va peut-être subir les atteintes de la faim et des bombes</em>.<br /></p>
<p>Où sont les miens ? N’être pas ensemble dans de tels moments, certes je ne regrette pas ce que j’ai fait, j’ai pu réellement rendre quelques services, mais n’aurais-je pas été tout aussi utile à <strong>Paris</strong>, et n’aurais-je pas eu la consolation de savoir en sûreté ceux qui me sont chers, ou tout au moins de les sentir près de moi ? Qu’allai-je faire dans cette galère ?<br /></p>
<p>La ration de pain des soldats est réduite à 300gr, aussi parle t-on de la famine et de la capitulation. <br /></p>
<p><em>Des meilleures nouvelles se présentent. Il serait fortement question d’un armistice et par suite de la paix. A la suite de notre victoire à <strong>Etampes</strong>, <strong>Guillaume</strong> aurait parlé de paix en offrant les mêmes conditions que précédemment. <strong>Jules Faure</strong> aurait refusé ces conditions pour en proposer de plus favorables en négociant</em>.<br /></p>
<p><em>D’autres disent qu’une armée de 200.000 à 300.000 hommes arrive à notre secours</em>.<br />
<br /></p>
<p><strong>à suivre</strong></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-suite-6#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2684La guerre de 1870 autour de Metz - suite 5urn:md5:4b04c7896b3e3307dcde2381be955a962020-03-05T15:19:00+01:002020-03-05T15:19:00+01:00micheleLa guerre de 1870autour de Metzguerre de 1870HistoireXIXe siècle <p><strong><span class="text-blue">Du 20 septembre au 30 septembre</span></strong> <br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Signé par le général de Berckheim</span></strong></p>
<p>26 septembre à partir d’aujourd’hui, les deux pontonniers et la nacelle qui font le service à hauteur de la batterie de la Grange aux Dames, sont mis sous les ordres de l’officier de garde. C’est à cet officier que l’on s’adressera pour obtenir le passage de la rivière. Il veillera en outre à ce que la nacelle soit bien tenue et à ce que l’un des deux pontonniers au moins, soit toujours présent. Aucun d’eux ne devra en tout cas s’absenter sans permission. Les deux pontonniers continueront à être au 9ème bataillon de chasseurs.</p>
<p><strong><span class="text-blue">Du 20 septembre au 30 septembre</span></strong><br />
<strong><span class="text-blue">Récit du médecin militaire</span></strong><br /></p>
<p><strong>22 septembre</strong> Le fort <strong>Saint Julien</strong> tire depuis le matin, je vais de ce côté. Il y a des engagements d’avant-poste.</p>
<p>Ce matin les voitures françaises sont allées faire le fourrage à <strong>Lauvallières</strong> protégées par peu d’hommes. Les prussiens ont laissé charger les voitures et au moment où elles allaient partir, ils ont démasqué plusieurs régiments qui se sont emparés du convoi.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9215__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>Bazaine</strong> n’a pas voulu rester sur ce léger échec. Il a ordonné qu’un nouveau convoi plus important que le premier, aille prendre du fourrage au même endroit, cette fois le convoi solidement appuyé. Les voitures se chargèrent sans grand obstacle, mais au moment du départ l’ennemi envoya depuis les batteries établies au dessus de <strong>Montoy</strong>, une grêle d’obus sur les voitures.<br /></p>
<p>Les projectiles arrivaient jusqu’à la ferme de <strong>Bellecroix</strong> qui en reçut un grand nombre.<br /></p>
<p>Deux des dernières voitures furent endommagées, on les déchargea et les soldats prirent chacun une botte de foin et le tout était rentré sain et sauf.<br /></p>
<p>On évalue à 200 voitures la quantité de fourrage amenée ainsi dans la ville.</p>
<p>Nous n’avons malgré le feu des prussiens, qu’un seul blessé.<br /></p>
<p>Deux régiments de dragons et plusieurs d’infanterie appuyaient le mouvement. Les forts de <strong>Saint Julien</strong> et <strong>Queuleu</strong> répondaient aux batteries ennemies.<br /></p>
<p>J’arrive à <strong>Saint Julien</strong> vers 3 heures. Le lieutenant colonel, commandant le fort, pointe lui-même une batterie de 3 pièces de 24. Je me place à côté de la batterie pour juger l’effet des coups.<br /></p>
<p>On voit du fort, tout le panorama de l’engagement de nos tirailleurs et les dragons qui sont rangés en avant de <strong>Bellecroix</strong>.</p>
<p>Les prussiens sont en nombre considérable sur la route de <strong>Boulay</strong> et du côté de <strong>Noisseville</strong>. On aperçoit parfaitement le feu de leurs batteries, ainsi que la fumée et la poussière de leurs obus tombant devant <strong>Bellecroix</strong>. Le feu cesse vers 4 heures1/2.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9216__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>23 septembre</strong> nouvelle tentative pour faire du fourrage, cette fois c’est à <strong>Chieulles</strong> que l’on veut aller. Une vingtaine des mille hommes du corps de <strong>Leboeuf</strong> suivront seulement le mouvement. Il y a encore un grand retard dans l’exécution. <br /></p>
<p>Les troupes restent pendant 2 heures sur les glacis de <strong>Saint Julien</strong>, parfaitement en vue de l’ennemi qui ne perd aucun de leur mouvement. Lorsqu’on se décide à se mettre en marche, on voit de nombreux uhlans s’en aller ventre à terre vers leurs camps.<br /></p>
<p>Les prussiens laissent nos fourrages arriver à <strong>Chieulles</strong> et charger les voitures, mais au moment du départ une multitude d’obus vient pleuvoir sur les nôtres. Le combat s’engage, une vive fusillade éclate, mais l’artillerie prussienne nous force bientôt à battre en retraite. Nous avons une trentaine de blessés et plusieurs morts. Nous ramenons seulement 3 voitures chargées.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9196__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Les prussiens avaient mis en batterie une soixantaine de pièces. Nous n’avons pour soutenir le mouvement qu’une seule batterie et 4 pièces de <strong>Saint Julien</strong>.<br /></p>
<p>On a remarqué que les prussiens ont construit de nombreux ouvrages en terre, où ils viennent abriter leurs batteries sans jamais les y laisser. Dès qu’il y a une action, ils viennent placer leurs canons dans un de ces abris et examinent si ce lieu est convenable comme portée et comme direction. Ils peuvent rester là ou bien se porter à un autre abri qu’ils trouvent préférable.</p>
<p><strong>24 septembre</strong> trois d’entre nous vont chercher dans les lignes prussiennes, le corps d’un officier tué hier. Il faut parlementer avec un officier prussien, qui après avoir fait fouiller tout le monde, permet de chercher le corps que l’on trouve déjà enterré.<br /></p>
<p>Un blessé m’apprend qu’on a été chercher du fourrage cette nuit à 11 heures. La veille déjà, même chose toute la nuit.</p>
<p><strong>25 septembre</strong> un officier d’état-major fait prisonnier à <strong>Sedan</strong> et rendu ici, raconte des détails intéressants.</p>
<p><em>Commandement laissé à <strong>Ducrot</strong> par <strong>Mac Mahon</strong> lorsqu’il est blessé, avec instruction pour se retirer sur <strong>Mézières</strong>.</em>
<em>Arrivée de <strong>Wempfem</strong> qui s’empare du commandement au nom de l’empereur et ordonne la retraite sur <strong>Sedan</strong>.</em> <br /></p>
<p><em>Les portes de <strong>Sedan</strong> sont fermées, on les enfonce et on s’entasse dans les murs sur les places.</em>
<em>Les obus venant frapper au milieu de ces foules compactes, font des vides effroyables qui sont comblés aussitôt, pour se renouveler encore.</em>
<em>Les portes des maisons sont fermées, les soldats les enfoncent pour s’y réfugier et massacrent les habitants.</em></p>
<p><em>Lorsque la capitulation est signée, les soldats refusent de défiler devant le prince royal, en dépit des ordres de <strong>Wempfem</strong>. Le prince fait poster 6.000 prussiens derrière les nôtres et leur envoient des coups de fusil pour les faire avancer.</em><br /></p>
<p><em>Les villages des environs se défendent énergiquement, les femmes, les prêtres prêchent l’exemple. L’un de ces villages est détruit complètement, les prussiens fusillent le curé et une jeune fille attachés ensemble.</em></p>
<p><strong>26 septembre</strong> <strong>Lefort</strong> nous demande de ne pas nous éloigner, <em>un personnage important lui ayant dit qu’il y aurait peut-être aujourd’hui quelque chose de sérieux. On lui a indiqué le lieu présumé de l’action à condition de ne pas le révéler. Nous devons aller du côté du canon, l’armée cherche t-elle à se dégager ?</em> <br /></p>
<p>La journée se passe sans la moindre alerte, il parait que le personnage important s’était trompé.<br /></p>
<p>Madame Cahen me donne la bonne nouvelle au sujet de la paix.</p>
<p><em>Un intendant militaire du quartier du quartier général lui a dit sans être officiel que la paix était en bonne voix et que l’attitude de Paris avait donné à réfléchir à l’ennemi.</em><br /></p>
<p><em>Bourbaki est parti depuis le 24 pour des négociations ayant obtenu un sauf conduit prussien.</em>
<em>Un officier d’état major que je rencontre confirme absolument la nouvelle. Quelle est la mission de Bourbaki</em> ?</p>
<p><em>D’après les uns il est allé à Paris prendre les ordres du gouvernement provisoire</em>.
<em>D’après les autres il se serait rendu auprès de l’impératrice pour traiter la question de la restauration du prince impérial avec l’impératrice pour régente</em>.</p>
<p><strong>27 septembre</strong> le canon tonne dans la direction de <strong>Queuleu</strong> et de <strong>Saint Julien</strong>. Nous nous donnons rendez vous à l’ambulance à 2 heures.<br /></p>
<p>On dit qu’il y a une action très sérieuse du côté de <strong>Peltre</strong>. L’action ayant lieu depuis le matin, je m’étonne que le départ se fasse si tard, ce qui nous expose à arriver quand il n’y aura plus rien à faire, mais ça ne sera pas la première fois.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9207__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Mon cheval étant malade et les voitures insuffisantes, je pars à pied avec <strong>Laugier</strong> et <strong>Parinaud</strong>, bien persuadé de l’inutilité de notre course. Mais il faut être à notre poste et le temps est si beau que nous pouvons nous consoler si nous sommes inutiles, en faisant une belle promenade. <br /></p>
<p>Nous passons la porte <strong>Mazelle</strong>, le chemin de <strong>Queuleu</strong> et à la gauche du fort, nous apercevons notre personnel et nos fourgons qui reviennent piteusement, ayant trouvé l’affaire terminée. <br /></p>
<p>Chacun se dispose donc à rentrer. Je monte dans la voiture de monsieur <strong>Cahen</strong> avec L<strong>iegeois</strong> et nous allons faire visite au sous- lieutenant <strong>Guiard</strong> du 60ème, que nous avons eu comme blessé à <strong>Borny</strong> et qui a repris son service.<br /></p>
<p>Nous trouvons plusieurs officiers qui nous accueillent parfaitement et nous invitent à venir déjeuner demain aux avant-postes.<br /></p>
<p>Le 60e est campé dans un site sur une cote rapide descendant de <strong>Saint Julien</strong> à la <strong>Moselle</strong> et couvert de vignes et de bois, ces derniers ayant été coupés par mesure de prudence. De là spectacle splendide, le panorama s’étend à perte de vue sur <strong>Metz</strong>, <strong>Saint Quentin</strong>, <strong>Malroy</strong>, c’est véritablement féerique. Nous entendons quelques morceaux de musique militaire dont l’effet dans ce beau paysage, porte à la rêverie. Comme la pensée s’envole alors vers ceux qu’on aime et qu’on désire tant.<br /></p>
<p>Mais au milieu de ce beau paysage la guerre imprime son stigmate. De plusieurs villages s’élève une fumée épaisse, le feu y a été mis ce matin par nous et par l’ennemi.<br /></p>
<p>Une expédition a été faite ce matin de ce côté aussi. Trois escadrons de chasseurs d’Afrique et quelques compagnies d’infanterie se sont dirigés vers la ferme de la <strong>Maxe</strong>, occupée par une forte colonne prussienne, 2.000 hommes environ qu’ils culbutèrent à l’arme blanche. <br /></p>
<p>Dans la direction de <strong>Malroy</strong>, <strong>Saint Julien</strong> tirait en même temps sur le château de <strong>Ladonchamps</strong> situé à peu de distance. Les obus y mirent bientôt le feu. <br /></p>
<p>On a ramené une assez grande quantité de fourrage malgré la grêle d’obus prussiens qui accompagnait le retour des fourrageurs et venait jusque dans le camp du 60eme à travers la <strong>Moselle</strong> interrompre désagréablement le déjeuner des officiers du 3e bataillon et les forcer à camper plus loin.<br /></p>
<p>Il n’y a eu que des pertes insignifiantes de notre côté. On a fait une vingtaine de prisonniers prussiens et on a eu la consolation de savoir que leur déjeuner avait été dérangé aussi bien que celui du 60eme.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9214__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>On a trouvé en effet dans le château de <strong>Ladonchamps</strong>, un déjeuner à peine entamé que venait de quitter précipitamment un général prussien. Nos soldats qui n’aimaient rien laisser perdre se sont empressés de faire honneur au repas.<br /></p>
<p>On raconte une assez bonne plaisanterie prussienne : on a trouvé sur la terrasse du même château deux charrues supportant des tuyaux de poêle de façon à simuler des canons.<br /></p>
<p>Du côté de <strong>Peltre</strong>, l’expédition a été plus fructueuse encore. La brigade <strong>Lapasset</strong> amenée par un train de 11 wagons, a délogé les prussiens de <strong>Mercy le Haut</strong> le tout à la baïonnette et soutenu par le tir de <strong>Queuleu</strong>.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9204__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>On a pris 60 voitures de fourrage, du bétail en quantité et des provisions de toutes espèces. <br /></p>
<p>Les prussiens ont envoyé force d’obus sur le convoi, mais ils ne sont parvenus qu’à mettre le feu à une voiture. Encore l’a-t-on rapidement éteint. <br /></p>
<p>Nos baïonnettes ont fait merveille, on a rejeté les prussiens sur les batteries de canons et les mitrailleuses cachées dans les vignes, qui leur ont fait grand mal.
Nous avons eu une centaine de blessés et quelques morts.<br /><br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9205__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Nous avons mis le feu à <strong>Mercy le Haut</strong>, à la <strong>Grange aux Bois</strong> et à <strong>Colombey</strong> où était l’ambulance prussienne, où nous avons été chercher des blessés le lendemain à <strong>Borny</strong>.<br /></p>
<p>L’affaire d’aujourd’hui aurait été plus brillante encore, si la trahison ne s’en était pas mêlée. Un de ces marchands qui vendent aux soldats de l’eau de vie et du vin était allé prévenir les prussiens hier. Aussi avaient-ils pris des précautions et fait disparaître beaucoup de choses.<br /></p>
<p>Ils ont entre autres choses, empêché une fort jolie expédition qu’on allait tenter.
Mr <strong>Dietz</strong>, chef des ateliers du chemin de fer, avait construit une locomotive blindée avec laquelle il devait accrocher un train prussien chargé de vivres et le ramener en gare.
Malheureusement les prussiens prévenus avaient coupé la voie en avant de leur train. Le train est cependant parvenu à emporter une partie du contenu des voitures.<br /></p>
<p><strong>Le traître a été arrêté</strong>. <br /></p>
<p><strong>28 septembre</strong> cette nuit les prussiens ont mis le feu à <strong>Peltre</strong> et à un village de la rive gauche. Comme nous n’avons pas gardé hier les positions prises sur eux dans la matinée, ils les avaient réoccupées dans l’après midi. Ce matin ils les ont abandonnées en incendiant divers villages.<br /></p>
<p>Nous faisons nos provisions, prenons une voiture et nous arrivons à Saint Julien. Nous descendons la voie du petit chemin de fer qui fait le service du fort à la Moselle.
<br /></p>
<p>J’arrive à la rivière après avoir été en proie à un vertige assez violent en traversant un petit viaduc jeté sur un ravin assez profond. Le viaduc est en bois et à claire voie. Il faut passer sur des planches jetées le long de l’entre voie, je suis bien aise de retrouver la terre ferme.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2020/guerre_1870/IMGP9208__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Soirée de monsieur <strong>Cahen</strong>. Plaisir que nous fait cette charmante réunion en nous rappelant un peu notre milieu parisien, déjà si loin de nous. Le canon tonne pendant la première partie de la soirée tirant sur les prussiens qui incendient <strong>Peltre</strong>.<br /></p>
<p>Nous suivons un sentier tracé le long de l’eau, les sentinelles averties à l’avance, nous laissent passer. Nous arrivons à la grande garde où nous sommes reçus à quelques centaines de mètres de l’endroit où nous étions hier.<br /></p>
<p>Abusés par une trouée dans les mêmes arbres, à 100 mètres des soldats dans les vignes et dans les bois, nous avions fait le coup de feu avec les prussiens. Les coups de feu éclatent près de nous et nous entendons les balles siffler. Le panorama dont il a été question hier se trouvait à nos pieds.<br /></p>
<p>Sur la rive gauche de la rivière nous voyons les sentinelles avancées et les vedettes de cavalerie qui vont et viennent du côté de la <strong>Maxe</strong> et de <strong>Ladonchamps</strong>.<br /></p>
<p>Dans les champs à une certaine distance, on voit les fortes avancées des prussiens debouts ou couchés, et plus loin en face de <strong>Malroy</strong> une batterie prussienne de 6 pièces qui a envoyé hier une foule d’obus à la place où nous sommes.<br /></p>
<p>Nous nous établissons à mi-cote et l’on fait les préparatifs du déjeuner. Le soleil étant très ardent, nous dressons un abri en branchage, ce qui est facile vu que tous les arbres sont abattus. Les soldats font observer qu’il n’est peut-être pas sûr de dresser un feuillage si près des prussiens. Il se pourrait bien que les prussiens nous adressent quelques obus en forme de dessert. <br /></p>
<p>Les officiers nous rappellent qu’au premier obus il faut toujours rectifier le tir en avant ou en arrière, et qu’on a parfaitement le temps d’aller se mettre à l’abri, ce qui devrait être facile ici. Nous nous rangeons à cet avis et nous n’avons qu’à nous louer des prussiens qui nous laissent déjeuner le plus tranquillement du monde. Le repas se fait assis sur des sacs de soldat. <br /></p>
<p>Au dessert un soldat parisien, excellent en campagne et d’une voix de ténor sympathique, nous chante avec beaucoup de charme des chansons et des chansonnettes. On me fait chanter aussi. La journée passe rapidement.<br /></p>
<p>Nous partons à 5 heures ½ et revenons à pied à <strong>Metz,</strong> le long de la<strong> Moselle</strong>, par un chemin délicieux où nous retrouvons un superbe coucher de soleil. Nous arrivons à <strong>Metz</strong> à 7 heures au moment de la fermeture des portes. <br /></p>
<p><strong>29 septembre</strong> <strong>Lefort</strong> se pique d’honneur à l’heureuse idée de madame <strong>Cahen</strong>. Il se loge à l’hôtel de<strong> Metz</strong> et prend le même salon dans lequel il nous recevra deux fois par semaine. Jusque là personne de nous n’a encore été reçu par lui. Il a fallu l’intelligence délicate d’une femme qui lui inspirât cette idée et que son esprit l’amenât à l’exécuter.<br /></p>
<p>Des journaux prussiens ont été trouvés sur les prisonniers du 27 septembre.<br /></p>
<p><strong>30 septembre</strong> la misère arrive, nous sommes sans argent et nous ne trouvons pas de crédit. <br /></p>
<p>Les caisses de l’armée nous sont fermées. Notre indemnité du 25 ne nous est pas payée. On donne seulement aux aides et sous aides 70 fr d’acompte. Les chirurgiens ne reçoivent rien.<br /></p>
<p>Plusieurs cas de typhoïde : l’abbé <strong>Caussonel</strong> et une fille de la lingerie.<br /></p>
<p><strong>à suivre</strong></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-suite-5#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2683La guerre de 1870 autour de Metz - suite 4urn:md5:3f3683ac321ffa20cfecba674f5837d12020-02-20T17:14:00+01:002020-02-20T17:25:46+01:00micheleLa guerre de 1870autour de Metzguerre de 1870NoissevilleXIXe siècle <p><strong><span class="text-blue">Du 10 septembre au 20 septembre</span></strong> <br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Signé par le général Henry</span></strong></p>
<p><strong>13 septembre</strong> à dater du 14 septembre le taux de la ration de fourrage distribuée sera réduit ainsi : avoine 2 kg, de foin 1 kg, de son 0,5kg: soit un total de 3 kg pour les chevaux d’artillerie, les officiers et la troupe.<br /></p>
<p>Le blé sera employé à la nourriture des chevaux, en le mélangeant tant que ce sera possible, soit avec le seigle, soit avec de l’avoine, ou à défaut de seigle et d’avoine, en distribuant du son en substitution du blé, à poids égal et dans la proportion maximum de 1/10e.<br /></p>
<p>A partir du 15 courant, la ration journalière de pain sera réduite à 300 grammes, et par compensation celle de la viande sera portée à 400 grammes, tout en maintenant la ration de vin.<br /></p>
<p><strong>14 septembre</strong> des ballons porteurs de dépêches partiront de Metz à partir du 15 septembre au matin.</p>
<p>Afin de permettre l’envoi d’un plus grand nombre de lettres, elles devront être écrites sur papier mince de 0.10 cm sur 0.05. Elles seront envoyées ouvertes et sans enveloppes au quartier général de monsieur le général commandant supérieur de la place de Metz, pour être expédiées au fur et à mesure de la construction des ballons. <br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9202__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Signé par le général de Berckheim</span></strong><br /></p>
<p><strong>15 septembre</strong> J’approuve l’ordre permanent que vous avez donné dans les batteries de la réserve, au sujet des reconnaissances à faire par les officiers d’artillerie, des travaux exécutés par l’ennemi en avant de nos lignes.<br /></p>
<p>Le général Henry commande à l’instant 100 travailleurs d’infanterie qui devront se rendre immédiatement à votre batterie pour les travaux à exécuter ce matin.<br /></p>
<p><strong>19 septembre</strong> Le maréchal commandant en chef, en présence des inconvénients graves qui peuvent résulter de l’entrée de la ville de <strong>Metz en état de siège</strong>. <br /></p>
<p>Des soldats isolés qui recevant dans leur camp les vivres, viande et pain, vont en trop grande quantité puiser aux ressources de la population. <br /></p>
<p>Il a été décidé que nul militaire appartenant à l’armée (hommes de troupes) ne pourra pénétrer en ville isolement à partir d’aujourd’hui. <br /></p>
<p>Des corvées commandées régulièrement et portant une permission authentique du général commandant la division, seront seules admises à pénétrer dans la place.</p>
<p>Le chef de la corvée quel que soit son grade, sera responsable de la tenue de cette corvée, son nom sera inscrit en tête de la permission accordée.</p>
<p>Je vous renouvelle à cette occasion la recommandation que je vous ai faite hier, pour messieurs les officiers, de n’aller en ville que le moins possible et de n’y faire, surtout en comestible, que les achats qui vous seront rigoureusement nécessaire. Je n’ai pas besoin de vous prier de vous rappeler la convenance de l’exécution des ordres que je vous donne.<br />
<br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Du 10 septembre au 20 septembre</span></strong></p>
<p><strong><span class="text-blue">Récit par le médecin militaire</span></strong></p>
<p><br /></p>
<p><strong>11 septembre</strong> visite au fort de <strong>Queuleu</strong>, mon cheval enfonce dans la boue. Visite des batteries, on voit les avant-postes ennemis. Les canons se chargent par la culasse et ont un facile avantage, le temps de la charge étant peu de chose comparé à celui du pointage.<br /></p>
<p>Pièces de 24 dans tout le fort. On ne se sert plus de boulets pleins. Les prussiens emploient les obus pénétrants et nous les obus à fusée.<br /></p>
<p>Les nôtres sont préférables, ils sont tout en fonte avec des ailettes de plomb. Ils détonnent en l’air et forment un feu fauchant en éclatant. <br /></p>
<p>Ceux des prussiens éclatent en terre et souvent ne font pas de mal, à moins de tomber fort près, mais ils ont l’avantage de bien indiquer la portée des tirs, parce que l’on juge l’endroit précis du sol où ils éclatent.<br /></p>
<p>Nos pièces de 24 reculent de 1 mètre et quelques fois de 2, quand le sol de planches est rendu glissant par la pluie.</p>
<p><strong>Le 17 août</strong> les prussiens avaient établi une batterie d’une cinquantaine de canons, qui pendant 2 heures avaient lancé sur le fort une quantité considérable d’obus.<br /></p>
<p>Un gendarme me demande ma carte que je lui présente.</p>
<p>Au dîner incident entre <strong>Roussel</strong> et <strong>Lefort</strong>, concernant la conduite de <strong>Lefort</strong> avec ses conseils sur nos services, nous les repoussons vivement. <br /></p>
<p>Le matin au niveau de la plaie de l’amputé de cuisse, j’ai fait deux ligatures.<br /><br /></p>
<p><strong>12 septembre</strong> visite du fort de <strong>Plappeville</strong>. Martin et moi escortons la voiture de monsieur <strong>Cahen</strong> accompagné de <strong>Lagrane</strong> et <strong>Lafitte</strong>.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9237.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Vue superbe, fort inachevé mais armé. Nous y trouvons Mr et Mme <strong>de Gargan</strong>.<br /></p>
<p>Vue sur le camp prussien de <strong>Malroy</strong>. On voit les prussiens construire des batteries et des tranchées dans la plaine entre <strong>Malroy</strong> et le fort.<br /></p>
<p>On aperçoit très bien d’autres batteries près du bois de <strong>Chatel</strong> et une pièce contre une batterie située au dessus de <strong>Saulny</strong>.</p>
<p>Les avant-postes français et prussiens se touchent presque.</p>
<p><em>Les mauvaises nouvelles se précisent et prennent de la consistance. <strong>Défaite à Sedan</strong>, l’armée coupée en trois corps ?</em></p>
<p><em>Ces nouvelles rapportées suivant les uns, par les journaux prussiens, suivant les autres, par les journaux français. <strong>Que faut il croire</strong> ?</em></p>
<p>Parole d’un officier à <strong>Plappeville</strong> :
<em>il y a dans ce moment un conseil de guerre tenu par les chefs de corps d’armée, une grande décision sera prise probablement.</em>
Vous n’entendez plus le bruit du canon tant pis et tant mieux.</p>
<p>Nous retournons tristement à <strong>Metz</strong>. Musique militaire dans la vallée avec un effet indicible.
<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9239.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><br /></p>
<p><strong>13 septembre</strong> <em>on annonce que l’affaire de <strong>Sedan</strong> aurait été un désastre, 40.000 prisonniers, <strong>l’empereur</strong> obligé de remettre lui-même son épée à <strong>Guillaume</strong> après s’être rendu dans <strong>Sedan</strong> avec ses 40.000 hommes</em></p>
<p><strong>Mac Mahon</strong> <em>mort de ses blessures</em>, <strong>''Strasbourg</strong> <em>bombardé</em>.</p>
<p>Proclamation de <strong>Coffinières</strong>, <em>annonçant le désastre et le changement de gouvernement et disant que malgré le manque de renseignements, on ne peut pas non plus les démentir</em>.
<br />
<br /></p>
<p><strong>14 septembre</strong> <em>les prussiens auraient permis d’envoyer à Paris, un officier pour s’assurer de l’état des choses.</em><br /></p>
<p>On accuse <strong>Lefort</strong> d’être fort bien avec les prussiens, d’aller souvent dans leurs lignes et de pratiquer l’espionnage.<br />
<br /></p>
<p><strong>15 septembre</strong> on annonce que le blocus sera levé dans trois jours. <em>Les prussiens auraient permis à un parlementant d’aller jusqu’à <strong>Paris</strong>. Ce parlementant n’aurait pas pu aller plus loin que le camp prussien d’<strong>Ars</strong> où il aurait déjeuné, puis retour à <strong>Metz</strong>.</em> <br /></p>
<p>On parle d’une attaque pour cette nuit.<br />
<br /></p>
<p><strong>16 septembre</strong> <em>ce matin les nouvelles changent. Un sergent de zouave raconte</em> <em>que le général <strong>Picard</strong>, de la garde, aurait dit hier en passant devant son régiment</em> <em>: Zouaves, réjouissez vous <strong>l’empereur</strong> sera ici demain avec 500.000 hommes</em>.</p>
<p>Rencontre ce matin à <strong>l’hôtel de l’Europe</strong> d’un général disant <em>je vais aujourd’hui vous en apprendre une qui vous fera plaisir. Le maréchal <strong>Bazaine</strong> vient de recevoir des nouvelles de <strong>l’empereur</strong> qui lui envoie une poignée de main et lui annonce qu’il sera ici après demain avec 500.000 hommes.<br /></em></p>
<p>L’attaque annoncée la veille n’a pas eu lieu.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9199__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Le soir changement complet, les journaux publient des extraits d’un journal «<strong> le volontaire</strong> » <em>dont une proclamation du gouvernement de la défense nationale. On y parle d’une proclamation signée <strong>Jules Favre</strong> qui sera bientôt publiée</em>.<br /></p>
<p><br /></p>
<p><strong>17 septembre</strong> <strong>Lefort</strong> m’annonce qu’il me propose à <strong>Bazaine</strong> pour la croix ainsi que <strong>Liegeois</strong>.</p>
<p><em>Les journaux publient des extraits d’un journal de <strong>Paris</strong> « <strong>le volontaire</strong> » daté du 9__ septembre</em>__.<br /></p>
<p><em>Proclamation de <strong>Jules Favre</strong>. Les idées de médiation paraissent faire des progrès, on nous entretient toujours d’idées de bombardement.</em></p>
<p>L’argent commence à nous manquer. <strong>Coffignières</strong> et le payeur de l’armée refusent de nous en donner, la société n’offrant pas assez de garanties.</p>
<p>Exécution à <strong>Saint Julien</strong> d’un sergent qui a tué son sergent major qui lui avait donné une punition de trois jours. Les troupes défilent musique en tête devant le condamné.
<br />
<br /></p>
<p><strong>18 septembre</strong> le pain devient rare. La ration fixée d’abord à 500gr par jour est réduite à 400 gr. On assiège les portes des boulangeries, il faut y mettre des factionnaires.</p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9200__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Déjeuner avec <strong>Liegeois</strong> et d’autres personnes à l’hôtel des pélicans d’or.</p>
<p><em>Le bruit se répand que le <strong>prince Frédéric Charles</strong> a envoyé un parlementaire à <strong>Bazaine</strong> pour lui demander un entretien. <strong>Bazaine</strong> s’y serait rendu à midi.</em></p>
<p>On entoure la ville de travaux considérables, tranchées, batteries de 24, mitrailleuses.
On débarrasse le marché couvert pour en faire une ambulance en prévision de l’évacuation des ambulances sub-urbaines ou dans le cas d’une attaque en prévision
de nouveaux blessés à soigner.
<em>Il est dit qu’il y en aurait déjà 17.000 dans la ville</em>. <br /></p>
<p><strong>Lefort</strong> va à l’état-major général pour rencontrer le maréchal <strong>Bazaine</strong> et lui parler des récompenses. Le maréchal lui demande un rapport que
<strong>Lefort</strong> rapporte chez <strong>Bazaine</strong>. Il y voit <strong>Cuvellier</strong> médecin en chef de l’armée étant à <strong>Longeville</strong> et <strong>Scy.</strong></p>
<p>Je l’accompagne à cheval à l’esplanade de <strong>Scy</strong> près de l’église avec une vue superbe. Nous y voyons les prussiens faire des manœuvres.<br /></p>
<pre></pre>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9238.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br />
Le village de <strong>Scy</strong> est bien fortifié avec barricades et tranchées dans toutes les rues. Deux avant-postes sont à <strong>Moulins</strong> et à <strong>Sainte Ruffine</strong>.<br /></p>
<p>Le 57ème de ligne garde <strong>Scy</strong>. Un lieutenant qui a fait toute la campagne, nous rapporte <em>que sur les officiers qui se trouvaient au régiment au début de la campagne, il n’en reste plus que 21 sur 2.500 hommes. Il a perdu 1.100 soldats</em>.</p>
<p>Il nous confirme ce qui a toujours été la supériorité des prussiens, comme nombre et artillerie, ainsi que sur leur capacité individuelle en cavalerie et infanterie.</p>
<p>A <strong>Saint Privat</strong> le 18 août, les soldats entre <strong>Saint Privat</strong> et <strong>Amanvillers</strong> étaient restés 7 heures sous le feu de l’ennemi, sans bouger, attendant la mort sans pouvoir marcher à l’ennemi. A 3 heures de l’après midi l’artillerie française n’avait plus de munitions et se retirait, abandonnant la troupe, les laissant pendant 3 heures dans cette plaine.<br />
<br /></p>
<p><strong>à suivre</strong></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-suite-4#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2682La guerre de 1870 autour de Metz - Suite 3urn:md5:2066e189f8e8769184ee5ab247f57fcb2020-02-08T15:30:00+01:002020-02-08T15:30:00+01:00micheleLa guerre de 1870autour de Metzguerre de 1870NoissevilleXIXe siècle <p><strong><span class="text-blue">Du 1er septembre au 10 septembre</span></strong></p>
<p><strong><span class="text-blue">Récit (du vécu) par le médecin militaire</span></strong></p>
<p><strong>1er septembre</strong> Entendant la canonnade de grand matin, nous arrivons en poussant nos chevaux et trouvons la bataille engagée sur toute la ligne dans les positions que nous avons gagné la veille.
<strong>Lefort</strong>, <strong>Liegeois</strong> et les autres ont dû quitter la maison qu’ils occupaient parce qu’elle s’est trouvée au milieu des projectiles. Nous les retrouvons à peu près à 200 pas de la bifurcation de la route.</p>
<p>Voici ce qu’ils nous apprennent. On s’est battu toute la nuit, les prussiens à la faveur de l’obscurité et peut-être aussi à l’insuffisance de notre garde, se sont emparés de <strong>Noisseville</strong> et de <strong>Servigny</strong>.</p>
<p>Nous avons repris l’offensive, nos batteries font taire celles que les prussiens ont établies à <strong>Noisseville</strong>. Nous nous sommes élancés à l’assaut et après un brillant combat d’infanterie et une épouvantable fusillade, nous restons maîtres de la position.</p>
<p>On avait fait un terrible carnage des prussiens hier soir, déjà leurs cadavres s’élevaient par place dans ce village, à la hauteur d’un mètre.</p>
<p>Aujourd’hui ça va être bien autre chose. Ce matin <strong>Lefort</strong> avec <strong>Lebeuf</strong>, accompagné de <strong>Changarnier</strong>, causent avec le général, chef d’état major du maréchal, qui se plaint vivement que les prussiens aient laissé le drapeau international sur une maison qu’ils avaient défendue.</p>
<p>Au moment où nous arrivons on canonne vigoureusement dans les mêmes positions que la veille au soir. Bientôt cependant les décharges d’artillerie redoublaient.</p>
<p>Les prussiens avaient reçu pendant la nuit des renforts de canonniers. Ils ont établi à <strong>Poixe</strong> une batterie composée de pièces de seize qui font énormément souffrir.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9197__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Toutes les fois que nous pouvons aborder l’infanterie prussienne la lutte n’est pas soutenue, nous les repoussons haut la main. Mais les prussiens le savent fort bien aussi compensent t-ils l’enlisement de leur infanterie par la supériorité de leur artillerie. Leur nombre des pièces est considérable, leur calibre est bien supérieur au nôtre.</p>
<p>Bien qu’instruit par l’expérience nous avons mis en batterie dans les deux journées des pièces de 12, mais nous n’avons pu tenir devant eux.</p>
<p>Nos communications étant coupées, il nous faut nous en tenir au matériel de Metz. Eux au contraire s’approvisionnent comme ils veulent. Ils se sont fait suivre de leur parc d’artillerie dont ils mettent les pièces en position.</p>
<p>A 10 heures une de nos batteries établie sur la gauche et tirant sur <strong>Poixe</strong> est obligée de se retirer et traverse la plaine en se rendant du coté de <strong>Sainte Agathe</strong>. Dans ce trajet elle passe devant <strong>Noisseville</strong> dont les prussiens sont maîtres en partie, les obus pleuvent sur elle quand elle arrive à l’extrémité droite. Presque au même moment les batteries de mitrailleuses allemandes arrivent en sens inverse, traversant la même plaine pour se porter sur la gauche.
Les obus font dévier notre batterie, elle oblique un peu vers l’arrière. Les prussiens continuent à lui envoyer des obus, nous voyons ces éclats au milieu de la petite troupe qui a du produire des dégâts, juste au moment où elle s’engage dans un chemin creux.</p>
<p>Pendant ce temps nous étions assis sur le talus de la route élevée d’1m50, spectateurs intéressés par la lutte. Voyant avec une certaine inquiétude le feu prussien se rapprocher de nous, cependant la distance de <strong>Poixe</strong> jusqu’au point que nous occupions était tellement considérable, que nous nous disions la distance est certainement trop grande pour que nous courions du danger.
A peine disions nous qu’il serait prudent de nous en aller, que nous entendons le sifflement d’un obus à quelques mètres au dessus de nos têtes.
Nous nous précipitons tous à plat ventre et nous entendons la détonation se faire de l’autre côté de la route à une vingtaine de mètres de nous. Si le projectile avait éclaté en l’air ou du côté de la route que nous occupions, il arrivait malheur à quelqu’un de nous car il avait soufflé bien près à nos oreilles.
A peine relevés, nous détalons sans retard et nous regagnons une petite maison située au niveau de la bifurcation de la route appelée <strong>Bellecroix</strong> dans laquelle une ambulance avait été établie à plusieurs reprises.
Au bout de quelques instants on nous amène le général blessé à la partie haute de la cuisse d’un éclat d’obus qui avait enlevé une quantité considérable de partie molle. On le panse et on le transporte au fort <strong>Saint Julien</strong> où nous déjeunons.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9210__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Vers midi nos troupes évacuent <strong>Noisseville</strong>, nous les voyons se retirer en bon ordre et traverser cette longue plaine entièrement découverte.</p>
<p>Le mouvement de retraite commence, les troupes reculent peu à peu en excellent ordre et viennent reprendre les positions qu’elles avaient avant le combat de la veille. Une batterie d’artillerie s’établit sous notre maison en face de <strong>Noisseville</strong> pour protéger la retraite. Nous jugeons que notre position n’est plus tenable et nous partons avec nos fourgons remplis de blessés.</p>
<p>Nous nous retirons vers l’arrière et attendons la suite des événements. Le feu cesse sur toute la ligne, il est midi ½.
Nous sommes près des villages de <strong>Vantoux</strong> et de <strong>Vallières</strong>, dans lesquels de nombreux blessés ont séjourné la nuit dernière. Je vais à <strong>Vallières</strong>, d’autres à <strong>Vantoux</strong>, voir s’il en reste encore. Il n’y en a plus, on les a tous évacué sur <strong>Metz</strong>.
Rentrée à <strong>Metz</strong> à 3 heures.
Plusieurs de nos infirmiers se sont engagés dans l’armée et nous quittent.</p>
<p>2<strong> septembre</strong> <strong>Lefort</strong> et <strong>Goud</strong> vont chez les prussiens convenir d’un échange de blessés qui se fera demain.</p>
<p>Je rencontre <strong>Maffac</strong> qui me fait son récit sur les deux journées du 31 août et du 1er septembre.</p>
<p>L’attaque du 31 était ordonnée pour 2 heures. Les ordres sont envoyés à <strong>Lebeuf</strong> qui n’est pas prêt. On ne peut commencer qu’à 4h1/2.
Sans cette perte de temps, peut-être aurait-on enlevé <strong>Sainte Barbe</strong>, clé de la position jusqu’à <strong>Thionville</strong> et nos communications étaient rétablies.
Le 1er vers 11h, au moment où tout est prêt pour donner un grand coup de collier sur <strong>Sainte Barbe</strong>, où l’on va faire agir des batteries de 24 contre les prussiens, <strong>Lebeuf</strong> envoie une lettre à <strong>Bazaine</strong> disant que sa droite est tournée et qu’il ne peut plus avancer. L’armée est paralysée, on sonne la retraite.</p>
<p><strong>3 septembre</strong> nouveau départ d’infirmiers. <strong>Lefort</strong> va rendre 97 blessés prussiens.<br /></p>
<p>Proclamation au sujet de l’internationale. Nos cartes sont parties chez le grand prévôt pour y être visées. Je suis interrogé par un gendarme.
Promenade avec <strong>Lefort</strong> au <strong>Ban Saint Martin</strong> pour récupérer nos cartes chez monsieur de <strong>Saint Sauveur</strong> que nous ne trouvons pas. <br /></p>
<p>Nous allons à <strong>Saint Julien</strong> chez le général <strong>Manèque</strong>. Nous poussons jusqu’au fort.</p>
<p><strong> 7 septembre</strong> on s’attend pour la nuit à une attaque à <strong>Saint Julien</strong>.</p>
<p>Il est arrivé ce matin 600 prisonniers rendus par les prussiens, qui avaient été pris sur les troupes de Mac Mahon battu par les prussiens.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9209__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>8 septembre</strong> on commente de tous côtés et chacun à sa façon les nouvelles d’hier, chacun croyant tenir d’officiers des nouvelles certaines mais contradictoires.</p>
<p>-<em> Un sergent major aurait vu passer les prisonniers qu’on empêchait de communiquer avec les troupes et avec la population.</em></p>
<p>- <em>Certains auraient dit qu’ils avaient été pris le 30 au matin. Parmi eux on aurait vu des soldats d’infanterie de marine, ce qui prouvait bien que ce n’était pas des prisonniers de <strong>Reichshoffen</strong> comme on l’avait prétendu.</em></p>
<p>- <em>Des officiers ont dit à quelques uns d’entre nous, qu’il y avait eu 3 batailles levées par <strong>Mac Mahon</strong>, batailles indécises ou victoires secondaires, et que notre armée se trouvait à <strong>Sedan</strong>.</em></p>
<p>- <em>Deux officiers de chasseurs disent qu’un habitant des environs de <strong>Nancy</strong>, ancien zouave, a raconté les choses à un de leurs amis. Il annonçait à <strong>Bazaine</strong> 3 victoires de <strong>Mac Mahon</strong>. <strong>Bazaine</strong>, lui aurait annoncé que nous serions débloqués le 10. Qui croire ?</em></p>
<p>- <em>On prétend que depuis hier, les prussiens qui sont devant <strong>Metz</strong> font un mouvement de retrait. Cependant on voit très bien depuis <strong>Saint Julien</strong>, 3 fortes batteries de siège qu’ils construisent contre le fort. Ils ont également construit devant <strong>Montigny</strong> un camp retranché.</em></p>
<p><strong> 9 septembre</strong> le soir à 7 heures, violente attaque des prussiens contre les forts, favorisée par un temps épouvantable.</p>
<p>Canonnades très vives à <strong>Queuleu</strong>, <strong>Saint Quentin</strong> et <strong>Plappeville</strong>.
Je vais sur l’esplanade par pluie effroyable avec rafales de vent. L’obscurité est interrompue par la lueur des batteries.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9211__2_.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Au bout d’une heure environ les prussiens cessent le feu.<br /></p>
<p>Le 9 au soir <strong>Lefort</strong> a reçu un grand nombre d’obus qui sont restés sans effet.</p>
<p><strong>10 septembre</strong> visite au fort de <strong>Saint Julien</strong>.</p>
<p>On voit l’aspect du camp prussien près de <strong>Malroy</strong> avec leurs tranchées et leurs sentinelles dans les champs. On voit les avant-postes prussiens se mouvoir et se relever. Ils semblent sortir de terre.</p>
<p>Boucherie près des forts, on tue un cheval à côté de nous.</p>
<p>Une personne qui a beaucoup de relations au fort, arrive au moment où nous partons. Il m’apprend un accident arrivé à mon amputé de cuisse.</p>
<p>De retour à <strong>Metz</strong> nous escortons la voiture à cheval.<br /></p>
<p><strong>à suivre</strong></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-Suite-3#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2681La guerre de 1870 autour de Metz - suite 2urn:md5:c5ef250af66ff525f0a4bc12c57545682020-01-28T15:35:00+01:002020-01-28T15:35:24+01:00micheleLa guerre de 1870autour de Metzguerre 1870HistoirePlappevilleXIXe siècle <p><strong><span class="text-blue">Du 21 au 31 août par le maire de Plappeville</span></strong></p>
<p><strong>23 août</strong> - note officielle
La portion des glacis de Metz affectée au 6ème corps pour se procurer du bois au moyen des abattis du génie, est celle qui s’étend depuis la lunette située en face de l’église Saint Simon, dont on aperçoit la tour en dedans de l’enceinte, jusqu’à la porte de Thionville et au-delà.</p>
<p>Un bureau de distribution, sous la direction d’un comptable, sera établi au centre de ce terrain.
Le débit de bois commencera dès que la corvée de 100 hommes commandée hier, mais encore réduite à une douzaine d’hommes, sera à la disposition de ce comptable.</p>
<p>Le maréchal commandant en chef a fixé à 0,12 l’indemnité qui sera accordée aux hommes de troupe lorsqu’ils ne pourront recevoir la ration journalière de 25cl de vin accordé en compensation.<br />
<br /></p>
<p><span class="text-blue">
<strong>Du 21 au 31 août par le médecin militaire</span></strong></p>
<p><strong>Metz 20 août 1870</strong>
Pendant notre séjour à Nancy et pendant les premiers jours à Metz nous n’avons pas fait grand-chose.
Ensuite nous avons eu trois batailles avec de pertes énormes des deux côtés, des morts et des blessés dont quelques blessées avec des mutilations de toutes sortes. Bien que nous soyons restés maîtres du champ de bataille, le mouvement de retraite continue et les prussiens occupent chaque jour les positions que nous avons abandonnées.
Nous avons établi des ambulances dans le voisinage des champs de bataille et nous avons commencé à fonctionner.
Nous avons fait une excursion dans les lignes prussiennes où nous avons demandés des prisonniers blessés. Notre demande a été bien accueillie et nous sommes rentrés à Metz en ramenant 76 prisonniers français blessés.
Ce jour là que j’ai fait connaissance avec le champ de bataille. Horrible spectacle que le pêle-mêle des cadavres de chevaux et d’hommes.
Nous sommes indécis et allons peut-être installer un hôpital à <strong>Metz</strong> d’où rayonner aux environs.</p>
<p><strong>21 août</strong> double expédition à <strong>Colombey</strong> pour ramener des blessés et à <strong>Rozérieulles</strong> où là peu de blessés.
Nous franchissons les avant-postes prussiens sans observation et prenons le même chemin que le 17 août pour aller à <strong>Gravelotte</strong> où il y a beaucoup de blessés. Nous arrivons au haut du coteau à l’auberge du Point du Jour où nous étions déjà allés le 17 et où se trouve l’armée française.
Nous trouvons des traces de combat et de nombreuses fosses pour enterrer les morts.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9159b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9154b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Une ferme que nous avions vue est complètement détruite, nous nous arrêtons là pour aller parlementer pendant une ½ heure causant avec un médecin prussien.
Des soldats autour de nous ayant habité Paris parlent français. Nous voyons manœuvrer les troupes Prusses.
Arrivée d’un général qui nous intime l’ordre de nous en aller, mais <strong>Lefort</strong> et un autre médecin vont être conduits au quartier général. Nous les voyons arriver à cheval, les yeux bandés, les chevaux menés par un soldat et accompagné d’un cavalier.
Par erreur nous prenons un autre chemin qu’eux. Les sentinelles nous arrêtent. Nous objectons l’ordre du général, on nous demande un ordre écrit que nous n’avons pas, donc on nous retient. Un capitaine exige lui aussi un ordre écrit.
Sur ordre du général contacté, nous devons mettre pied à terre, nous tourner vers Metz, nous asseoir dans le fossé avec menace de nous y mettre de force.
Enfin arrive l’ordre de nous laisser passer, au grand regret d’un colonel qui aurait voulu nous retenir et qui exécute avec peine les ordres du général. On nous fait escorter jusqu’aux avant-postes par un soldat et un sergent.</p>
<p>Le général avait d’abord bien reçu le médecin <strong>Lefort</strong> et l’avait autorisé à partir, mais en sortant de chez le général il rencontre un colonel qui lui dit on ne sort pas ainsi de nos lignes.
Le colonel le ramène chez le général auquel il dit quelques mots en allemand qui le font réfléchir, le rendent plus rude et il refuse de le laisser partir.
<strong>Lefort</strong> rappelle au général sa campagne avec les prussiens et satisfait le général donna enfin l’ordre de le laisser partir.</p>
<p>Un délégué du comité vient de <strong>Paris</strong> Il se charge d’emporter nos cartes avec un mot pour nos familles. L’abus du brassard et du drapeau est la cause en partie notre mésaventure.
Nous retrouvons <strong>Lefort</strong> et son confrère à Moulins où nous trouvons quelques blessés que nous ramenons.
Deux autres médecins partis à 8 heures du matin à <strong>Colombey</strong>, rentrent à 8 heures du soir. Ils ont aussi été prisonniers pendant quelques temps.</p>
<p><strong>22 août</strong> visite au 9ème de ligne et au 1er grenadiers. Causerie avec les officiers.</p>
<p>2<strong>3 août</strong> La troisième ambulance est prisonnière des prussiens à <strong>Gravelotte</strong>.
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9155b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Ils ont été fait prisonniers dont quatre mis au cachot, les autres gardés à vue et tenue en joue toute la nuit. On leur donna pour toute nourriture deux têtes de vaches. L’ennemi a envoyé à <strong>Longeville</strong> quatre d’entre eux, un chirurgien, un aide, un sous aide, un prêtre pour soigner des blessés. N’en trouvant pas ils sont venus à <strong>Metz</strong>. Nous les décidons à retourner auprès de leurs camarades.
Nous allons avec <strong>Lefort</strong> voir le maréchal <strong>Bazaine</strong> et l’intendant général au sujet de cette troisième ambulance et du brassard dont on fait un abus scandaleux. On nous répond que les prussiens se plaignent qu’on ait ainsi pénétré chez eux et qu’ils garderaient le personnel et le matériel de la troisième ambulance.
Quant au brassard on nous distribuera des cartes pour établir notre identité et on arrêtera les porteurs de brassards qui ne seront pas munis de cette carte.
Visite au premier grenadier et éloge de <strong>Bazaine</strong>. On recommande à l’armée de diminuer les bagages et les officiers supérieurs ne resteront plus à cheval pendant l’action.</p>
<p><strong>24 août</strong> L’ennemi garde la troisième ambulance et rendra probablement le personnel, mais gardera le matériel.</p>
<p><strong>25août</strong> mon service s’installe, je fais des pansements de 8 heures du matin à 5 heures du soir. Les blessés viennent de l’esplanade qui nous expédie ceux dont elle désire se débarrasser. Plusieurs n’ont pas été pansés depuis 7 à 8 jours. Blessures très graves, délabrement considérable, caractère du soldat français en général patient, quelques uns criards.
On dit que <strong>Mac Mahon</strong> est arrivé avec 200.000 hommes.
Les prussiens font des tranchées devant le fort <strong>Saint Quentin</strong> qui leur envoie quelques obus sans leur faire de mal. Dès qu’ils aperçoivent la fumée, ils se couchent et le projectile les atteint peu ou pas.</p>
<p><strong>26 août</strong> mon service se complète. Je fais une amputation de la jambe et une désarticulation du coude.
On annonce une victoire de <strong>Mac Mahon</strong> qui aurait à <strong>Verdun</strong> cerné et détruit 20.000 prussiens sur 40.000 et pris 50 canons.
L’armée a exécuté depuis ce matin de bonne heure un grand mouvement, elle quitte le mont <strong>Saint Quentin</strong> où elle était depuis <strong>Saint Privat</strong>, traverse <strong>Metz</strong> et se dirige vers les portes Serpenoise et des Allemands. Une autre partie contourne la ville et va par <strong>Saint Julien</strong>, <strong>Chambiere</strong>, dans la direction de <strong>Borny</strong>. Il parait que les prussiens auraient évacué les positions.
<strong>Lefort</strong> nomme <strong>Rambour</strong> chirurgien, <strong>Liegeois</strong> s’y oppose.</p>
<p><strong>27 août</strong> mouvement de troupes qui traversent <strong>Metz</strong> vers <strong>Borny</strong> et la contournent dans la même direction le soir.
Dans la nuit on entend des coups de canons sur le fort de <strong>Saint Privat</strong>. Grande pluie.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9157b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9160b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9161b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>28 août</strong> pluie continue.</p>
<p><strong>29 août</strong> je fais une amputation de cuisse.</p>
<p>Nous sommes toujours bloqués à <strong>Metz</strong> et encombrés de blessés donnant beaucoup d’occupations, ce qui me fait passer par dessus les ennuis du blocus. On nous assure que d’un jour à l’autre nos communications seront rétablies par <strong>Mac</strong><strong> Mahon</strong> qui est dans l’ignorance de ce qui se passe à 2 km de <strong>Metz</strong>, périmètre dans lequel est l’armée de <strong>Bazaine</strong>. Les premiers élans de l’ennemi semblent brisés, il est réduit à une inaction temporaire pendant laquelle nous nous réparons, tandis qu’il s’épuise par la famine et les maladies.</p>
<p><strong>30 août</strong> je reçois un soldat légèrement blessé à l’avant bras gauche qui m’apprend que l’on forme dans les régiments, des compagnies de francs tireurs.</p>
<p><strong>31 août</strong> On amène quelques prisonniers prussiens.</p>
<p>Dans la prévision d’un engagement plus sérieux, nous partons à seize avec une partie du personnel et deux fourgons.
Nous passons la porte des Allemands et prenons la route de <strong>Boulay</strong>. Nous revoyons tous les endroits où s’est livrée la bataille de <strong>Borny</strong>.
A l’endroit où la route bifurque pour fournir un embranchement sur <strong>Saint Avold</strong> et Sarrebruck j’aperçois sur cette dernière le fameux chemin creux conduisant à <strong>Colombey</strong> où s’offrit un si triste spectacle.
Nous nous arrêtons près de l’angle de deux routes, nous garant dans un champ et attendant les événements. Toute l’armée a repris ses positions d’avant l’affaire de <strong>Borny</strong>, elle est rangée en bataille.
Sur la droite l’artillerie, la cavalerie et des colonnes d’infanterie attendent. Sur la gauche à côté de nous se trouve la réserve infanterie, artillerie et en avant les tirailleurs se voyant en lignes noires dans les champs et dans les vignes.
En face de nous légèrement sur la gauche sont les villages de <strong>Poixe</strong>, <strong>Servigny</strong>, <strong>Sainte Barbe</strong> que l’on distingue à son clocher et occupant le point culminant au centre. En avant <strong>Noisseville</strong> où sont établies de fortes batteries prussiennes, au centre aussi et dans un ravin <strong>Lauvallieres</strong> et <strong>Mey</strong> qui nous sont tout à fait cachées.
A l’extrême gauche le fort <strong>Saint Julien</strong> et les collines qui le continuent. Ces positions sont couvertes de troupes, infanterie, artillerie, cavalerie.
Nous attendons avec anxiété, il semble impossible que l’armée soit si bien apprêtée pour rester dans l’inaction.<br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9142.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<br /></p>
<p>A 4 heures, on entend trois coups de canon tirés par une batterie française située à gauche, sur la crête de la colline à coté de <strong>Grimont</strong>.</p>
<p>Ce doit être le signal d’une attaque. En effet au bout de quelques instants, des batteries situées au dessous de la précédente, ouvrent le feu sur <strong>Servigny</strong>. Des batteries prussiennes répondent en ce point. On voit l’armée prussienne masser des lignes noires dans les champs entre <strong>Poixe</strong> <strong>Servigny</strong> et <strong>Sainte Barbe</strong>.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9150.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>De nouvelles batteries prussiennes les encerclent au dessous de <strong>Poixe</strong>, près de <strong>Sainte Barbe</strong> et engagent le feu contre les nôtres.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9148.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>A la suite de la route, près de la ferme de <strong>Sainte Elisabeth</strong>, des batteries françaises tirent sur <strong>Noisseville</strong> et des batteries prussiennes leur donnent bientôt la réplique.</p>
<p>Le fort <strong>Saint Julien</strong> tire de temps à autre et fait, parait-il, le plus grand mal aux prussiens. <br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9158b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /><br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9149.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Toute la ligne est en feu, c’est un enfer de fumée, depuis <strong>Saint Julien</strong> jusqu’à <strong>Sainte Agathe</strong>. Sur ce dernier point des mitrailleuses se font entendre, elles donnent sur un corps prussiens qui s’est mis à découvert et qui est véritablement fauché.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9147.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Nous gagnons du terrain et voyons avec joie, nos batteries avancer tandis que le feu de l’ennemi se ralentit et s’éloigne.</p>
<p>A 6 heures1/2, on fait avancer l’infanterie pour s’emparer des villages. Les prussiens ont mis le feu à <strong>Servigny</strong> d’où s’élève une fumée noire ainsi qu’à <strong>Noisseville</strong>.</p>
<p>La fusillade perd en intensité, on voit un corps d’infanterie qui monte sur la droite pour tourner à <strong>Noisseville</strong>.</p>
<p><strong>Lauvallieres</strong>, <strong>Noisseville</strong> et <strong>Servigny</strong> sont enlevés à la baïonnette, les prussiens ont des pertes considérables.</p>
<p>Un officier d’état-major passe au galop et nous appelle pour enlever les villages à la baïonnette, ce n’est pas encore fini, mais ça sera bientôt fait.</p>
<p>La nuit tombe, le calme renaît, toute la campagne est éclairée par les deux villages de <strong>Servigny</strong> et <strong>Noisseville</strong> qui brûlent, spectacle bien triste mais grandiose. <br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9144.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Nous devons partir, nous montons à cheval et suivons la route passant par <strong>Lauvallières</strong>, devant une maison où les prussiens avaient installé une ambulance qu’ils défendaient, après avoir évacué leur malades, bien qu’ils y eussent laissé le drapeau international.</p>
<p>A quelques pas de là, une vive fusillade assez rapprochée, nous fait faire une courte halte, puis nous continuons. Nous voyons bientôt un hameau avec une auberge et quelques maisons dépendant de <strong>Noisseville</strong>. C’est un point que les prussiens avait défendu avec acharnement, ils y avaient établi des barricades appuyées par de puissantes batteries, cependant leurs positions avaient été enlevées à la baïonnette.
Les maisons sont pleines de cadavres prussiens, mais l’obscurité et la nuit empêchent de voir les traces de la lutte.</p>
<p>Cependant à quelques pas, se trouve le cadavre d’un français qui a été tué au moment où il franchissait la barricade. Il était passablement mutilé à la tête et les deux bras enlevés.
Il n’y a pas de blessés dans cette maison et l’accès du champ de bataille étant entouré, de nuit il ne faut pas songer à chercher des blessés.</p>
<p>Après délibération nous décidons de nous partager en deux opérations. Les chefs de service retourneront à <strong>Metz</strong>, feront leur service le lendemain de bonne heure et reviendront immédiatement. Les autre resteront et passeront la nuit dans une maison qui se trouve au bout de la route.</p>
<p>Etant partant, je découvre la route encombrée de soldats effectuant des mouvements, tout le monde est dans l’enthousiasme, c’est une véritable victoire. A <strong>Metz</strong> c’est la même attitude.</p>
<p>(<strong></strong>à suivre<strong></strong>)
<br />
<br /></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-suite-2#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2680La guerre de 1870 autour de Metz - suite 1urn:md5:f73d963d4df91951092a156ce65d71632020-01-19T15:46:00+01:002020-01-19T15:46:00+01:00micheleLa guerre de 1870autour de MetzBornyGravelotteguerre 1870HistoireMetz XIX sièclePlappeville <p><strong><span class="text-blue">Du 11 au 20 août par le maire de Plappeville</span></strong></p>
<p>Dans le fort, à la date du <strong>15 août</strong>, il y avait 30 pièces en batterie, puis à la fin du mois de septembre, 84 pièces presque toutes du calibre de 24. A cette date il n’y avait pas le moindre approvisionnement ni en poudre ni en munitions. Le lieutenant colonel n’avait reçu aucun renseignement sur la situation de ces batteries.
Le maire observait avoir admiré le calme, le sang froid et l’habileté des officiers d’artillerie.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9140.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Au camp de Plappeville le <strong>18 août</strong> le général <strong>Soleille</strong> commandant en chef de l’artillerie demandait la livraison de munitions par une ordonnance à cheval. Des pertes en hommes et en chevaux étaient survenues suite à la bataille de la veille.
Les munitions demandées étaient attendues le lendemain à 8 heures du matin en avant du fort de Plappeville, où était parqué le convoi de munitions venu de Metz.</p>
<p><strong><span class="text-blue">Du 10 au 20 août par le médecin militaire</span></strong></p>
<p>Paris <strong>10 août 1870</strong>
Courrier de la société de secours des blessés aux armées, adressé à Mr <strong>Lefort</strong>, chirurgien en chef de la première ambulance.
Les circonstances pouvant exiger que les ambulances soient attachées à des corps d’armées différents, il n’est pas possible de maintenir l’unité entre elles comme l’avait d’abord pensé le comité médical.
Le conseil a décidé que chaque ambulance relèverait exclusivement de son chirurgien en chef qui ne recevrait d’instructions que du conseil de la société.
Sous ce pli, un duplicata de la commission qui notifie Mr<strong> Sée</strong> comme chirurgien en chef de la deuxième ambulance.
Veuillez restreindre votre action à l’ambulance qui vous a été confiée et qui par l’importance de son matériel peut se diviser en deux ou trois ambulances distinctes qui resteront placées sous votre autorité.
Vous avez donc à prendre désormais le titre de premier chirurgien en chef de l’ambulance n° 1 et Mr <strong>Liegeois</strong> devient deuxième chirurgien en chef.</p>
<p>D’après les renseignements que vous nous avez transmis il paraîtrait que les chevaux de selle de votre personnel sont devenus pour vous une source de grand embarras. Si vous croyez ne pas devoir vous en servir, le parti le plus sage serait de nous les retourner sous la conduite de l’un de vos meilleurs palefreniers pour que nous puissions en opérer la vente immédiate.</p>
<p>Le conseil vient d’apprendre avec satisfaction que vous avez eu la pensée de vous présenter aux lignes prussiennes pour soigner nos blessés et que votre initiative s’est trouvée paralysée par des obstacles que nous n’avions pu prévoir.</p>
<p><strong>11 août</strong> entrée à <strong>Metz</strong>, campement à la caserne du génie. Reconnaissance du côté de <strong>Sainte Barbe</strong>.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9139.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>14 août</strong> bataille de <strong>Borny</strong>, départ de l’ambulance à Borny à 8 h du soir et retour à 4 h du matin.<br /></p>
<p><strong>15 août</strong> excursion chez les prussiens à la ferme de Colombey, départ à 2 h de l’après-midi et retour à 10h du soir. Nous ramenons 76 prisonniers français.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9145.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>16 août</strong> bataille de <strong>Gravelotte</strong>, on retourne chez les prussiens chercher les blessées et ensevelir les morts.</p>
<p><strong>17 août</strong> départ à 6 h du matin pour <strong>Gravelotte</strong>, arrivée à 10 h à la ferme Saint Hubert. Retraite ou changement de position du campement au 97ème de ligne. Coup de mitrailleuse sur les prussiens. <br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9156b.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>De retour à <strong>Metz</strong>, on nous appelle à minuit pour ramener de <strong>Gravelotte</strong> 120 prisonniers blessés, dans l’ambulance de la ferme de Mogador. Le colonel et le lieutenant colonel blessés, le commandant adjudant major tué, les prussiens menaçaient de mettre le feu à l’ambulance, ce qu’ils font le lendemain matin. Nous apprenons qu’un chirurgien militaire a été tué à <strong>Rezonville</strong>, à côté de <strong>Gravelotte</strong>, dans une charge de hulans.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9143.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>18 août</strong> départ pour <strong>Gravelotte</strong>, on se bat à peu près dans les mêmes positions que la veille à <strong>Saint Privat</strong>. Nous prenons le même chemin que la veille, par <strong>Rozerieulles</strong> mais des soldats qui en viennent le trouvent très dangereux Nous retournons sur nos pas et passons par <strong>Châtel</strong> où existent deux ambulances contenant déjà un certain nombre de blessés. A peine arrivés nous voyons les obus tomber sur le coteau dans les bois, à une certaine distance de nous, mais avec une tendance assez marquée à se rapprocher. Nous nous éloignons et quelques heures après les médecins militaires trouvaient les ambulances.
Course à travers champs, nous arrivons à <strong>Lessy</strong> où nous établissons une ambulance dans l’église avec des blessés peu nombreux. Bombardement de <strong>Sainte Ruffine</strong> et fusillade prolongée, tir du Saint Quentin. <strong>Lefort</strong> arrivait à minuit avec le reste de l’ambulance. Quelques uns vont à <strong>Châtel</strong> où se trouve un nombre considérable de blessés mutilés. Les balles sifflent autour d’eux, rencontre des uhlans, qui à la vue du brassard, abaissent les armes.
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9138.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p><strong>19 août</strong> départ de <strong>Lessy</strong> et déjeuner dans un champ. Croyant à une attaque du Saint Quentin nous projetons d’aller camper derrière, mais l’on nous empêche de passer. Campement aux portes de <strong>Metz</strong> près d’un régiment d’artillerie. La ville nous cède un emplacement et nous rentrons à <strong>Metz</strong> laissant quelques uns garder le camp. <br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9141.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p><strong>20 août</strong> arrangement pour l’emplacement de notre hôpital. Voyage à <strong>Plappeville</strong> pour chercher des blessés. Impossibilité de trouver des voitures pour les transporter. Le soir la vue des feux de l’armée campant sur le Saint Quentin était une fausse alarme.<br />
<img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9146.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>(<strong>à suivre</strong>)</p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-suite-1#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2679La guerre de 1870 autour de Metz - Première partie -urn:md5:28975d48c0a162565c13080958d5a3eb2020-01-08T18:00:00+01:002020-01-08T18:08:07+01:00micheleLa guerre de 1870autour de Metzguerre 1870HistoireMetzXIXe siècle <p><span class="text-red"><strong>La guerre de 1870 vue par le maire de Plappeville et un médecin militaire qui soignait les nombreux blessés sur les champs de bataille.</strong></span><br /></p>
<p><span class="text-blue"><strong>De juillet au 10 août 1870</strong></span></p>
<p><strong><span class="text-blue">Extrait d’après documents d’archives de Plappeville</span></strong>
<br /></p>
<p><strong>Juillet 1870</strong></p>
<p>Monsieur Viansson, maire de Plappeville écrivait le <strong>7 juillet</strong> 1870 au ministre de la guerre pour lui signaler qu’il n’avait pas de plan de la frontière de la France. Il en demandait un grand nombre qui leur serait bien utile.</p>
<p>Le <strong>8 juillet</strong> suivant, le Général Coffinière, envoyé à Metz par le ministre, était chargé d’inspecter les fortifications. Le <strong>19 juillet</strong> il envoyait un rapport détaillé, précisant qu’il fallait une année de travaux pour la mise en état de défense des forts et pour achever un camp retranché. Le général Coffinière était alors nommé commandant supérieur de Metz et annonçait la déclaration officielle de la guerre, devenue fait de notoriété publique à Metz au mois d’août suivant.</p>
<p>Le <strong>26 juillet</strong> l’intendant en chef déclarait que par suite du manque de boulangers et de l’impossibilité d’en trouver au dehors de Metz, ils étaient obligés pour survivre de consommer le biscuit de réserve d’ailleurs reçu dans une proportion insuffisante.
Il n’était arrivé avec les 120.000 hommes de l’armée que 38 boulangers.
Solution proposée :
Ne pourrait- t’on pas faire cuire le pain à la manutention de Paris et l’envoyer à Metz.</p>
<p>Le <strong>28 juillet</strong> visite de l’Empereur au fort des carrières dit de Plappeville.
Accompagné par le général Coffinière et trois autres généraux, il était reçu par le capitaine Gillet qui commandait le fort et par monsieur Viansson maire de Plappeville. Le souverain faisait le tour du fort complètement désarmé, où il n’existait ni embrasure, ni plate-forme, ni bouche à feu, le tout en état de construction inachevé. L’empereur se retirait sans donner aucun ordre ni aucune indication.</p>
<p>Les officiers d’artillerie, Robert chef d’escadron et Bert capitaine, n’arrivaient que le <strong>1er août</strong>. Ils étaient détachés de Vincennes pour l’armement de l’ouvrage. Ils se servaient des pompiers du village de Plappeville qui sous la direction d’un vieux sous-officier de l’arsenal de Metz montaient sur les remparts et plaçaient en batterie les 16 premières pièces venues de la ville.
<br />
<br /></p>
<p><strong><span class="text-blue">Extrait des notes d’un médecin militaire</span></strong> <br /></p>
<p><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele_2/2019/guerre_1870/IMGP9151.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br /></p>
<p>Départ de Paris le <strong>4 août</strong> 1870 à 10heures ½ du soir, arrivée à Nancy le <strong>5 août</strong> à 5 heures du soir.
Nous avons campé dans la gare. Il était prévu de camper dans une plaine hors de Nancy, mais le temps tellement mauvais et nos chevaux exténués nous sommes restés dans la gare mise à notre disposition. Installés sous un hangar non fermé de la gare de marchandises et ouvert à tous les vents, j’avais trouvé un fourgon à marchandises vide. J’y ai installé mon lit et j’ai passé la nuit au confort avec d’autres enchantés de l’idée. Notre dîner s’est fait à la lumière de quelques petites lampes et des lanternes de la gare. Nos chevaux mangeaient au pied du hangar. Tout cela faisait un camp assez étrange, mais curieux La nuit le soufflement des locomotives et le passage incessant des trains ne m’avait pas empêché de dormir. <br /></p>
<p><strong>6 août</strong> campement à Tomblaine<br /></p>
<p><strong>7 août</strong> retour à Nancy et campement sous Léopold et académie<br /></p>
<p><strong>8 août</strong> nuit passée à la gare pour soigner les blessés<br /></p>
<p><strong>10 août</strong> départ pour Metz à 5 heures du soir, arrivée à 11h1/2 du soir, campement dans la salle d’attente de la gare.<br /></p>
<p>(<strong><em>à suivre</em></strong>)<br /></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/La-guerre-de-1870-autour-de-Metz-Premi%C3%A8re-partie#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/2678Metz en 1870urn:md5:4784cc555d21353d5c033de9815ef7fc2008-04-19T17:49:00+02:002019-09-23T15:54:58+02:00micheleLa guerre de 1870autrefoisHistoireMetzXIXe siècle <p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9163.JPG" title="Metz en 1870"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9163_t.jpg" alt="Metz en 1870" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>Le 10 août 1870 le préfet avait fait afficher le décret de l’état de siège de Metz daté du 7 août 1870.<br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9161.JPG" title="Metz et environs"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9161_t.jpg" alt="Metz et environs" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Toutes les maisonnettes des environs de Metz, tous les chantiers avaient été démolis à l’exception de l’abattoir, suite à un arrêté qui en ordonnait la destruction dans les trois jours. <br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9165.JPG" title="Canons près de Metz"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9165_t.jpg" alt="Canons près de Metz" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>Les habitants des environs s’étaient réfugiés à Metz. La ville était encombrée de voitures chargées de mobiliers et de denrées. Les fugitifs dormaient dans les voitures avec leurs chevaux à côté. Les églises étaient remplies de gens à la recherche d’un refuge.<br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9167.JPG" title="Combats dans la région"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9167_t.jpg" alt="Combats dans la région" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Les arbres aux abords de Metz avaient été abattus ainsi que les belles promenades du Ban Saint Martin mais aussi toutes les plantations de Chambière. <br /></p>
<p>A partir du 15 août les blessés arrivaient et recevaient des soins prodigués par les dames de Metz.<br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9151.JPG" title="Ambulance"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9151_t.jpg" alt="Ambulance" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>Des ambulances avaient été organisées dans les différents bâtiments publics, les écoles, les casernes, etc…L’ambulance installée dans l’île Chambière avait déjà accueilli 2.500 blessés et sur l’esplanade des tentes pouvaient en recevoir autant. Les soins étaient assurés par des médecins civils ou militaires assistés de sœurs, de dames ou d’habitants de la ville. <br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9155.JPG" title="Wagons ambulances à l'esplanade"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9155_t.jpg" alt="Wagons ambulances à l'esplanade" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>A l’ambulance de l’esplanade les blessés étaient couchés sur de la paille et n’avaient qu’une couverture. Une autre ambulance avait été créée au Saulcy avec les tentes de l’administration. La société internationale avait installé des baraques au jardin Fabert pour y soigner un certain nombre de blessés.<br /></p>
<p>Les portes de la ville restaient fermées toute la journée sauf celles des Allemands, Serpenoise, de France et Chambière qui étaient ouvertes de 6 heures à 8 heures du matin et de 5 heures à 7 heures du soir.<br /></p>
<p>Un chemin de fer établi de la gare (ancienne gare) à la rue Serpenoise amenait sur la place royale plus de 200 wagons de marchandises renfermant chacun 8 hamacs pour les blessés. Dans le milieu de la place étaient installées des baraques avec des fourneaux pour assurer le ravitaillement.<br /></p>
<p>Les voitures et attelages qui encombraient les places et les rues avaient été dirigés sur les glacis.<br /></p>
<p>Le 30 août silence autour de la ville, l’ennemi semblait disparu. Début septembre les portes de la ville restaient ouvertes de 5 heures du matin jusqu’à 7 heures du soir.<br /></p>
<p>Le 17 septembre en prévision d’un éventuel bombardement, les pompiers réunis étaient informés des risques. Ils disposaient des tonneaux remplis d’eau au coin des rues, sur les places et dans la cour des maisons.<br /></p>
<p>La mortalité était importante dans les ambulances, des affections purulentes enlevaient les blessés et la dysenterie décimait les malades. Des voitures allaient chaque jour relever les cadavres dépouillés de tout vêtement pour les conduire dans une grande fosse commune derrière le cimetière Chambière. Les militaires convalescents étaient évacués dans des dépôts établis au bastion Chambière, près de l’arsenal, au Pâté ou ailleurs où ils couchaient sous des tentes. <br /></p>
<p>A la mi-octobre avait commencé la distribution du pain dit de Boulange, 400 grs pour les adultes, 200 grs pour les enfants de 12 à 14 ans et 100 grs pour les plus jeunes, vendu par les boulangers au prix est de 45 centimes le kilo. (pain de Boulange = pain noir, rouge, massif renfermant toutes sortes de choses excepté de la farine) Bien des estomacs y étaient rebelles mais la population s’en contentait parce que la défense de la place en avait fait un devoir.<br /></p>
<p>Un drapeau tricolore avait été placé entre les mains de la statue de Fabert et une couronne d’immortelles déposée sur sa tête. <br /></p>
<p>Tous les jours de nombreux militaires valides ou blessés et des habitants de la ville allaient prier devant la Vierge de la cathédrale.<br /></p>
<p>A Metz l’armée avait faim. Des soldats pénétraient dans les maisons pour réclamer un morceau de pain.<br /></p>
<p>Le 24 octobre la ration de pain avait été réduite à 200 grs, pour passer à 100 grs le lendemain. Le gaz était supprimé chez les marchands afin de le réserver pour l’éclairage des rues en cas de nécessité.<br /></p>
<p>Depuis quelques jours la garde nationale avait cessé ses exercices sur les places de la ville. Le milieu de la place de la comédie était occupé par les voitures du génie, les chevaux qui se trouvaient au centre avaient disparu. <br /></p>
<p>Les hommes campaient sous des tentes et sous le péristyle du théâtre. Au jardin d’amour se trouvait un campement de soldats du génie avec leurs voitures.<br /></p>
<p>Les arbres qui longeaient l’écluse avaient perdu leur écorce à la suite du campement des chevaux qui avaient maintenant disparus. <br /></p>
<p>Les hommes de corps campaient sur la place de la préfecture. Le jardin Fabert était occupé par une ambulance internationale avec tous ses équipages, ses voitures, son matériel, ses tentes et ses baraques. La serre renfermait environ 150 blessés.<br /></p>
<p>Les 26 et 27 octobre des soldats étaient tombés d’inanition dans les rues de Metz. Ils mangeaient de la viande de cheval toute crue parce qu’ils n’avaient plus de combustibles pour la faire cuire.<br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9150.JPG" title="traité de paix"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9150_t.jpg" alt="traité de paix" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>A l’annonce de la capitulation le 28 octobre, à part quelques énergumènes la foule était restée calme. Metz allait ouvrir ses portes aux prussiens.<br /></p>
<p>La ville avait été tout à coup mise en émoi à 5 heures de l’après-midi par le son du tocsin de la Mutte. Toute cette rumeur était causée par plusieurs officiers de l’armée qui venaient de faire un appel aux armes. Quelques jeunes gens envahissaient la place d’armes, enfonçant la porte du clocher et montant au clocher de Mutte, qu’ils mettaient en branle pendant que d’autres hurlaient la Marseillaise.<br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9156.JPG" title="La brigade brule ses drapeaux"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9156_t.jpg" alt="La brigade brule ses drapeaux" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>Une foule de 300 jeunes gens dirigés par les officiers se portaient sur l’arsenal dont ils enfonçaient la porte et pillaient le magasin d’armes. Ils allaient ensuite sur les remparts où ils tiraient en l’air des coups de fusils et blessaient de malheureux militaires convalescents du dépôt du Pâté.<br /></p>
<p>Le tocsin avait sonné jusqu’à 8 heures du soir mais malgré l’appel fait au désordre, la population était restée calme. Un bataillon de la garde protégeait la Princerie et un bataillon de ligne gardait l’hôtel de ville. <br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9157.JPG" title="Un régiment déchire son drapeau"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9157_t.jpg" alt="Un régiment déchire son drapeau" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Après une nuit calme et malgré les exactions de la veille, les excités étaient rentrés chez eux et avaient eu la prudence de se défaire des armes qu’ils avaient prises à l’arsenal. Le matin restaient dans plusieurs rues des fusils, des sabres, dont il fallait se débarrasser à l’approche de l’ennemi. <br /></p>
<p>Les statues de Fabert et de Ney avaient été recouvertes d’immenses crêpes noirs. La foule lisait le texte de la capitulation affiché dès le matin sur les murs.<br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9154.JPG" title="Convoi de prisonniers près de Metz"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9154_t.jpg" alt="Convoi de prisonniers près de Metz" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></a>Dès 8 heures du matin les malheureux soldats affamés et épuisés, le sac sur le dos et sans arme, précédés de quelques officiers traversaient la ville. Ils étaient remis aux états-majors prussiens qui stationnaient à la hauteur du cimetière de l’est. Les officiers faisaient la remise de leurs soldats et revenaient en ville comme prisonniers de guerre.<br /></p>
<p>Un régiment de ligne qui depuis le commencement du blocus campait au marché couvert, était resté avec un bataillon de grenadiers pour assurer le maintien de l’ordre.<br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9164.JPG" title="Arrivée à Metz "><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9164_t.jpg" alt="Arrivée à Metz " style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>Les officiers des différents services s’étaient réunis à l’état-major pour assister à la remise de la porte Mazelle qui devait avoir lieu à midi. Deux régiments prussiens en éclaireurs étaient arrivés à la porte dont ils occupaient militairement les abords, pendant que le génie faisait une reconnaissance sur les remparts environnants.<br /></p>
<p>Les magasins de la ville étaient restés fermés.<br /></p>
<p><a href="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/IMGP9168.JPG" title="Entrée à Metz"><img src="http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/public/images/michele/Metz-autrefois/.IMGP9168_t.jpg" alt="Entrée à Metz" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>A 4 heures du soir les allemands avançaient musique en tête, avec un plan de la ville pour se guider. La population était calme et silencieuse, les patriotes de la veille avaient disparus.<br /></p>
<p>A l’arrivée des troupes prussiennes les soldats restés sous les armes disparaissaient aussitôt. Le bataillon de la garde se retirait sous le péristyle de l’hôtel de ville où les soldats brisaient leurs armes de douleur et de rage.<br /></p>
<p>Pendant toute la soirée il était arrivé des troupes qui s’installaient à l’hôtel de ville, au palais de justice, au théâtre, à la bibliothèque, à l’école normale et dans les maisons particulières du centre ville où ils pénétraient par groupe de 20, 30, 40 ou 50 hommes.<br /></p>
<p>Le marché aux légumes était transformé en écuries pour les chevaux de l’armée.<br /></p>
<p>Tous les officiers de l’armée française ne pouvant rester dans les camps qui avaient été levés, se trouvaient également en ville avec leur ordonnance, et se logeaient comme ils pouvaient dans les auberges et les maisons.<br /></p>
<p>Le 30 octobre les rues étaient encombrées de campagnards qui retournaient chez eux, d’étrangers et surtout d’allemands qui arrivaient, d’officiers et soldats français qui faisaient leurs préparatifs de départ. <br /></p>
<p>Les rues étaient sillonnées par des troupes prussiennes qui traversaient la ville, suivies de longs convois de voitures. Leurs troupes occupaient toutes les portes de la ville, de nombreux soldats armés stationnaient aux coins des rues. A midi 30.000 prussiens occupaient la ville.<br /></p>
<p>L’état-major allemand occupait un hôtel de Metz et annonçait aux habitants qu’il transformerait en caserne toute maison où l’on commettrait des actes d’hostilités contre l’armée. Le rassemblement de plus de 10 personnes était défendu et les fenêtres devaient être éclairées pendant la nuit en cas d’alarme.<br /></p>
<p>La place d’armes et d’autres places étaient couvertes de marchands allemands qui débitaient du beurre frais, des pommes de terre, du sel, du sucre, de la bière, de l’eau de vie et du fromage. Les boulangeries avait rouvert et vendaient à nouveau du pain blanc. Des campagnards arrivaient des environs avec des provisions, croyant qu’une famine atroce décimait la population messine.<br /></p>
<p>Le 31 octobre la voie ferrée avait été rétablie et les fils du télégraphe rattachés lui permettaient de fonctionner à nouveau. <br /></p>
<p>A la préfecture et à la police les employés étaient restés. Au chemin de fer une administration allemande dirigeait le service dans lequel se trouvaient quelques employés de l’ancienne administration.<br /></p>
<p>Le bureau de bienfaisance avait reçu de l’administration allemande des dons de viande, de farine, du sel, des pommes de terre pour les indigents.<br /></p>
<p>Le dépôt de toutes les armes avait été ordonné avant 4 heures du soir et le départ des officiers avait commencé. <br /></p>
<p>Le 1er novembre les messins étaient restés chez eux, leur maison étant occupée par des militaires. Les cimetières étaient déserts et la route conduisant au cimetière de l’est offrait un spectacle de désolation : les habitations en ruines, les forts hérissés de canons et sur les glacis les campements abandonnés où gisaient dans la boue des armes, des sabres, provenant du désarmement des soldats, des huttes en terre à moitié détruites mais aussi des cadavres de chevaux.<br /></p>
<p>Les routes défoncées et boueuses étaient sillonnées par des convois prussiens. Plus loin se trouvaient les voitures abandonnées d’un train de l’armée.<br /></p>
<p>Le Ban Saint Martin était plein de cadavre de chevaux. Certains fossés étaient remplis d’armes, de sabres, de cartouches, les soldats les ayant jetés pour les soustraire à l’ennemi.<br /></p>
<p>Le 2 novembre les officiers étant partis il ne restait plus à Metz que les blessés et les convalescents.<br /></p>
<p>Des convois de voitures ramenaient des militaires français malades. Placés dans des campements prussiens après leur reddition, ils étaient restés exposés aux intempéries et presque sans nourriture. Il en était résulté beaucoup de décès et de maladies.<br /></p>
<p>Les premiers jours de novembre la ville était occupée par les marchands allemands, les officiers et les soldats.<br /></p>
<p>La municipalité s’étant réfugiée avec ses bureaux dans les écoles, les prussiens avaient transformé l’hôtel de ville en écurie que le général leur avait fait évacuer.<br /></p>
<p>Le directeur de la police avait ordonné la fermeture des cafés à 10 heures du soir.<br /></p>
<p>Le polygone de Chambière était complètement couvert par les voitures de l’armée.<br /></p>
<p>A la fin d’octobre il y avait encore à Metz des blessés et des malades mais leur nombre avait diminué par suite de l’envoi des convalescents en Prusse.<br /></p>
<p>L’armée prussienne avait remis au bureau de bienfaisance 4.000 livres de pains et deux wagons de pommes de terre.<br /></p>
<p>La police prussienne avait pris des mesures pour évacuer les voitures qui encombraient les rues et fait nettoyer les rues et les places dont l’état de malpropreté était extrême. Il y avait également des cadavres de chevaux dans la rue du coffre millet et sur la place des maréchaux.<br /></p>
<p>A partir de mi-novembre le drapeau de la confédération flottait sur la préfecture. La porte Serpenoise et les forts étaient surmontés d’un grand étendard blanc. <br /></p>
<p>Les troupes qui occupaient Metz n’entraient pas dans les casernes en raison des malades qui y avaient séjournés. Des casernements avaient été créés au Cambout, à Saint Clément, aux Clervaux, à la maison du Bon Pasteur, à la maison de l’abbé Michaux et dans les écoles pour recevoir 7.000 hommes. <br /></p>
<p>Toutes les voitures de la ville avaient été réquisitionnées. <br /></p>
<p>A la fin du mois le génie prussien avait réclamé des entrepreneurs, des ouvriers et des fournisseurs de matériaux pour continuer la construction des forts. <br /></p>
<p>L’esplanade qui était pleine de paille pourrie avait été nettoyée et enlevées les tentes qui abritaient les blessés.<br /></p>
<p>Les marronniers du Ban saint Martin et les autres arbres avaient été débités en bois de chauffage.<br /></p>
<p>Il y avait encore 7.000 blessés français dans les ambulances. Des femmes étaient venues de Belgique et d’Angleterre avec un matériel considérable pour les soigner. Des médecins étrangers avaient accompagné des ambulances avec quantités d’approvisionnements. Une ambulance hollandaise soignait de nombreux blessés à la salle Fabert.<br /></p>
<p>Début décembre dans les casernes des militaires de passage avaient tout brisé et fait du feu avec les portes et les volets. Le théâtre avait été saccagé, les banquettes et les décors brûlés. Au palais de justice des dégradations dans les grandes salles où les belles tapisseries, les tentures, les fauteuils avaient été brûlés ou déchirés. <br /></p>
<p>La ville avait été obligée d’acheter du mobilier pour meubler la Princerie, l’école d’application et plusieurs autres bâtiments où logeaient les officiers supérieurs. <br /></p>
<p>Les écuries manquaient et les soldats avaient introduit les chevaux dans les salles de l’école israélite.<br /></p>
<p>En raison de la peste bovine l’abattoir avait été fermé et des mesures sanitaires prises. <br /></p>
<p>Des bateaux apportaient des denrées pour l’armée installée au port Chambière et transportaient en Allemagne le matériel de guerre français qui couvrait tout le polygone Chambière.<br /></p>
<p>Les écoles de Metz étant occupées par des soldats les enfants n’allaient pas en classe.<br /></p>
<p>Des baraquements avaient été construits en février 1871 devant l’ancienne gare et des cuisines installées pour la préparation des aliments à distribuer aux troupes et prisonniers de passage à Metz. D’autres baraquements installés à la gare de Devant les Ponts recevaient les approvisionnements de l’armée allemande.<br /></p>
<p>L’administration redoutant l’époque des chaleurs avait fait établir en mars par l’armée allemande, des gazonnements sur toutes les sépultures des environs de Metz. De la chaux et du chlore étaient répandus sur les corps. Le Ban Saint Martin, le polygone Chambière et autres terrains militaires avaient été mis en culture pour les assainir.<br /></p>
<p>Le 15 mars l’arrivée du roi de Prusse avait été saluée par 101 coups de canon. Il était arrivé à la gare pavoisée de drapeaux et ornée de guirlandes, mais sans entrer dans la ville. La porte Serpenoise avait été fermée pour empêcher la population d’approcher de la gare. <br /></p>
<p>Le 3 avril un important incendie causé par du pétrole, avait éclaté place du pont Sailly. <br /></p>
<p>L’administration des postes allemandes avait acheté l’hôtel de la banque de France, rue des Parmentiers, pour y installer ses services.<br /></p>
<p>Les écoles municipales et le collège saint Clément avaient rouvert en juin.<br /></p>
<p>Les touristes commençaient à affluer à Metz pour visiter les champs de bataille. Les photographes de Metz leur vendaient des vues de ces endroits. <br /></p>
<p>L’administration allemande avait rétabli des plantations sur les routes aboutissant à Metz.<br /></p>
<p>Des soldats ne voulant pas le payer, avaient blessé à coups de sabre un loueur de bateaux, tué un de ses voisins et blessés plusieurs autres personnes. Le quartier Saint Marcel où ces faits s’étaient produits avait été pendant toute la nuit en proie à une vive émotion.<br /></p>
<p>De même le garde champêtre de Longeville en service commandé, avait également été tué en franchissant un pont gardé par des prussiens.<br /></p>
<p>Le 22 juillet une explosion avait eu lieu à l’atelier militaire de la place Saint Thiébault causant la mort d’un soldat.<br /></p>
<p>Le chemin de fer n’était pas encore parfaitement réorganisé et les accidents étaient nombreux. Un déraillement avait eu lieu devant la gare de Devant les Ponts causant la mort de plusieurs prisonniers qu’on rapatriait et des blessures à un certain nombre de voyageurs.<br /></p>
<p>Le 12 août un train de voyageurs arrivant en gare avait poussé un train de marchandises à l’arrêt. Celui-ci après avoir brisé la grande verrière avait traversé le jardin en culbutant, brisant tous les obstacles sur son passage.<br /></p>
<p>Les derniers blessés français à Sainte Chrétienne étaient partis en août, à l’exception d’un jeune sous officier en voie de guérison mais qui n’était pas encore transportable. Celui-ci (blessé le 18 août 1870) avait quitté Metz dans le courant du mois d’octobre.<br /></p>
<p>Un incendie avait détruit en décembre 1871 l’imprimerie de la rue des Clercs. C’était l’un des plus anciens établissements de la cité puisque son fondateur avait été Abraham Fabert. Il avait été perdu dans ce sinistre l’ancien pouillé du diocèse qu’on réimprimait.<br />
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<p><em>Extrait de la chronique d’Henri Jeandelize</em></p>http://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/post/2008/04/19/Metz-en-1870#comment-formhttp://promenade.temporelle.free.fr/dotclear/index.php/feed/atom/comments/872